La violence faite aux enfants est loin d’être jugulée en dépit des campagnes et autres actions de sensibilisation. Une fillette de 7 ans environ, vient de subir la colère de sa mère au secteur 20 (Lafiabougou) de Bobo-Dioulasso. Adeline (c’est son prénom), nous l’avons vue, défigurée et méconnaissable.
Quand nous sommes arrivés à l’Action sociale, on nous a fait savoir qu’elle était au commissariat de Konsa. Mais là-bas, nous ne l’avons pas trouvée car on l’avait déjà conduite à l’hôpital. C’est donc au service de radiologie du Centre hospitalier Sourô Sanou (CHUSS) que nous avons vu la petite Adeline. Entourée d’agents de l’Action sociale, elle était en train de manger du pain (le seul repas auquel elle aurait eu droit depuis près de 24 heures) avec beaucoup de peine. Il est difficile de la regarder tant elle est défigurée.
Son œil gauche est poché, la lèvre inférieure enflée, la tête elle-même déformée. Quant au corps, il est parsemé de blessures. Le bras droit est hors d’usage, enflé au niveau de la main. Toutes ces marques de cruauté, Adeline les doit à la furia de sa mère qui l’a copieusement battue dans la nuit du 20 novembre 2005.
Ce n’est que le lendemain qu’un sapeur - pompier, excédé comme les autres voisins (même si ces derniers ont préféré se taire) des supplices infligés à la fillette se décide à appeler l’Action sociale autour de 9 h 30 le 21 novembre dernier.
Des agents de ce service se déportent sur les lieux du forfait : « nous l’avons trouvée couchée à même le sol en train de gémir », raconte un des agents. Mais visiblement, sa maman n’en avait cure, plutôt occupée à faire la cuisine.
La visite inopinée de l’Action sociale la déstabilise. Elle argue que la petite Adeline a volé sans pourtant pouvoir dire ce qu’elle a dérobé.
Actuellement, cette femme est sous bonne garde au commissariat de l’arrondissement de Konsa qui a ouvert une enquête sur l’affaire. Maintenant qu’elle est aux mains de la police, les langues se délient. C’est ainsi qu’on apprend que la maman d’Adeline ne serait pas à son « coup d’essai ».
La petite essuyait régulièrement coups et bastonnades. Ses pleurs et appels au secours n’avaient jusque-là, pas trouvé d’écho favorable auprès des voisins qui n’ont pas eu le courage de dénoncer cette mère « sans cœur ». Que se serait-il passé si le sapeur-pompier n’avait pas alerté l’action sociale ? Le silence coupable des voisins n’est-il pas assimilable à une « non assistance à personne en danger ? ». Pire, n’est-ce pas de la lâcheté ?
Qu’ils sachent qu’ils sont aussi condamnables que cette mère indigne car s’ils avaient réagi depuis le début, peut-être que ce qui est arrivé à l’enfant ne l’aurait pas été.
En tout cas, l’Action sociale vient de la sortir des « griffes » de sa tortionnaire. Ce service compte la confier à d’autres membres de sa famille qui, espérons-le, prendront bien soin d’elle.
Urbain KABORE
Sidwaya
