Actualités :: PAFER : De centaines d’étudiants arnaqués

Le Programme d’Appui à la Formation, l’Emploi des jeunes et la Recherche sur le développement durable en Afrique (PAFER) initié en 2008 a fait rêver plusieurs étudiants des universités publiques et privées du Burkina Faso. Un millier d’entre eux ont souscrit à ce programme à hauteur de 30 000 ou 70 000 F CFA dans le but de pouvoir financer leurs études. Mais finalement, le rêve s’est transformé en un cauchemar car le projet s’est planté ou du moins les étudiants ont été trompés et roulés dans une farine.

Le PAFER est un programme du Centre d’Appui à la Formation et au développement Durable en Afrique (CAFOD). Le CAFOD se définit comme une Organisation non gouvernementale d’origine burkinabé créée en août 2007 et reconnue officiellement en décembre 2007 sous le récépissé n°2007 908/MATD/SG/DGLPAP/DOASO. Le PAFER a été le projet principal du CAFOD dès sa naissance. Il s’agissait fondamentalement de permettre à des étudiants africains, à l’intérieur et à l’extérieur du continent, d’améliorer leurs conditions d’études.

Le CAFOD à travers le PAFER va susciter un engouement fou et un espoir chez les étudiants et certains acteurs non moindres de l’éducation et de la formation estudiantine. Outre le ministère de l’Administration territoriale qui a accordé un récépissé au CAFOD, on retrouve le ministère des Enseignements secondaires, supérieurs et de la recherche scientifique, des universités publiques et privées du Burkina Faso entre autres. Sur le plan institutionnel, le PAFER était donc lancé.

Lors d’une sortie de l’équipe du CAFOD, le 23 décembre 2008 à Bobo Dioulasso, Panka Nazaire Kini, directeur de l’Institut Supérieur de l’Informatique et de Gestion de Bobo Dioulasso, disait entre autres : « nous avons quasiment confiance au CAFOD. Nous pensons que si cette organisation privée n’était pas fiable, le Ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation ne lui aurait pas délivré un récépissé légal d’existence…Du reste, en tant que Chef d’établissement au niveau régional à Bobo, nous souhaitons que l’initiative (PAFER,ndlr) qui vient d’être présentée à nos étudiants se concrétise dans les faits » (cf Bulletin trimestriel du CAFOD N°001).

Le système du PAFER

Le PAFER, selon ses concepteurs, fonctionnait sur la base de la solidarité et une liberté d’adhésion. Pour avoir accès au PAFER, les étudiants devaient passer par quatre étapes : 1ère étape : l’étudiant acquiert un titre de parrainage auprès d’un autre étudiant déjà adhérent au prix de 30 000F CFA. 2ème étape : il souscrit à un Fonds de solidarité à hauteur de 70 000F CFA pour les bourses d’études, 40 000F CFA pour les bourses de stage et 120 000F CFA pour les capitaux de départ. 3ème étape : l’étudiant reçoit trois (03) titres de parrainage qu’il est tenu de céder en l’espace de 45 jours à d’autres étudiants au prix de 30 000F CFA/titre. Cette somme est directement déposée dans son compte personnel. 4ème étape : le fonds se charge de lui verser une bourse d’étude, de stage ou un capital de départ au bout d’un certain temps à compter de la date de souscription.

Concrètement, en six mois, l’étudiant qui souscrit bénéficie d’une bourse d’études donnant droit à une allocation de 300 000F CFA/mois pendant 24 mois. En neuf mois et pour les bourses de stage, le postulant gagne un ordinateur portable, une bourse de stage de 50 000F CFA par mois pendant six mois maximum et une place de stage dans une structure d’accueil. La dernière catégorie est constituée du capital départ. En dix mois le postulant bénéficie d’un financement d’un projet à hauteur de 60%, versé au promoteur en trois tranches après les dix mois, selon une périodicité convenue avec le promoteur.

La ruée des étudiants

Selon les statistiques du CAFOD, datant de 2009, le PAFER aurait permis d’améliorer les conditions d’études de 250 étudiants qui auraient bénéficiés entre 100 000 et 300 000 F CFA/mois. En fin 2008, au moins 1000 étudiants participaient à la chaine de solidarité. En décembre 2007, le nombre d’inscrit au PAFER était de deux (2) personnes. En novembre 2008, le nombre a atteint 814. En mai 2008, deux personnes touchaient déjà leur bourse. En novembre 2008, ces personnes étaient au nombre de 129.

Le désenchantement

La Bourse du CAFOD a sans doute profité un tant soit peu à certains étudiants, mais elle a laissé beaucoup d’autres dans le regret. L’une de nos interlocutrices, Ouédraogo Korotimi était à l’époque étudiante en deuxième année de gestion commerciale et marketing à l’ISIG. Informée par une de ses camarades de classe déjà dans le circuit, elle n’a pas hésité à investir 100 000 francs CFA pour bénéficier de la bourse. Elle dit avoir pris le risque avec ses économies de la bourse dont elle bénéficiait. Cependant, sur les deux ans prévus elle n’a bénéficié de la bourse que pendant six mois, soit d’octobre 2008 à avril 2009 avec un saut du mois de décembre. Au bout des six mois, le virement de l’argent dans son compte bancaire ouvert à cet effet, a cessé d’être effectué. Son amie qui l’avait mise dans le circuit aussi ne reçoit plus rien. Renseignées par téléphone auprès du CAFOD, on leur dit de patienter.

La justification du CAFOD était que les dossiers qui leur sont transmis étaient nombreux et qu’ils devaient procéder d’abord au 1er virement pour les derniers inscrits avant de poursuivre avec les anciens. C’est ainsi qu’après quelques mois, le numéro de téléphone n’était plus activé et le siège qui était à Wemtenga ne s’y trouvait plus. Comme elle, nombreux sont ceux qui ont bénéficié de la bourse pendant ces six mois. L’ONG CAFOD reste introuvable. Le 50 46 86 24 ou le 78 09 80 03 restent hors connexion. Le site www.cafod-bf.org ne fonctionne pas. Des centaines d’étudiants ont versé beaucoup d’argent pour finalement tout perdre ou ne rien gagner.

A la question de savoir qu’est devenu le CAFOD, nul ne nous l’a dit avec certitude. S’il y a quelques uns qui pensent que les premiers responsables ont détourné l’argent vers d’autres fins et que la directrice est d’ailleurs en prison, d’autres disent qu’il y a eu une rupture du financement sous prétexte que les étudiants qui devaient en faire usage pour améliorer leurs conditions de travail l’ont utilisé pour des futilités qui n’ont rien à voir avec leurs études. Les centaines d’étudiants désabusés par le PAFER ont déposé une plainte contre les responsables du CAFOD. Après enquête, la Gendarmerie de Paspanga de Ouagadougou a transmis le dossier à la justice. Référence du dossier : PV arrestation numéro 080 du 04-06-2010 brigade territorial déféré le 01-07-2010. Aux dernières nouvelles, Hortense Damiba coordonnatrice du CAFOD serait en liberté car, dit-on, le dossier était vide. Autrement dit, il n’y avait aucune raison de poursuivre la responsable du FACOD.

Aujourd’hui plus que jamais, les étudiants en veulent au CAFOD qui à leurs yeux n’a pas respecté ses engagements. « Je leur en veux parce que c’est eux qui n’ont pas respecté leur engagement et l’étudiant n’a pas un moyen de pression sur eux, lance mademoiselle Ouédraogo. Si tous semblent aujourd’hui se résigner, ils ne semblent pas comprendre que de grandes personnalités et des institutions de l’Etat se soient retrouvées parrain ou partenaires d’une telle initiative risquée.

Le PAFER était-il viable ?

Tel que conçu le PAFER ressemble à un marketing réseau où la rémunération est pyramidale. Il ne vent aucun produit et donc la rétribution part de la contribution des membres du réseau. Il répond aux principes de la vente multi niveaux qui est une structure du réseau de vente dans laquelle les revendeurs peuvent parrainer de nouveaux vendeurs, et être alors en partie rémunérés par une commission sur les ventes des recrues. Les adhérents au PAFER avaient deux craintes principales : la viabilité du projet et le mécanisme de suivi. Sur la viabilité, il était clair au départ que le projet allait se gripper à un moment donné.

Il est vrai qu’avec 1000 étudiants à 70 000 F CFA/chacun, le CAFOD pourrait se retrouver avec 70 000 000 F CFA. Une vraie manne financière. Mais les contributions n’étaient pas garanties dans le temps. En outre, octroyer une bourse de 300 000 C FCFA/mois à des centaines d’étudiants sans prendre des précautions n’était qu’un pari risqué. Les responsables du CAFOD savaient le chaos vers lequel se dirigeait leur projet mais le mal avait été déjà fait. Ils sont de ce fait responsables de la perte de milliers de F CFA de la part des étudiants souscripteurs. Il en est de même pour certaines institutions comme le ministère des Enseignements secondaires et supérieurs car, l’engouement des étudiants a été dicté par son implication. Le ministre Joseph Paré, en son temps, avait recommandé que le programme soit présenté à l’échelle des structures universitaires.

Les étudiants, eux, ont vu là une occasion certes d’améliorer leurs conditions d’études, mais surtout de se faire quelque part des sous. L’un dans l’autre, il faudrait que l’affaire du PAFER soit tiré au clair car il semble que la légalisation du vol soit devenue un fait. Si, peut-être, le CAFOD n’avait pas l’intention de voler ou de tromper ses clients, il l’a fait par nativité et par excès de gèle sans précaution aucune, disons à la Madoff !!!

Par Michel Nana

Par Bendré

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