Actualités :: Occupation illégale et dégradation des espaces verts : SOS pour nos lieux de (...)

A Ouagadougou, selon les statistiques du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, sur « un total de 781 espaces verts, 173 sont illégalement occupés ». Ce chiffre, à lui seul, témoigne du sort réservé aux lieux des loisirs et de détente, si rien n’est fait. Constat a décidé de jeter un coup d’œil dans le domaine de l’occupation illégale et la dégradation des espaces verts et des réserves administratives.

Les espaces verts et les réserves administratives de Ouagadougou sont soit dégradés soit illégalement occupés. Ils ont perdu leur lettre de noblesse en devenant soit des dépotoirs d’ordures, soit des buvettes, ou encore des lieux de débauche. Des réserves administratives et des espaces verts sont détournés à d’autres fins que celles pour lesquelles ils sont destinés. Par exemple, recevoir des infrastructures socio-éducatives ou administratives (écoles, centres de formation, de santé, des jardins publics, des parcs urbains). En lieu et place, les réserves reçoivent des maquis, des temples, des églises, des mosquées, des auberges, etc.

Il est 16 h dans l’arrondissement de Boulmiougou en ce lundi 3 avril 2006. Au secteur n° 9 non loin de l’école primaire Gounghin Nord C se trouve une réserve administrative. Une buvette y trône. A côté, des jeunes enfants et filles s’approvisionnent en eau potable à la fontaine. Trois à quatre hangars de dolo sont alignés. Quelques clients « sirotent » le dolo dans l’un des hangars. Les autres sont vides. Jean Kaboré est le vendeur de la buvette. Timide et réservé, il confie être serveur de la buvette depuis trois mois.

Le menu affiche les prix des boissons et de la nourriture. Quelques clients boivent de l’alcool frelaté communément appelé « qui m’en pousse ». Selon M. Kaboré, « la buvette marche un peu ». Par jour, il peut vendre trois casiers de bière. Quant à l’occupation de la réserve administrative, il ne le nie pas mais déclare que le propriétaire est absent. Cependant, il dit avoir le permis d’exploitation délivré, selon lui, par la mairie de Boulmiougoua. Nous demandons à le voir si possible. Il fouille dans les papiers et confie que le permis n’y est pas. « Il doit se trouver avec le propriétaire », justifie-t-il.

La plupart du temps, les permis d’exploitation notifient clairement ce pourquoi il a été délivré. Un demandeur peut solliciter une réserve administrative pour y construire une école. Après l’obtention du permis, c’est plutôt un maquis ou un bar qui y est construit. Passons sous silence les chambres de passe. Du fait que la mairie n’arrive pas à suivre, (négligence ou manque de moyens) l’utilisation des réserves administratives par ceux à qui elle a délivré le permis, « le tour est joué ». Les espaces verts n’échappent pas à la dégradation. Dans tous les cinq arrondissements de Ouagadougou, il y a des espaces verts illégalement occupés. L’arrondissement de Bogodogo se taille la part du lion avec 60 espaces verts illégalement occupés (voir tableau en encadré).

D’une réserve administrative à un espace vert

Il est 16h50 du côté Sud du lycée municipal de Sig-Noghin. Sur cet espace, des vendeurs de bois, des vendeuses de dolo, des mécaniciens, un kiosque y ont trouvé refuge. Ils s’adonnent à leurs activités. Sous un hangar, des tambours et des « lungas » sur fond de chansons traditionnelles animent les « clients ». Les calebasses font le tour et passent de main à main. la tenancière ne veut pas parler à la presse. Malgré l’insistance, elle reste motus et bouche cousue.

La nature a horreur du vide, dit-on. Mais les espaces verts et les réserves administratives sont des lieux prisés pour le petit commerce. Sayouba Kanazoé est un jeune mécanicien. Installé au côté Sud du lycée municipal de Sig-Noghin, son garage est un hangar de fortune. Quatre bois plantés sur lesquels sont disposés une paille dont la commodité fait défaut. En « simple débrouillard », il dit être là pour avoir son pain quotidien. M. Kanazoé affirme ne pas être « au parfum » des formalités administratives à remplir pour s’installer en cet endroit.

Le manque de moyens pour louer une place aux abords des marchés ou dans les marchés l’a poussé à s’installer en ce lieu. M. Kanazoé a confié avoir été déjà chassé sur une parcelle administrative en vue d’une construction d’école. Non loin de là, quelques clients boivent à des tables posées sous des eucalyptus. Le maquis se trouve, quant à lui, de l’autre côté de la voie. C’est une cour commune qui abrite le maquis avec l’ouverture du comptoir portée vers l’extérieur. Jean-Baptiste Bouda est le serveur du maquis.

Pour lui, les clients préfèrent s’asseoir à l’air libre sur l’espace vide qu’à l’intérieur de la cour. A scruter cette place on perçoit facilement l’impact des pieds sur la verdure. Une portion est sans verdure et l’autre porte de l’herbe jaunie. La différence est nette. Interrogé sur la probable possession d’un permis d’exploitation, le jeune rétorque : « seul le patron peut vous répondre ». Cependant, la nuit, l’espace vide grouille de monde, surtout le week-end. En ce lieu, il n’y a pas d’électricité, pourtant il est le plus prisé des clients. Secteur n° 23 (Tanghin) de Ouagadougou. Même scénario. Le maquis est construit en face d’une réserve administrative où se trouve une fontaine.

A la nuit tombée, le tenancier du maquis traverse la voie, dispose des tables et des chaises dans la réserve. Cet espace est délimité par des fleurs. Par moment, lorsqu’il reste de la bière dans le verre, ce sont les fleurs qui reçoivent leur dose d’alcool. Lorsqu’aussi, les clients rincent leur verre avant de servir la première rasade, ce sont les fleurs qui en pâtissent. L’occupation illégale et la dégradation des espaces verts se posent avec acuité.

Les mairies sont concernées en premier lieu car « on ne construit jamais sur un espace vert ou une réserve administrative sans l’accord de la mairie ». En rappel, un espace vert est un espace aéré dont la dimension oscille entre 500 m2 à 1 hectare. La réserve administrative équivaut à 1 à 2 hectares. Cependant, « la nature du site détermine l’espace vert ou la réserve administrative. Elle est fonction de la configuration du terrain ». Alors, est-il permis d’exploiter les espaces verts et les réserves administratives ? Quelles sont les conditions à remplir pour leur exploitation ?

Le dysfonctionnement de l’administration n’est-il pas mis à profit pour « détourner » ces espaces à d’autres fins ? Quels droits de regard ont les mairies sur leur gestion quand on sait que bon nombre de ces espaces sont cédés à des « môgos puissants » qui les exploitent à leur guise ? Que faire pour immatriculer ces espaces en vue de faire prendre conscience de leur intérêt pour l’environnement et les populations ? Bref, quelles solutions au phénomène ? Ce sont là autant de questions qui trouveront réponse dans le prochain numéro de Constat.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)

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