ActualitésDOSSIERS :: Région de l’Est : Une autre « sahélisation » en perspective ?

Un transfert de la violence du Sahel à l’Est. Depuis quelques temps, le septentrion burkinabè, longtemps sous le feu des « individus armés non-identifiés », se fait oublier dans l’actualité quotidienne. Pas que la zone est désormais débarrassée de tous ses vampires, mais plutôt parce qu’une autre région a pris le relais des épisodes sanglants. La région de l’Est semble s’enliser de jour en jour. Les actions fortes se font attendre. Quand viendront-elles ? Si pour aller chercher les blessés, il faut solliciter l’hélicoptère d’un autre pays, il y a de quoi se poser des questions sur la volonté des autorités de troquer leurs costards pour des tenues de combat. Les discours sur la « terrorisation » des terroristes ne prospèrent pas. Il faut se révolter, pour la survie. Pour l’intégrité du territoire.

Trop de décorés à titre posthume. Trop de sonneries aux morts. Malheureusement les communiqués faisant état de perte d’éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) sont entrés dans la banalité. C’est devenu le quotidien des Burkinabè qui en viennent à se poser même des questions quand une semaine passe « tranquillement » sans qu’ils n’entendent une triste nouvelle sur le front de la lutte contre le terrorisme.

Il faut le dire, le pourrissement de la situation sécuritaire dans les pays de Sahel est en train de se singulariser. Ces derniers temps, le Burkina tient le drapeau des décomptes macabres.

La région de l’Est est tombée de façon fulgurante dans le giron des forces du mal. Mais en réalité, il y eut des prémices qui ne datent pas de 2018. Par manque d’anticipation (peut-être), les bourgeons du mal ont poussé, grandi, ils règnent maintenant en maître absolu, endeuillent le pays.

Des attaques non-revendiquées

Sauf erreur ou omission, aucune attaque n’a encore été revendiquée. C’est l’une des particularités des épisodes répétitifs vers le soleil levant du Burkina. Le terrorisme est une guerre asymétrique, certes, mais la situation actuelle est un flou total pour les FDS. Non seulement elles ne voient pas venir l’ennemi ; mais derrière, elles ne savent pas pour quel groupe elles se battent, pour quels objectifs, pour quels idéaux ? Passé ce temps où chaque attaque était suivie d’une revendication.

Dans ce brouillard et dans cet environnement boisé, le harcèlement a pris une autre tournure avec la pose des engins explosifs improvisés. L’ennemi change de méthodes, mais les braves FDS sont restées avec les mêmes instruments : une kalachnikov au poing, juchées sur des pick-up ou des véhicules non-blindés qui se froissent telles des boîtes de sardines sur le feu embusqué.

Le commun des Burkinabè, dans son ignorance des techniques de guerre, se pose des questions loin d’être idiotes. Comment nos hommes peuvent-ils encore parcourir, en véhicule, plus de 150 km pour aller renforcer un poste attaqué, pis, sur des routes non-sûres ? Une mission-suicide ? Des véhicules blindés, des appareils volants… ce qu’il faut pour les « boys » au front ; est-ce plus cher que la vie de ces jeunes combattants qui tombent les uns après les autres ?

Quels appareils pour voler ?

Dans la matinée du 5 septembre 2018, lors d’une patrouille de contrôle sur l’axe Fada-Pama, un véhicule des FDS a sauté sur un explosif. Le bilan de cette attaque a été de deux militaires décédés et de six blessés. Pour l’évacuation des blessés, c’est un hélicoptère de l’armée française qui a décollé de Kamboincé. Deux autres ULM Tetras burkinabè, ne pouvant transporter qu’une personne en plus du pilote, sont également partis de la base aérienne.
Cela traduit, une fois de plus, l’impérieuse nécessité de doter les FDS de moyens conséquents pour être en sécurité, afin d’envisager accomplir leur mission. Il faut, certes, la mise en commun des forces pour venir à bout de l’hydre terroriste, mais il faut prendre garde à ne pas brader sa souveraineté.

Si l’on ne peut doter conséquemment les boys, et si l’on n’est pas en mesure d’aller les chercher une fois blessés pour qu’ils reçoivent des soins, l’on est en droit de se demander quel rôle joue l’État dans ce film d’horreur. Attentisme et assistanat ? Les messages d’encouragement à l’endroit des hommes qui veillent sur le Burkina au péril de leur vie sont beaux.

Mais ils ne suffisent pas, ils n’ont jamais suffi. Il faut y ajouter un amour profond pour ces jeunes Burkinabè plein de rêves, dont la vie est tout aussi sacrée. Il faut agir ; la sécurité n’a pas de prix. Les actions desquelles découlent les résultats se font attendre. Ce n’est pas bon pour le moral.

Le président du Faso, chef suprême des armées, Roch Kaboré, qui vient de rentrer d’un séjour d’une semaine en Chine, présidera demain 8 septembre 2018, un conseil supérieur de la défense. Avec ses hommes, va-t-il enfin entrer dans la plénitude de ses fonctions de chef suprême de la Grande muette ?

Lefaso.net

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