Actualités :: Voies de déviation de l’échangeur sud : Révolte nocturne à la Patte (...)

"Nous voulons du goudron", scandent en chœur des riverains de l’avenue Père Joseph-Wresinski et de la rue Bagem nini, dans le quartier Patte d’Oie à Ouagadougou, à l’orée de la zone dite "Bande de Gaza". Vieux pneus en flamme, cordons pierreux sur les voies. Une atmosphère survoltée. Tel est le spectacle auquel nous avons assisté dans la nuit du mardi 26 février 2008.

Ceux qui fréquentent les routes de Pissy auront remarqué le bitumage de certaines grandes routes et même de ruelles, notamment dans la perspective du chantier de construction de l’échangeur ouest de Ouagadougou. Des actions d’envergure dont il faut se féliciter.

Car ailleurs, tout le monde n’a pas eu cette chance. C’est le cas de l’échangeur de Ouaga 2000. Comme on le sait, les travaux ont nécessité la réfection de voies de déviation et de contournement enclavant parfois des sous-quartiers entiers que certains ont vite fait de baptiser "Bande de Gaza".

Il est vrai qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Et l’une des conséquences dans cette situation, c’est d’abord les bruits des gros camions de tout genre. Ensuite, les nuées de poussière qui rendent invivable le voisinage de ces voies de déviation.

Des riverains de l’avenue Père Joseph-Wresinski et de la rue Bagem nini au secteur 15, quartier Patte d’Oie, ont manifesté leur mécontentement de respirer à longueur de journée et de nuit la poussière. La circulation était interdite aux véhicules sur les voies de déviation ci-dessus citées, le mardi 26 février dernier vers 19 heures par des groupes de jeunes, du fait la construction de l’échangeur sud, route de Pô.

C’est avec des pneus usagers en flamme et des cordons de pierres que les manifestants ont barré ces routes. "Brûlez, brûlez", criaient-ils en attisant le feu. Alerté, le maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré, s’est rendu sur les lieux pour tenter de calmer la situation. Nous avons eu la chance de le rencontrer sur place.

Dans cette atmosphère survoltée, le bourgmestre a pu réunir un groupe de jeunes qui étaient agglutinés à lui au point même de l’étouffer. Le premier responsable de la municipalité essayait ainsi de raisonner ceux qui voulaient bien l’écouter, car, d’autres, roulant de vieux pneumatiques, ranimaient des flammes infernales.

De ce que Simon Compaoré leur a dit, on peut retenir que les voies de déviation, dont la poussière dérange les riverains, seront interdites aux gros véhicules. "Les gros porteurs ne vont plus passer ici à partir de demain (NDLR : c’était le mardi 26 février)", foi de Simon. Et d’ajouter que sur sa demande, le ministère (des Infrastructures et du Désenclavement) va interpeller l’entrepreneur pour qu’il arrose les rues tous les matins et tous les soirs.

"C’est une solution provisoire", a précisé le président du Conseil municipal. Et en bon politique, d’ajouter. "C’est le président du Faso qui a donné des instructions pour que l’étude de la route soit faite, en vue de son bitumage. Peut-être qu’ils ne le savent, mais moi, je le sais ; parce que cela fait partie du portefeuille des routes à bitumer".

Reconnaissant que les jeunes n’ont pas tort de manifester, "parce que la poussière dérange tout le monde", Simon Compaoré fera remarquer que si une délégation était venue le voir, les choses se seraient passées autrement. Il avait à peine fini de nous expliquer les solutions à envisager que des manifestants lançaient en chœur, "nous ne voulons pas d’arrosage, nous voulons du goudron".

Sur la rue Bagem nini, débutant au nord par le boulevard T. Reongo, et finissant au sud par l’avenue Père Joseph- Wresinski, c’était la même scène incandescente. Un jeune, à qui nous avons dit que nous sommes journaliste, s’empresse de nous rassurer, comme pour lever toute équivoque. "Nous ne manifestons pas contre la vie chère, mais contre la poussière".

Dépité, il martelait : "il faut qu’on trouve une solution ; la poussière va nous tuer ici. Ils préfèrent bitumer des rues à Ouaga 2000 ; pourtant il y a de hautes personnalités dans la zone, mais on ne fait rien. Nous avons adressé une lettre au maire de Bogodogo, mais rien".

Pendant qu’il nous exprimait son ras-le-bol, une adolescente vociférait, "nous voulons du goudron". Et au milieu de la rue, deux garçons, à cœur joie, dansaient avec les flammes. La révolte nocturne contre la poussière s’est poursuivie jusque tard dans la nuit, et s’est probablement estompée faute de combustible.

Agnan Kayorgo

Note : (1) Né dans une famille très pauvre, Joseph Wresinski, fondateur du mouvement ATD, Quart monde, fut le porte-parole des miséreux auxquels il a su redonner une dignité.

L’Observateur

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