Actualités :: 1er Mai 2024 : La Section de France du MBDHP invite les autorités au respect (...)

Ceci est une déclaration du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), section de France, relative à la commémoration du 1er Mai : Journée des travailleurs. Après analyse des conditions des travailleurs au Burkina Faso, la Section de France du MBDHP dit affirmer « son entière solidarité à l’ensemble des travailleurs, qui se mobilisent dans l’adversité et luttent pour préserver, élargir et renforcer leur droit de s’organiser en toute indépendance, pour défendre leurs libertés d’expression et d’opinion, y compris sur les questions intéressant la vie de la Nation dont ils sont des acteurs à part entière et pour créer des conditions meilleures de vie et de travail ». Elle formule également des doléances, à cette même occasion.

Lefaso.net

MOUVEMENT BURKINABÈ DES DROITS DE L’HOMME-ET DES PEUPLES -(M.B.D.H.P.)
Membre de la FIDH Membre de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme
Membre observateur auprès de la Commission Affilié à la Commission Internationale des Juristes
Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (Genève)

MBDHP - SECTION de France

DECLARATION de la Section de France du MBDHP

Avec les travailleurs, commémorons le 1er Mai 2024

Le 27 mars dernier, plusieurs organisations de la société civile du Burkina Faso publiaient une déclaration sur la situation nationale, préoccupante. Face aux attaques terroristes contre lesquelles sont mobilisés des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), les tenants du pouvoir peinent à faire reculer l’ennemi, à libérer des pans entiers du territoire et à réinstaller ceux de nos compatriotes qui ont fui leurs localités.

Cet enlisement ne va pas sans l’accentuation des mesures délétères à la cohésion sociale par des arrestations, séquestrations arbitraires, des menaces permanentes de groupuscules (hier les « Wayiyans » et aujourd’hui les « Gilets rouges ») qui, de manière impunie, instillent la haine, alimentent la division sociale entre « patriotes et apatrides ». La surenchère envers les partis politiques, la suspension de leurs activités, l’interdiction de fait des Organisations de la Société Civile (OSC) non inféodées aux pouvoir du MPSR2, sont autant de mesures autoritaires qui remettent en cause de nombreux acquis des travailleurs de notre pays et du peuple. Une remise en cause justifiée de manière paradoxale par le pouvoir puisque la nécessaire unité pour lutter contre le terrorisme est de fait battue en brèche.

C’est avec tous ces signaux négatifs que la Section de France du MBDHP, en solidarité avec les travailleurs, tous secteurs et catégories confondus, comme toutes les masses laborieuses burkinabè aux prises avec les djihadistes, commémore cette journée de revendications exigeant l’amélioration des conditions de vie et de travail. En effet, les travailleurs burkinabè s’inscrivent consciemment dans la longue tradition de la lutte engagée en 1884 qui marqua un tournant historique pour les droits des travailleurs du monde entier.

Le MBDHP, partie intégrante de la dynamique de défense des droits humains est impliqué dans tous les combats dès lors qu’il est question des droits humains. Nous sommes alors parfaitement concernés par une telle célébration, en raison des contextes où les droits des travailleurs sont niés et bafoués.

En effet, sur plan international et notamment en France, les effets conjugués de la crise du système économique néolibéral mondialisé sont, entre autres, la dégradation continue des conditions de vie et de travail des masses laborieuses françaises.

Nous assistons à une remise en cause quasi systématique d’acquis démocratiques, dont l’un des plus emblématiques, fut l’imposition à coup du 49.3, du départ à la retraite des travailleurs, rallongé de 62 à 64 ans. A cela s’ajoutent, derrière les écrans, les pages médiatiques, lieux de travail, les discriminations multiformes, les traitements dégradants, les nouvelles formes d’exploitation moderne de la force de travail, etc.

Autant de signaux négatifs sur les droits des travailleurs, de la jeunesse constatées ici en France, comme au Burkina. Au sombre tableau du bafouement des droits par le pouvoir en France, la récente adoption de la loi anti-immigration (en dépit de passages censurés par le Conseil Constitutionnel) vient fragiliser davantage la situation administrative et sociale des étrangers, particulièrement les migrants subsahariens parmi lesquels de nombreux Burkinabé.

Depuis l’avènement du MPSR1 et singulièrement depuis le MPSR2, la fronde lancée contre le Mouvement syndical est sans commune mesure dans notre histoire nationale.

Contrairement à un Etat de droit respectueux des libertés fondamentales, individuelles et collectives, aujourd’hui les libertés d’association, d’opinion, d’expression sont l’objet de restriction ou purement et simplement de suppression, selon le bon vouloir des gouvernants du moment. Dans le Burkina de la Transition sous le capitaine Ibrahim TRAORE, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Le milieu syndical, pôle de contre-pouvoir indispensable dans tout Etat de droit, n’est plus un partenaire du dialogue social pour permettre de veiller, selon le droit, à l’amélioration des conditions de vie de travail sans exclusive des travailleurs. Il est devenu la bête à abattre, au point que le Secrétaire Général de la Confédération Générale du Travail-du Burkina (CGT-B) est l’objet de tentatives d’enlèvement et d’une récente mesure arbitraire de licenciement, prise en conseil des ministres.

Cette politique antisyndicale se nourrit de toutes sortes de mesures consistant en une remise en cause des acquis sociaux des travailleurs, ces derniers étant désormais présentés comme bénéficiaires d’avantages indus dont on pourrait allégrement les priver par des dispositions aussi arbitraires qu’autoritaires et totalement impopulaires et anti-sociales.

Présentés ainsi comme des privilégiés, ils sont en passe de devenir des ennemis du peuple, autre stéréotype contribuant à l’aggravation du déficit de cohésion sociale. Enfin, ils sont jetés en pâture en étant présentés comme des soutiens locaux de l’impérialisme.

On ne peut trouver meilleure procédure pour une politique anti-travailleurs, puisque dans le même temps, au nom de la lutte contre le terrorisme, on leur exige un effort de guerre et la mise sous le boisseau de toute velléité de revendication. La lutte contre le terrorisme n’est en rien exclusive de celle devant contribuer à améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs du Burkina Faso. Vouloir les dissocier, c’est refuser d’intégrer la lutte des travailleurs à celle contre le terrorisme, comme une lutte à multiples facettes renforçant le rôle de l’Etat et le respect de l’Etat de droit.

En ce 1er Mai 2024, nombreux sont aussi les travailleurs des campagnes dont le droit de demeurer sur leurs territoires pour y mener les activités utiles à leur préservation est quotidiennement remis en cause, Leurs droits sont mis à rude épreuve, quand ils ne sont pas purement et simplement bafoués, niés, par l’imposition de la présence de groupes djihadistes ou leur errance à travers le pays. L’absence de sécurité dans les zones sous occupation a pour conséquence l’impossibilité pour les populations de travailler pour subvenir à leurs besoins.

Il s’agit là d’une atteinte au droit du travail, une préoccupation majeure, pour ces très nombreuses populations et pour tout militant des droits humains, pour tout démocrate, progressiste. A terme, ce qui est en jeu, c’est le droit à la vie que ne semble plus pouvoir garantir notre Constitution ni le régime du MPRS2. Jamais, dans notre histoire nationale, le monde des travailleurs, des villes comme des campagnes, n’a été autant confronté à la remise en cause de ses droits.

Les travailleurs, toutes catégories et tous secteurs confondus de notre pays ont toujours fait preuve d’esprit de suite dans leurs revendications, consenti des sacrifices pour préserver l’essentiel quand cela a été nécessaire. On ne saurait, sauf par méconnaissance de l’histoire syndicale du Burkina Faso, leur reprocher un manque de patriotisme.

Leurs luttes nous ont enseigné sur la nécessité de s’affranchir de toute tutelle qui viendrait fléchir la combativité des travailleurs, sans oublier de fonder leurs initiatives sur le socle de l’Etat de droit.

C’est pour cette raison que ces luttes font partie intégrante du renforcement du processus démocratique dans notre pays. En effet, les leviers d’un Etat de droit se consolident avec toutes les luttes d’émancipation, d’accès au droit et à la jouissance des droits de chaque citoyen. Contrairement à toutes les apparences, sans respect de ces droits divers, la lutte contre le terrorisme demeurera toujours infructueuse.

C’est pourquoi, en ce 1er Mai 2024, la Section de France du MBDHP affirme son entière solidarité à l’ensemble des travailleurs de notre pays, qui se mobilise dans l’adversité et lutte pour préserver, élargir et renforcer leur droit de s’organiser en toute indépendance, pour défendre leur liberté d’expression et d’opinion, y compris sur les questions intéressant la vie de la nation dont ils sont des acteurs à part entière et pour créer des conditions meilleures de vie et de travail. L’ensemble des militants, sympathisants et amis de notre Section sont solidaires des luttes ici en France et au Burkina des travailleurs et des masses populaires, privés ou brimés dans leurs droits relatifs au travail.

Notre conviction est faite. En tant que défenseurs des droits humains aucune parcelle du territoire national ne peut être reconquise, aucune vie ne saura être sauvée, aucun droit ne saurait être respecté, sauvegardé et renforcé si les droits de chaque citoyen, dont ceux des travailleurs, ne sont pas garantis par notre Constitution.

Porter atteinte à l’Etat de droit, c’est remettre en cause ce qui constitue le socle d’une nation responsable, dont les fils et filles peuvent se revendiquer des mêmes droits pour affronter l’ennemi commun parce que ce sera leur devoir commun.

Aussi, notre Section rend hommage à tous les travailleurs qui maintiennent le flambeau de l’engagement dans la lutte syndicale pour que vivent dans de meilleures conditions l’ensemble des travailleurs.

Notre Section rend hommage à ces hommes et femmes anonymes dont les multiples initiatives dans ces moments de crise profonde de notre pays contribuent à maintenir un tant soit peu certains équilibres sociaux.

Elle invite toutes les forces vives de notre nation à plus d’unité d’action populaire pour faire du respect du droit de chacun, notamment le droit à un travail décent, le droit à la vie, les socles sacrés et imprescriptibles pour le renforcement de la démocratie au Burkina Faso.

Elle invite le pouvoir du MPSR2 au respect des droits des travailleurs et de celui de tout citoyen burkinabè, et ce dans tous les domaines garantis par la Constitution.
Elle invite le pouvoir du MPSR2 à mettre fin aux mesures impopulaires et arbitraires portant atteintes aux droits des travailleurs, des hommes politiques et de tout leader d’opinion.
Vive la commémoration de la journée internationale de lutte des travailleurs !

Vive l’unité d’action populaire entre toutes les couches laborieuses de notre pays !
Pain, paix et liberté !
La Section de France du MBDHP
Paris, le 30 Avril 2024

Université Joseph-Ki-Zerbo : Le club de sociologie (...)
Tradition et sécurité : "Si on permet à chaque chef (...)
Burkina : Du matériel medico-technique et des véhicules (...)
Burkina/Projet de déploiement du Solaire à large échelle (...)
Burkina/ Lutte contre le paludisme : Les journalistes (...)
Célébration du 15-mai 2024 : Le palais de Sa Majesté le (...)
Burkina / Journée des coutumes et traditions : « (...)
Burkina / Journée des traditions : « Ce n’est pas (...)
Burkina/Journée des coutumes et traditions : « La femme (...)
Les variantes populaires du blackjack disponibles en (...)
Journée Internationale des Familles (JIF) 2024 : (...)
Burkina/Institution du 15 mai : « Si l’Afrique ne décide (...)
Burkina/Recherche : L’Institut des sciences des sociétés (...)
Burkina : La quatrième légion de la gendarmerie s’engage (...)
Burkina/Santé oculaire : La phase 2 de « KENEYELI » (...)
Burkina/Santé : Un projet d’approche de gestion de la (...)
Journée des traditions : Le mouvement SENS appelle le (...)
Burkina / Education : Un Café littéraire pour stimuler le (...)
Burkina/Journée du 15-mai : « La culture est au-dessus de (...)
Burkina : Enlevé depuis cinq mois, l’expert en sécurité (...)
Bastonnade d’enseignants par des masques à Konan dans la (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36666


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés