Actualités :: Assassinat d’un agent de change : Le Tocsin salue l’attitude de la communauté (...)

L’organisation que préside Albert Ouédraogo réagit ici à l’assassinat du cambiste Idrissa Ouédraogo dans la nuit du 12 janvier dernier, meurtre dans lequel un Libanais est mis en cause, et dont la communauté s’est désolidarisée. Le Tocsin salue ce comportement, de même que l’action du gouvernement pour l’apaisement.

La ville de Ouagadougou vient, une fois de plus, d’être le théâtre d’un crime odieux perpétré dans la nuit du 12 janvier 2008 sur le sieur Idrissa Ouédraogo, dit Daouda. Loin d’être banal, il s’est agi, selon le communiqué du ministère de l’Administration territoriale, d’un véritable traquenard dans lequel est tombé le sieur Idrissa Ouédraogo, dans le cadre des activités de change qu’il exerce à l’aéroport de Ouagadougou.

Sollicité par le sieur Abbas Damen, directeur de la société Afribache (Abidjan, république de Côte d’Ivoire), pour une opération de change routinier, il se rend dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 janvier 2008 au domicile de celui-ci à Ouagadougou, sans se douter un seul instant des intentions malveillantes de son interlocuteur. C’est le lendemain que l’on découvre le corps sans vie de la victime, tandis que l’assassin présumé a pris la clef des champs, et a été signalé d’abord à Abidjan (Côte d’Ivoire), avant d’être repéré à Beyrouth (Liban). C’est dire avec quelle minutie l’opération a été préparée, et les soutiens souterrains dont le présumé assassin a bénéficié pour emporter son butin et sortir du territoire national, en un laps de temps.

Un crime infâme vient d’être perpétré à l’aube de l’année nouvelle, et il est de bon ton de pleurer le mort et d’adresser les condoléances les plus attristées à la famille éplorée, comme l’ont fait les autorités nationales à travers le communiqué radiodiffusé. Le Tocsin s’associe à ce geste et adresse à la famille Ouédraogo ses condoléances, et lui assure toute sa compassion en cette circonstance douloureuse.

La particularité du présent crime tient au fait qu’il est perpétré par un présumé appartenant à la communauté libanaise sur la personne d’un national. La caractère violent, injuste et inacceptable de l’acte est de nature à provoquer l’indignation populaire qui, par le passé, s’est exprimé en une vendetta à l’encontre des biens des présumés coupables (exemple malheureux des chaînes Kundé à Ouagadougou en 2007). Le crime est de nature également à cristalliser une certaine fibre nationaliste à l’encontre des membres de la communauté étrangère que l’on taxe facilement, sous d’autres cieux, de tous les maux d’Israël. Et c’est ainsi que naissent le nationalisme vil et la xénophobie abjecte et criminelle.

Fidèle à son principe de liberté et de défense de droits des migrants et des minorités, le Tocsin salue la sagesse dont ont su faire preuve les autorités nationales, la population et les membres de la communauté libanaise. En effet, en décidant d’observer trois (3) jours de deuil, à travers la fermeture de leurs boutiques et magasins, les membres de la communauté libanaise expriment leurs compassions et leurs afflictions à la famille endeuillée et à toute la communauté nationale dont ils sont partie intégrante (il ne faut pas oublier que de nombreux Libanais sont en réalité des Burkinabè). En outre, la communauté a décidé de tout mettre en œuvre pour que le présumé coupable soit arrêté et traduit devant la Justice. Il s’agit là d’attitudes pleines d’humanisme et de courage. En décidant de condamner et de se désolidariser d’un acte criminel, la communauté libanaise fait montre de civisme et de citoyenneté, et exprime, si besoin est, son attachement à la république et à ses lois.

Le Tocsin salue une telle attitude et invite tous les Burkinabé, épris de paix et de Justice, à en prendre acte et à faire confiance aux autorités nationales et à l’engagement de la communauté libanaise pour que justice soit rendue à la famille du sieur Idrissa Ouédraogo.

La communauté libanaise participe de la vitalité économique, sociale, culturelle et politique du Burkina. A maintes occasions, à titre individuel ou collectif, elle a su faire montre de son attachement au pays, à ses hommes et à ses lois. Si aucune communauté n’est parfaite, aucune communauté n’est à diaboliser. Les dérives et les crimes sont et seront toujours le fait d’individus en rupture de banc, comme c’est le cas justement du présumé coupable.

Le Tocsin tient à affirmer que l’infamie d’un individu ne devrait jamais servir de prétexte pour punir toute une communauté. Les sanctions collectives ne participent pas du droit positif. Malheureusement, trop souvent dans les campagnes burkinabè et africaines, les communautés (régulièrement instrumentalisées) se croient obligées de recourir à ce type de vendetta pour régler des différends qui, au départ, n’opposaient que deux individus, et non leurs communautés respectives.

Le Tocsin salue, à sa juste mesure, la rapide réaction des autorités qui, en donnant l’information juste dans les médias à travers les principales langues nationales, ont considéré le peuple burkinabè majeur et capable de discernement. Une telle expérience devra être renouvelée dans le futur afin de prévenir les formes de justice sauvages et spontanées qui, trop souvent, se révèlent aveugles, inutiles et catastrophiques.

Le Tocsin invite les autorités à assister sans délai la famille endeuillée et à mettre effectivement tout en œuvre pour que le crime ne reste pas impuni. C’est à ces seules conditions qu’elles pourront gagner durablement la confiance des citoyens !

Tous pour le combat de la solidarité et de l’intégration !

Fait à Ouagadougou, le 12 janvier 2008

Le Tocsin

Le Pays

Burkina/Hygiène et assainissement : L’ONG Suplamar offre (...)
Certification de l’aéroport de Bobo-Dioulasso : Les (...)
Burkina/Journée scientifique : Des chercheurs poussent (...)
Journalisme en période de guerre : « Rechercher la vérité (...)
Liberté de la presse : Le Burkina Faso obtient la note (...)
Burkina : Suspension des travaux "clandestins" à la (...)
Burkina/Accusations de massacre de civils par l’armée : (...)
Burkina/Foncier rural : La promotion « Burkindi (...)
Burkina/Droits des défenseurs des droits humains : La (...)
Burkina/Projet d’insertion socioéconomique des enfants et (...)
Mécanismes de suivi des politiques publiques : Des (...)
Initiative « Résilience par l’artisanat » : Vingt jeunes (...)
Ouagadougou : Une importante quantité de viande (...)
Affaire Lionel Kaboui : Le dossier en appel renvoyé au (...)
Burkina/Sciences : « Les enjeux de la recherche sont (...)
Burkina/Littérature : Dr Adama Sow présente « Une vie très (...)
Dédougou : L’éducation, la santé et l’économie dans le (...)
Burkina : Plus de 393 000 personnes touchées par le (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : Un couvre-feu (...)
Hommage Pierre Claver Damiba : Un homme d’Etat passionné (...)
Burkina/Projet Procoton de la GIZ : Plus de 22 800 (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36582


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés