Afin de s’imprégner des conditions de vie et de traitements des personnes incarcérées, le Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS) a effectué une visite à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), le 24 juin 2008. Ci-dessous, nous vous livrons le rapport dudit mouvement in-extenso.
Le mardi 24 juin 2008, une délégation du MBEJUS composée de huit (08) personnes dont deux (02) de l’ambassade des Etats-Unis, trois (03) des médias et trois (03) du MBEJUS, conduite par Monsieur Pagomziri Alexandre OUEDRAOGO, président du MBEJUS, a effectué une visite à la MACO (Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou).
L’objet de cette visite était de s’imprégner des conditions de vie et traitements des personnes incarcérées.
De l’état des lieux, ressortent les informations et constats ci-après ;
De l’alimentation des détenus
La ration alimentaire journalière est de 600 kg pour les 1328 adultes. La dotation en vivres est essentiellement constituée de mil et de mais. Quant au détenu, il reçoit moins de 450 grammes comme repas par jour.
Des lieux de détention
Notons que la subdivision est faite en quartiers dont :
• Le quartier Adultes hommes,
Il s’agit d’un bâtiment à niveaux, en très mauvais état et représentant un danger pour les occupants. Au jour de la visite, ils étaient 1328 détenus soit plus 303% de sur population. Des cellules d’une superficie de 12m2 abritent 12 à 17 détenus. Le manque de place oblige l’occupation de tout le long des couloirs par certains détenus.
• Le quartier des femmes
On y trouve une vingtaine de détenues reparties entre deux pièces de près de 10m2. Les détenues s’attellent à l’apprentissage et au tissage de sacs à main pour femmes, pour la revente aux éventuels visiteurs.
• Le quartier Amendement,
A ce niveau, on trouve les fonctionnaires ou autres travailleurs détenus. Une soixantaine de personnes
• Le quartier des mineurs
Ils sont au nombre de 43, encadrés dans leurs occupations par un maître mineur (un détenu adulte).
Nb : les condamnés et les prévenus sont logés dans les mêmes conditions.
• La santé du détenu
Au niveau du dispensaire, la moyenne des malades est estimée entre 70 et 120 consultations par jour. Il faut noter que le dispensaire est ouvert de 10 heures à 16 heures. On remarque :
. Manque de personnel de santé qualifié.
. Absence de stock de produits pour les premiers soins.
. Maladies récurrentes (paludisme, dermatoses, toux, parasitoses, malnutrition et les autres maladies liées au manque d’hygiène)
. Inexistence de prise en charge des frais d’inhumation des détenus en cas de décès
Au sortir de cette visite, les observations suivantes ont été faites ;
une insuffisance qualitative et quantitative des repas ;
un manque général d’hygiène et un mauvais entretien du bâtiment central,
une surpopulation carcérale hors de portée ;
un manque de prise en charge sanitaire ;
Les problèmes sociaux tels les décès.
Des échanges avec les responsables de la MACO et les analyses faites permettent à la délégation de faire les recommandations suivantes :
De façon générale ;
. L’amélioration des conditions d’hygiène qui prendra en compte la désinfection quotidienne des cellules, le remplacement de tout le système de drainage des eaux usuelles, la dotation en produits d’entretien tels que le savon et autres et la dotation effective de tenue de détention,
. La surpopulation carcérale est plus que jamais inégalée. Au jour de la visite, la grande maison comme on l’appelle, construite pour recevoir 400 pensionnaires gardait 1328 soit plus 300% ; aussi, le MBEJUS propose-t-il, le renforcement du personnel de la magistrature, la mise à disposition du corps de la magistrature, des conditions de travail et des moyens modernes pour faciliter le traitement des dossiers ;
. Au regard du nombre des (prévenus) détenus en attente de jugement qui est de plus de 48% de la population carcérale, le MBEJUS invite les autorités de la justice à développer des initiatives pour un traitement diligent des dossiers en instance de jugement telles que l’organisation d’opération casier vide avant chaque vacance judiciaire.
. La sécurité des pensionnaires et du personnel de la Garde de Sécurité Pénitentiaire est inquiétante au regard du nombre d’agents en charge de la sécurité de la MACO. Soit plus de 30 détenus pour 1 GSP alors que les normes sécuritaires requièrent 3 pour 1 GSP. Le renforcement du personnel de sécurité reste une préoccupation.
. Au regard du nombre important et inquiétant de décès, le MBEJUS souhaite une allocation conséquente de fonds pour la prise en charge des frais d’inhumation des détenus en cas de décès.
. l’amélioration de la qualité du repas et l’augmentation de la ration alimentaire, Il faut signaler que la ration est d’une louchée de tô pâte de maïs ou de mil en moyenne de 450 grammes par pensionnaire et pour 24 heures.
. la dotation du dispensaire en produits de première nécessité, en matériel médical, la prise en charge des premiers soins, d’un personnel permanent qualifié et un contrôle périodique régulier de santé des détenus conformément à la DUDH et aux textes juridiques nationaux et internationaux.
Le MBEJUS lance un appel pressant aux autorités Burkinabé pour qu’une solution intermédiaire soit trouvée pour abriter les 1215 détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou, En attendant la mise en chantier d’une prison respectueuse des droits humains pour les Burkinabé.
Pour la Délégation
Monsieur Pagomziri Alexandre OUEDRAOGO,
Président du MBEJUS
