Actualités :: Fortes chaleurs dans le Sahel : L’action humaine y est pour quelque chose, (...)

Les pays du Sahel font actuellement face à une extrême vague de chaleur qui menace la santé des populations. Les températures courant fin mars et début avril étaient très élevées et ont même atteint dans certains pays comme le Mali, 48,5 degrés celsius. Dans un rapport publié par World Weather Attribution (WWA) ce jeudi 18 avril 2024, des scientifiques ont expliqué comment le changement climatique d’origine humaine a pu entraîner ce phénomène, cause d’ailleurs de plusieurs morts dans les pays sahéliens.

Les mois de mars et avril sont connus pour être des périodes de très fortes chaleurs, surtout dans les pays du Sahel. Cette année, cette période a non seulement coïncidé avec le jeune musulman, mais aussi avec des coupures d’électricité dans les pays comme le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso. Toujours dans cette période et ce, chaque année, la canicule représente une des causes majeures de l’augmentation du nombre de patients ainsi que du nombre de décès dans les hôpitaux.

Dans une interview accordée à notre média, le mardi 16 avril 2024, Dr Abdramane Ouattara, médecin anesthésiste-réanimateur, déclarait qu’au niveau du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, l’on reçoit environ 35 personnes par jour. De cette trentaine, en moyenne quatre arrivent déjà décédées, et deux trépassent dans les quelques minutes suivant leur admission à l’hôpital.

En 2023, au Mali, l’hôpital Gabriel Touré de Bamako a enregistré 130 décès durant le mois d’avril. Mais cette année, en seulement quatre jours, soit du 1er au 4 avril, 102 décès ont été enregistrés. « Bien que les statistiques sur la cause du décès n’aient pas été publiées, environ la moitié étaient âgées de plus de 60 ans et l’hôpital rapporte que la chaleur a probablement joué un rôle dans de nombreux décès », mentionne le rapport de WWA.

Réunis pour analyser la situation, des scientifiques du Mali, du Burkina Faso, du Mozambique, des Pays-Bas, de la Suède, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, ont collaboré pour évaluer dans quelle mesure le changement climatique induit par l’homme a pu modifier la probabilité et l’intensité de la chaleur extrême à travers le Sahel. L’analyse a porté sur les données météorologiques du Burkina Faso et du sud du Mali, recueillies sur une période de cinq jours, soit du 31 mars au 4 avril 2024.

Et pour estimer l’influence du changement climatique d’origine humaine sur la chaleur extrême depuis que le climat est devenu plus froid de 1,2°C, les chercheurs ont combiné des modèles climatiques avec des observations, avant de parvenir aux conclusions suivantes : « les observations et les modèles montrent que des vagues de chaleur de l’ampleur observée en mars et avril 2024 dans la région auraient été impossibles à se produire sans le réchauffement climatique de 1,2°C jusqu’à présent. Une chaleur extrême maximale de 5 jours, aussi rare que l’événement observé au Mali/Burkina Faso, aurait été 1,5 °C plus froide et 1,4 °C plus fraîche dans l’ensemble de la région du Sahel si les humains n’avaient pas réchauffé la planète en brûlant des combustibles fossiles. Pour les températures minimales au Mali/Burkina Faso, le changement d’intensité est encore plus important : dans un climat plus frais de 1,2 °C, les températures nocturnes auraient été de 2 °C plus fraîches ».

Ces tendances se poursuivront avec le réchauffement futur, avertissent les chercheurs. « Au Mali/Burkina Faso, une vague de chaleur comme celle observée serait encore 1°C plus chaude dans un monde plus chaud de 0,8°C (réchauffement climatique de 2°C depuis l’époque préindustrielle). Un événement de même ampleur que celui observé en 2024 ne serait alors plus très rare mais se produirait 10 fois plus fréquemment que dans le climat actuel », prédit le rapport.

Les scientifiques ont également évalué si l’événement El Niño actuel avait une influence sur les températures extrêmes et ils ont constaté que bien qu’il y ait une certaine contribution, elle est faible par rapport au changement climatique induit par l’homme, expliquant environ 0,2°C de l’événement de chaleur observé sur 5 jours.

L’urbanisation rapide et la perte d’espaces verts dans des villes comme Bamako et Ouagadougou ont accru l’effet d’îlot de chaleur urbain, selon l’étude. Associé à une grande vulnérabilité, cela met en évidence la nécessité d’une planification urbaine durable intégrant des espaces verts et d’une conception de bâtiments prenant en compte les températures élevées, selon l’équipe de chercheurs.

« Les infrastructures critiques telles que les systèmes d’électricité, d’eau et de santé doivent être renforcées pour s’adapter à la fréquence et à l’intensité croissantes des chaleurs extrêmes, ce qui nécessite des investissements accrus pour garantir un accès et une prestation de services fiables », conseille leur rapport.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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