Actualités :: Gestion des véhicules de l’Etat : Les sanctions commencent à tomber

El hadj colonel Tibo Ouédraogo est aujourd’hui directeur général du Patrimoine de l’Etat, après s’être fait la main en occupant le poste de premier responsable du Parc automobile de l’Etat. Bonne école, peut-on dire, pour apprendre à gérer tous les biens meubles et immeubles d’un pays. Depuis le tout- nouveau décret portant réglementation de l’utilisation des véhicules de l’État et de ses démembrements, tout ne sera plus fait comme avant. Du reste, les usagers de nos routes auront déjà constaté les contrôles effectués par les services de sécurité sur les véhicules portant la fameuse plaque d’immatriculation de couleur rouge. Ainsi le veut la direction générale du Patrimoine de l’Etat, et l’auditeur qui échangera avec le maître des lieux arrivera indubitablement à cette conclusion : un vent de changement souffle dans la maison.

Peut-on avoir l’organigramme de la direction générale du Patrimoine de l’Etat et quel rôle joue chaque structure ?

• Je vous remercie d’abord pour votre initiative qui permet de donner une certaine visibilité à la direction générale du Patrimoine de l’Etat. Pour revenir à votre question, la direction générale du Patrimoine de l’Etat est née de la volonté des premiers responsables du pays d’avoir une gestion rationnelle des biens mobiliers et immobiliers de l’Etat. Elle comprend quatre composantes que sont la direction du Parc automobile de l’Etat, celle du Domaine affecté (ensemble des bâtiments administratifs), la direction du Matériel qui s’occupe des équipements autres que les véhicules et les bâtiments et, enfin, il y a la direction de la Comptabilité matière qui regroupe en fait les statisticiens de la maison. Si nous voulons aujourd’hui savoir combien de véhicules ou de chaises se trouvent dans un service public précis à Dori, nous faisons appel à cette structure. Nous sommes en train de développer un grand concept de gestion unique en son genre. A ma connaissance, une direction de la comptabilité matière n’existe pas encore en Afrique de l’Ouest.

Justement, ça parait assez nouveau. On parle beaucoup plus de la comptabilité dans le domaine de l’argent. Chez vous, il est question de comptabilité matière. Que recèle ce concept ?

• L’argent sert à acheter le matériel. N’est-ce pas ? Si vous achetez sans contrôle, je me demande si ça peut aller. Aujourd’hui, dans les ministères, il y a des doléances en équipement. Cependant, on se demande souvent pourquoi ces demandes alors que le matériel est disponible. Il faut donc savoir ce qu’on a avant de faire l’état des besoins, d’où l’importance de la comptabilité matière. C’est donc le même système de gestion que l’argent. Nous voulons, à la limite, faire comme l’Armée. Vous voulez une gamelle ? Vous amenez l’ancienne et on vous la remplace par une qui est neuve. (Rires).

(Ndlr : pour éclairer mieux notre lanterne, le directeur de la Comptabilité matière apporte la précision suivante) C’est une discipline de gestion des biens meubles et immeubles de l’Etat. La comptabilité matière est née d’une recommandation du Plan d’action pour le renforcement de la gestion budgétaire élaboré et adopté en 2002 et dont l’objectif est d’améliorer durablement la transparence, la fiabilité et l’efficacité budgétaire. Elle procède de nos autorités administratives et financières de voir implanté un système cohérent de gestion des matières

Pour le patrimoine de l’Etat, le plus visible reste les véhicules automobiles. Ces derniers temps, on constate un contrôle des forces de sécurité à ce niveau. Ressent-on déjà les effets positifs de ces contrôles ?

• Ces vérifications ont été rendues nécessaires à cause des abus. Mais il faut comprendre que les contrôles ne visent pas à empêcher l’utilisation des véhicules. Non, puisque les véhicules sont là pour servir l’Etat. Il suffit que les usagers soient seulement en règle. Aujourd’hui, des textes ont été adoptés en Conseil des ministres. Au terme des ces documents, on détermine les ayants droit et les usages qui doivent en être faits. Il faut reconnaître que des véhicules sont utilisés en dehors de l’emploi pour lequel ils ont été affectés. Nous nous sommes donc vu obligés de faire des contrôles. D’abord pour discipliner les gens et instaurer l’autorité de l’Etat. Et aussi, et surtout, avoir une certaine économie d’échelle. Le ministère de l’Economie et des Finances ayant la tutelle des véhicules de l’Etat, il y a naturellement un fond d’économie et d’argent. Nous avons commencé par des contrôles de sensibilisation. Cette année, nous sommes passés à une autre étape qui est celle avec sanction. Nous constatons fort heureusement une diminution notable des abus.

Quelle est la nature des sanctions ?

- Elles sont prononcées par le ministère de tutelle sur ceux de leurs agents qui font dans l’abus. Les premières sanctions que je connaisse, ce sont les avertissements. S’il y a récidive, l’on va à l’étape supérieure. Des sanctions ont été déjà prises par rapport au contrôle d’octobre dernier.
Parlant justement de campagne, il y a par ailleurs celle axée sur la consommation d’électricité, de téléphone et d’eau.

Est-ce les ministères concernés qui ont eu l’initiative ou la direction générale du Patrimoine de l’Etat ?

- En Conseil des ministres il a été mis en place un comité de suivi qui a travaillé à définir des actions aussi bien au niveau de l’eau, de l’électricité que du téléphone. Nous travaillons donc en tandem avec les différents ministères. Bientôt, nous allons également faire des spots sur l’eau, l’électricité et le téléphone. Des actions sont entreprises et nous comptons au cours de l’année 2010 faire réduire considérablement les charges relatives à ces facteurs de production.

Certes des opérations de sensibilisation sont menées. Mais, ce qui ressort le plus souvent est qu’il n’y a pas d’arrêté d’application du décret.

- C’est vrai. Après un décret, devait normalement suivre un arrêté que nous nous attelons à rédiger. Un comité interministériel a déjà été mis en place pour réfléchir à la question.

Vous avez été directeur du parc automobile de l’Etat. Aujourd’hui vous êtes directeur général du Patrimoine de l’Etat. Vous semblez être le plus gâté de la République …

- … Ah bon ! Pourquoi ?

C’est tout de même un grand privilège que de gérer tous les biens de l’Etat. On ne confie pas cette mission au premier venant !

- Effectivement nous bénéficions de la confiance des autorités et c’est un honneur et du même coup une responsabilité. Je profite d’ailleurs de votre micro pour les remercier. Mais reconnaissons que la tâche n’est pas des plus aisées. Nous avons quatre directions ; il faut comprendre que c’est très lourd.

El hadj colonel Tibo Ouédraogo

Nous faisons aussi l’objet de beaucoup de sollicitations, notamment à travers des demandes de véhicules que nous n’arrivons pas à toujours satisfaire parce que la capacité du parc automobile n’est pas extensible à souhait. Nous avons, par ailleurs, d’autres doléances liées aux véhicules réformés de l’Etat. Nous avons des sollicitations des ministères pour avoir des bureaux et les équipements qui vont avec. Les sollicitations sont nombreuses, les défis sont nombreux, mais ne pouvons que nous atteler à les relever chaque jour que Dieu fait.

A propos de vente aux enchères justement, beaucoup se désolent de voir dans les services, pendant longtemps et sur cale, de nombreux véhicules de l’Etat qui ne sont ni réparés ni vendus.

- Deux faits expliquaient que des véhicules restent en souffrance. D’abord, la réforme se fait toujours avec la complicité, sinon avec l’accord du service détenteur. Vous allez dans un service, vous constatez que le véhicule est toujours à la même place et celui qui en est l’utilisateur vous informe qu’il a des crédits pour le réparer. Que faire ? Si vous lui forcez la main, il vous dit de lui trouver donc un autre véhicule. Si fait que nous sommes obligés d’attendre. Aujourd’hui, nous avons pris des textes : désormais, si au bout de six mois un véhicule traine toujours dans un garage, nous le récupérons et le vendons. La seconde raison était d’ordre administratif. Avant, c’était le service des Impôts qui s’occupait de la vente aux enchères. Après l’érection de la direction générale du Patrimoine de l’Etat, cette attribution lui revenait. Mais la nouvelle structure ne pouvait vendre parce qu’il n’y avait pas de textes. L’attribution des ventes nous revient désormais parce que les documents ont été adoptés. Nous envisageons prochainement une opération de grande envergure parce que c’est une perte sèche pour l’Etat que de voir tout ce matériel en souffrance.

Souvent, c’est rageant de constater que c’est une pièce d’acquisition facile qui est à la base de la mise sur cale du véhicule…

- Vous savez, les garagistes aussi ne sont pas tendres avec l’Etat. Une réparation de 100 000 FCFA chez un privé revient souvent à 500 000 FCFA chez l’Etat. Alors, la panne peut être mineure mais, pour la réparer, il faut beaucoup d’argent.

Les véhicules hors d’usage nous rappellent également l’inondation du 1er septembre 2009. Vous en avez été aussi victimes ?

- A l’époque, nous avons déployé 25 véhicules et constitués des équipes qui ont sillonné tous les ministères et toutes les institutions pour constater les éventuels dégâts. Nous avons fait une situation qui a été remise au ministre de l’Economie et des Finances. Le constat est qu’il y a eu beaucoup de véhicules noyés. Il suffit de passer aujourd’hui encore à l’immeuble Baoghin pour avoir une idée de l’étendue des dégâts. Il en est de même dans d’autres institutions comme les Semences forestières, l’hôpital Yalgado, etc. Des commandes sont en train d’être passées pour remédier aux dégâts causés.

Un mot à l’adresse des usagers du matériel de l’Etat ?

- Je lance un appel à l’ensemble des utilisateurs de véhicules de l’Etat pour qu’ils se rendent compte que ce sont des biens publics qui appartiennent à tout le monde. Il faudrait en tenir compte dans l’utilisation, et ne pas en abuser. En tant que garant du patrimoine de l’Etat, je ne peux que demander leur compréhension par rapport aux actions que nous menons pour le respect de la réglementation en vigueur.

Entretien réalisé par Issa K. Barry

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