Actualités :: Vallée du Sourou : L’urgence d’une reforestation

Du 13 au 15 juillet 2009, les membres du groupe de plaidoyer sur la déforestation sur la vallée du Sourou ont effectué une mission exploratoire dans la zone. La visite a permis au groupe de plaidoyer de constater la situation réelle qui prévaut sur le site aménagé de la vallée du Sourou.

La situation à la vallée du Sourou présente des motifs sérieux d’inquiétudes. Les conditions de vie y deviennent de plus en plus difficiles. On se demande comment sera encore la situation dans l’avenir si rien n’est fait. C’est du reste, le constat fait par le groupe de plaidoyer sur la déforestation à la vallée du Sourou. Constitué il y a à peine un mois, le groupe de plaidoyer a effectué du 13 au 15 juillet 2009, une mission exploratoire dans la zone. L’objectif est de permettre aux membres du groupe de se construire un argumentaire à partir des constats de la situation réelle qui prévaut sur le site de la vallée du Sourou.

Le groupe s’est donc rendu compte, à l’issue des observations et des échanges avec divers acteurs, que la situation est préoccupante. En effet, que ce soit du côté des autorités administratives que de celui des populations locales, tout le monde est unanime qu’il faut agir pour corriger les lacunes et éviter le pire.
Végétation quasiment inexistante, faune et flore sérieusement menacées, conflit animaux/populations, rendements agricoles s’amenuisant au fil du temps, etc. La liste des désolations est longue.

La rencontre avec les populations locales dans le village de Gouran, le 15 juillet 2009, a été une occasion de témoignages patents. "Nous assistons tristement aux effets néfastes dus aux multiples changements de notre environnement. Nous nous interrogeons sur l’avenir de nos enfants et de nos petits enfant", a laissé entendre un septuagénaire sur un ton de désolation. Le vieillard a expliqué les changements par la disparition de certaines espèces animales ou végétales. Les propos du vieux sont soutenus par un pêcheur : "Avant, il suffisait de parcourir une petite distance et on a une quantité de poissons suffisante. Aujourd’hui l’on peut faire toute une journée sans avoir la moitié", a-t-il souligné avant d’ajouter que certaines espèces de poissons ont même disparu. Les pêcheurs ont également dénoncé les nouvelles méthodes de pêche qui ont des conséquences sur l’activité. Il s’agit par exemple, de l’usage des filets hors norme. De même que les pêcheurs, les chasseurs aussi se plaignent. "Les gibiers ont disparu. Ils ont fui parce que la forêt qui constituait leur abri n’existe plus. Ils sont allés ailleurs certainement", s’est exprimé le président des chasseurs de la zone. Pour lui, leur activité risque de disparaître si rien n’est fait.

A Gouran, les paysans de la vallée du Sourou ont évoqué leur situation qui n’est plus des plus reluisantes. "Nous n’avons plus les rendements que nous avions il y a quelques années. Pourtant nous déployons davantage d’énergie par rapport aux années antérieures", a déploré Jean Dramane Drabo, président d’une coopérative agricole. Pour ce producteur, la souffrance des populations est due à l’insuffisance de bonnes terres. Toute chose qui oblige les paysans à utiliser massivement de l’engrais. Les femmes ne sont pas en marge des souffrances. Présentes à la rencontre de Gouran, les ménagères, les dolotières, les transformatrices et vendeuses de poissons, etc., ont évoqué leurs préoccupations.

Il faut reboiser

C’est ainsi qu’une transformatrice et vendeuse de poissons a touché du doigt le manque de bois de chauffe. Sa préoccupation est partagée par une ménagère et une dolotière. "Pour avoir de bois pour nos travaux, il faut se déplacer très loin, avec la probabilité de se faire chasser ou de se faire agresser...", a affirmé avec amertume, une dame.
Tout au long des échanges, il ressort que la végétation, du moins, l’environnement à la vallée du Sourou a subi une agression sévère, suite à l’aménagement de la zone. Cet aménagement, nous l’avons constaté, n’a épargné aucun arbre. "L’aménagement a tout rasé", n’a cessé de répéter une responsable du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie. Du coup l’absence de la flore pose problème. Outre les préjudices cités plus haut, il y a les conflits entre certains animaux et les humains. En effet, les agressions des populations par des mammifères comme les hippopotames sont récurrentes.

La dernière en date remonte à janvier 2009, où deux personnes ont été mortellement agressées par l’un de ces gros mammifères amphibies. En plus, n’ayant pas d’herbes à brouter (les hippopotames sont des herbivores), ces animaux s’en prennent aux cultures. Ce qui n’est pas sans désagrément pour les producteurs. Face à une telle catastrophe, que faire ? Avons-nous demandé aux populations locales et aux autorités. Pour leur part, les populations proposent, entre autres, le reboisement dans la zone. Elles disent être disponibles à planter des arbres à condition d’avoir un appui des autorités et des Organisations non gouvernementales (ONG). Le président du groupement des producteurs du village de Gouran Guiri Layonnon est catégorique : "Nous allons sensibiliser ceux que nous trouverons en train de détruire les quelques arbres qui restent. Mieux, nous nous adonnerons à la plantation d’arbres si nous sommes soutenus", a-t-il déclaré.

Quant aux autorités locales, elles sont conscientes de la situation. Le 14 juillet 2009, le groupe de plaidoyer les a rencontrés dans les locaux de l’Autorité de mise en valeur de la vallée du Sourou (AMVS), sise à Niassan. A cette réunion, étaient présents ou représentés les maires, les préfets, l’AMVS, des cadres des ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture, etc.
Pour tous ces invités, l’aménagement de la Vallée du Sourou a connu des failles qu’il faut corriger. Pour ce faire, le reboisement demeure l’une des corrections qu’on peut y apporter. Le reboisement pourrait consister à planter des arbres au bord des champs.

Selon le Directeur des affaires administratives et financières (DAAF) de l’AMVS, Issaka Zampaligré/représentant le directeur général, le volet environnement n’est pas occulté par l’autorité. "Dans un premier temps, nous avons pris en compte les volets hydraulique et agricole qui étaient vraiment des besoins pressants sans toutefois oublier l’environnement", a-t-il soutenu. Pour étayer ses propos, le DAAF cite la sensibilisation des producteurs entamée depuis un certain temps.
Lors de la rencontre avec les autorités à Niassan, le directeur exécutif de Naturama, Idrissa Zèba, a évoqué certaines actions menées par l’ONG dans la localité depuis une dizaine d’années.

Il s’agit d’actions de reboisement, de dénombrement et de recensement d’espèces d’oiseaux, d’activités rémunératrices de revenus au profit des femmes, etc. Pour M. Zèba, la protection de l’environnement est un aspect important pour Naturama. En rappel, l’idée d’un groupe de plaidoyer sur la déforestation à la vallée du Sourou est une initiative de l’ONG les Amis de la nature, Naturama. Le groupe de plaidoyer est constitué d’une vingtaine de personnes. Les membres sont issus de la société civile, de la presse, du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, du ministère de l’Agriculture, des instances de Naturama, d’organisations relais de Naturama à la vallée du Sourou et des personnes ressources. Lmission exploratoire permet donc au groupe d’avoir des arguments pour le plaidoyer, à même de convaincre les décideurs.

Alban KINI (alban_kini@yahoo.fr)

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