Actualités :: Administration publique au Burkina : La caverne des « intouchables (...)

Ah ! Les intouchables. Il ne s’agit pas de Driss, cet ex-taulard d’origine sénégalaise qui a passé six mois de prison pour braquage de bijouterie, et qui est devenu plus tard auxiliaire de vie et ami de Philippe, riche tétraplégique. Non, nous ne sommes pas au cinéma. Les intouchables, ici, ce sont ces hommes et femmes de l’administration publique, repus, qui toute honte bue, se mêlent de tout et de rien. Sans être inquiétés.

Les hommes forts, ce sont eux ! Fiers de se pavaner comme des paons, ils font la pluie et le beau temps. Ces intouchables devant l’Eternel sont, pour la plupart, des fanfarons qui passent leurs journées à faire le faraud. Ce sont des « doyens » qui croient avoir la science infuse, qu’il ne faut pas prendre le risque de contredire, au risque de s’attirer les foudres de leurs fan-clubs.

De véritables demi-dieux, les intouchables ont côtoyé autant de chefs de service, de directeurs et de ministres qu’il n’y a d’arachides dans la poche d’un Bissa de Beguedo. Ce sont de véritables « boîtes noires » qui enregistrent tout, détiennent les dossiers de tout le monde, du planton au ministre. Incontournables, leur devise est « Je suis un rond-point. Tôt ou tard, tu viendras me trouver. ». Crains parfois de leurs chefs, vu leur ancienneté, il vaut mieux les avoir avec soi.

Inutile de vous faire un dessin sur cette catégorie d’individus prêts à médire sur leurs collègues pour espérer quelque respect ou galon de la part de leur chef hiérarchique. On les retrouve à tous les étages de la vie professionnelle. Chauffeurs, agents de liaison, agents comptables et des ressources humaines, communicateurs, etc. Bref !

Les vieilles habitudes ont la peau dure, dit-on. Eh bien ! En bon caméléon, ils s’adaptent suivant les changements qui interviennent à la tête de leur service, ministère ou du pays. Comme le disent si bien les Ivoiriens, ils sèchent leurs vêtements là où le soleil brille. Difficile de rivaliser avec eux dans l’art de butiner. Ils servent d’indics auprès de leurs chefs lorsque ceux-ci organisent leur battue aux allures de règlement de compte.

Dans un Burkina qui cherche ses marques et qui veut aller vite, les nouvelles autorités doivent éviter le piège des intouchables. Personne ne l’est et ne doit l’être en vertu d’un quelconque statut ou d’un service rendu dans une vie antérieure. Il n’y a pas de dette à payer qui vaille. Tous ces « personnages » constituent de véritables boulets. Ils ralentissent la marche de l’administration dont la lenteur est déjà décriée par les usagers.

Dans les tiroirs de leurs bureaux, sommeillent des piles de dossiers envahis par la poussière. Surtout ne leur demandez pas si les dossiers avancent. Ils vous répondront d’un ton sec « Je suis dessus ». Au sens propre, cela signifie que le traitement du dossier avance. Mais au sens figuré, cela veut simplement dire qu’ils sont « assis » sur le dossier. Autant dire que vous allez poiroter. L’administration publique est devenue le café-cacao de certains individus qui accordent le respect à la tête du client.

Le malheur des Burkinabè vient des Burkinabè eux-mêmes. La promotion de la médiocrité longtemps érigée en « norme » ne nous grandit pas. Il faut un coup de balai dans la grande maison « Burkina » sans tomber dans le piège d´une chasse aux sorcières aux relents régionalistes et claniques. La lutte contre l’insécurité ne doit pas nous faire perdre de vue qu’une administration grippée, avec des hommes et femmes à la moralité douteuse, nourrit le sentiment d’injustice et d’inégalités. Ne soyons pas nos propres bourreaux.

FB
Crédit-photo : https://www.skipprichard.com/

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