Actualités :: Mendicité à Ouagadougou : Témoignage d’une jeune mère de jumeaux abandonnée par (...)

Chassée par le père de ses enfants, Raïnatou Sigué a dû se livrer à la mendicité. Se voyant refuser des petits boulots en raison du bas âge de ses enfants, la jeune mère compte chaque jour sur les personnes de bonne volonté pour vivre. Elle nous raconte comment elle est passée du statut de femme au foyer à celui de mendiante.

A vu d’œil, on la confondrait aux mères de jumeaux qui mendient pour des croyances culturelles. Pourtant, c’est au regard des conditions difficiles dans lesquelles elle vit que Raïnatou Sigué s’est résignée à mendier. Sa vie a presque basculé après la naissance de ses fils. Alors qu’elle vivait à Ouahigouya chez son père, elle se marie en 2019 et part s’installer avec son époux à Sabcé, dans la province du Bam. Tout se passe bien avec ce dernier jusqu’à ce qu’elle mette au monde des jumeaux. « Quand j’ai accouché de jumeaux, il n’était pas content et il a commencé à me frapper régulièrement. Je me débrouillais pour me nourrir et m’occuper des enfants. Il m’a dit que la naissance de ces jumeaux va le tuer », a-t-elle expliqué avec peine.

Chaque jour Raïnatou Sigué sors avec ses enfants pour mendier

Suite à ce problème, elle rentre d’abord chez son père en espérant que la situation s’apaise puis rejoint son foyer en espérant que les choses changent. « Durant mon séjour chez mon père, il a épousé une autre femme veuve et mère de cinq enfants. Quand je suis revenue, il m’a encore demandé de partir puis sa femme et lui m’ont violenté ». Malgré tout, Raïnatou Sigué essaie de rester dans son foyer pour « l’honneur de sa famille », mais son mari est catégorique : elle doit partir.

Ne pouvant pas rester chez son père en raison des préjugés, sa tante (sœur de sa mère) se propose de l’héberger chez elle à Ouagadougou. Elle tente de trouver du travail comme lessiveuse ou dame de ménage mais en raison de ses deux mômes qui la suivent en permanence, les gens sont réticents. « J’avais eu du travail chez une dame à mon arrivée pour laver ses assiettes dans un restaurant, mais elle a dit que mes enfants dérangent », indique Raïnatou Sigué. Pour elle, le fait d’être illettrée est un handicap parce qu’elle n’a pas aussi appris un métier.

La jeune mère espère trouver du travail et abandonner la mendicité quand ses enfants ne seront plus attachés à elle

Donc, chaque matin, elle met un des enfants au dos et tient l’autre à l’avant pour parcourir les rues. Selon elle, mendier lui permet de gagner entre 800 et 1 000 francs CFA par jour pour manger. « Je suis dans une famille d’accueil, mais elle aussi ne s’en sort pas. Le mari de ma tante est vieux et n’a pas de revenu. Souvent, c’est avec ce que je gagne que nous mangeons tous ici ».

Sa tante, dame Sawadogo qui l’héberge actuellement, est celle qui l’a aidé à venir à Ouagadougou. Elle affirme ne pas comprendre les raisons qu’avance le mari de sa nièce et pense qu’il cherche des poux sur un crâne rasé. « Il savait très bien que dans la famille de Raïnatou, il y a beaucoup de naissance de jumeaux », lance la tante.

Dame Sawadogo, la tante de Raïnatou Sigué l’a herbegé chez elle

Ses enfants âgés d’un peu plus de deux ans se sont habitués à tendre la main aux passants sur la route. Leur mère dit ne pas en être fière mais n’aurait pas de meilleure alternative pour le moment. « Quand, ils vont se détacher de moi je vais chercher un travail parce que ce n’est pas facile de tourner sous le soleil tous les jours », nous confie-t-elle demandant à des personnes de bonne volonté de l’aider à trouver une activité.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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