Actualités :: BURKINA : La solidarité se meurt

La légendaire solidarité burkinabè s’effrite. Pas par manque de
moyens. Loin s’en faut. Seulement, la cupidité, la recherche du
gain facile et le goût du lucre ensorcellent plus que jamais un
pays à la culture de plus en plus hybride. Aujourd’hui, la
solidarité burkinabè est davantage mythe que réalité.

La société
semble incapable, à défaut de la solidarité naturelle, de mettre
en chantier cette solidarité mécanique qui a toujours fait la force
des grandes nations. Les structures d’entraide véritable
manquent cruellement. Et celles qui existent n’offrent pas
toujours les garanties nécessaires de transparence et de
probité. Les promoteurs de ces organisations sont parfois plus
enclins à s’auto-développer au lieu de venir au secours d’un
groupe défavorisé au nom duquel ils ont pu mobiliser des
ressources.

Cette pratique, qui s’apparente à une vaste
escroquerie, est légion. On ne s’embarrasse pas de détail pour
exploiter la pauvreté et la misère des plus démunis. Pourtant,
l’argent récolté auprès de généreux donateurs occidentaux est le
fruit d’une privation.

Il est effectivement très courant que des
habitants d’un village en Europe ou en Amérique se privent du
petit déjeuner pendant quelques jours pour soulager des
souffrances dans certains pays du Tiers-Monde dont le Burkina.
Mais ces ressources sont généralement détournées à d’autres
fins : villas, voitures rutilantes, vacances dorées...
Toutes ces tares freinent le décollage du Burkina.

Assurément,
si toutes les sommes récoltées au nom des damnés de ce
pays étaient utilisées à bon escient, on aurait eu moins de
misère dans le pays.

Certes, il existe encore des responsables
d’associations qui savent ce que signifie le mot honnêteté. Mais
leur nombre, déjà assez faible, ne fait que se réduire chaque
jour. Il y a un hiatus entre la prolifération des associations dit de
développement et la réalité du terrain.

Les populations, pour
lesquelles ces organismes prétendent se battre, ne voient pas
vraiment leur utilité. On construit çà et là une école ou un
dispensaire. Mais en réalité, combien d’infrastructures étaient
prévues dans le projet initial ? Sujet tabou dans le milieu.

Récemment, l’opinion publique a été choquée d’apprendre qu’à
l’hôpital Yalgado de Ouagadougou, des agents de santé ont fait
payer des patients alors que la prestation était gratuite. C’est à
la fois indécent et révoltant.

Quoiqu’il en soit, les bailleurs de
fonds ont compris la supercherie et se montrent de plus en plus
réticents à délier le cordon de la bourse. Et le plus grand
perdant de ce bal masqué reste le peuple.

L’Etat, qui aurait pu
être le catalyseur de la dynamique de solidarité, ne montre pas
toujours le bon exemple . La solidarité, c’est aussi une fiscalité
égale pour tous, un marché public transparent, une justice
sociale sans discrimination. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Un ministère en charge de la solidarité nationale existe mais
sans réel contenu.
Ce département manque cruellement de moyens au point qu’il
se substitue aux organisations de la société civile en organisant
des quêtes. Visiblement, le gouvernement a créé ce portefeuille
ministériel pour se donner bonne conscience. Sur le terrain, on
perçoit très peu son action.

Cette absence de solidarité est
d’autant plus choquante que le Burkina d’en haut s’auto-octroie
certaines libéralités alors qu’une importante frange de la
population possède à peine de quoi se nourrir. Dans ces
conditions, tout porte à croire que l’on se préoccupe peu du sort
du Burkina d’en bas. Dans un tel climat, où l’opulence la plus
insultante (généralement acquise au détriment du plus grand
nombre) et la misère la plus inimaginable se côtoient sans
jamais se rencontrer, il est difficile d’exalter le patriotisme,
ciment de tout développement.

Il est évident que l’opulence
acquise honnêtement, à la sueur du front n’est pas
condamnable, loin s’en faut. Elle est même un modèle à suivre
surtout quand elle peut profiter au prochain . Dans tous les cas,
il faut un sursaut de toute la société burkinabè pour sauver ce
qui peut l’être encore de cette solidarité qui se meurt lentement
mais sûrement.

Le Pays

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