Actualités :: Journée de l’enfant africain : zoom sur le travail des enfants au (...)

Le continent africain célèbre le 16 juin 2007, la journée de l’enfant africain. Au-delà du caractère solennel des activités, c’est une journée de remise en cause des actions entreprises pour les droits des enfants et de diagnostic des maux minant le bien-être de ces derniers.

A l’occasion de cette journée dont le thème est placé sous le signe de la lutte contre la traite des enfants, des réflexions mûries pourraient être menées sur le phénomène de l’exploitation économique des enfants qui prend de l’ampleur.

Selon le rapport 2003 de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) sur la pauvreté au Burkina, 46,4% de la population burkinabè vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins d’un dollar par jour. Alors qu’en 1994, le taux était de 44,5 %. La tentation est alors grande de vouloir mettre à profit toutes les ressources pour faire face à la situation.
Un autre rapport, produit par l’Unicef constate : « dans un contexte économique marqué par la paupérisation des ménages, le travail des enfants est de moins en moins un surplus pour devenir un minimum de survie dans la composition du ménage ».

Entre socialisation et difficultés économiques

La tentation est d’autant plus grande de mettre les enfants au travail précoce que l’acte est considéré comme une forme de socialisation de ce dernier. Michel Bonnet remarquait de ce fait que « mettre un enfant au travail familial, ce n’est pas seulement chercher un supplément de revenu ou une aide au travail familial, c’est aussi refuser de confier l’enfant ou plus exactement tous les enfants de la famille à un système éducatif n’offrant pas de garantie quant à l’avenir : c’est armer l’enfant de ces outils que sont les qualifications professionnelles ; c’est l’aguerrir face aux duretés de la vie, bref, c’est lui apprendre à vivre, à prendre en main sa propre existence ».

Nombreux sont les arguments qui expliquent la mise au travail précoce des enfants. Ce sont entre autres :
- le niveau élevé de la pauvreté
- l’insuffisance des opportunités d’éducation et de formation : le taux de scolarisation est faible (56% en 2006) tandis que le taux de déscolarisation est encore élevé (7,32 % - source : DEP/MEBA, statistiques scolaires 99/2000 au niveau du primaire) et le taux d’abandon varie entre 6% et 10 % entre le CP1 et le CM2 selon la même source.
- l’éclatement des structures familiales et/ou le confiage des enfants.

Selon le guide pour la mise en œuvre de la convention n°182 de l’organisation internationale du travail (OIT), « le travail des enfants regroupe l’ensemble des activités qui privent les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité et nuisent à leur développement physique et psychologique ».

Cette réalité concerne, selon toujours la convention :
- toutes les formes d’esclavage et de pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, le travail forcé, obligatoire, la servitude pour dette et le servage ;
- les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exécutent, sont susceptibles de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité de l’enfant ;
- l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacle pornographique ;
- l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites, notamment pour la production et le trafic des stupéfiants.

La réalité de l’exploitation économique des enfants au Burkina

L’exploitation économique se situe dans des cadres domestiques, dans l’exercice d’activités économiques et dans les pratiques sociales telles que la religion.

Dans les centres urbains, elles sont nombreuses les familles qui emploient des aides familiales. Pour des raisons diverses (écoles et services), ces dernières substituent la famille dans les travaux ménagers. Mais à quel prix et dans quelles conditions ?

Fati est partie de son village à l’âge de 7 - 8 ans pour Ouagadougou. La cousine de son père qui est ménagère est venue la demander à ses parents car elle venait d’accoucher. Fati n’a jamais été à l’école au village et sa tante ne l’a jamais scolarisée à Ouagadougou. « Les trois premières années, je faisais les travaux ménagers : je balayais la cour, lavais les assiettes, préparais le tô et je m’occupais du bébé. Je ne connaissais pas cette cousine et j’avais un peu peur. Mes parents m’ont conseillée de rester tranquille, de ne pas voler mais d’obéir ».

Quand Fati a eu dix ans, sa tante lui a confié un petit commerce de fruits et légumes dans les rues du quartier. « Je commence ma journée très tôt : je me lève à six heures, balaie la cour et lave les plats. Ensuite, je cuis mon igname et à huit heures, quand tout est fini, je pars vendre. Je rentre à midi pour manger, me reposer et recommencer à faire des petits travaux jusqu’à seize heures : je lave les habits, prépare parfois à manger et m’occupe du bébé... Pendant ce temps, je pose la marchandise devant la porte puis, quand il n’y a plus de soleil, je repars vendre en ville. Vers dix huit heures, je rentre, lave le bébé, me lave et dors ».

Elles sont des centaines, voire des milliers d’aides familiales qui vivent en silence leurs conditions, loin des regards indiscrets. Selon une étude menée par l’unité d’études et de recherche en démographie (UERD) en 1998, plus de 40% de fillettes de 12 à 14 ans sont confiées à Ouagadougou...

Dans le cadre des activités commerciales, il est également fait appel au concours des enfants, dans les mines ou les sites d’orpaillage.

Au Burkina Faso, 51,7 % des enfants de moins de 14 ans exercent une activité économique, souvent dangereuse pour leur santé physique et morale, dans les domaines des travaux domestiques, du secteur informel, de l’agriculture et de l’élevage, de l’orpaillage.

Clément Bihoun

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