Actualités :: Burkina/Cinéma : « Très bientôt, Les Bobodiouf seront sur scène à nouveau », (...)

Souleymane Koumaré, alias Souleymane.bf, est un acteur de la série Les Bobodiouf. Dans cette série, il a joué le rôle d’un marabout. Un rôle qu’il a joué à la perfection à tel point que certains ont pensé qu’il était un marabout à la base. Plus de vingt ans après la série, que devient-il ? Quel projet pour le cinéma burkinabè ? Dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction, l’homme nous parle de sa carrière cinématographique ainsi que de ses projets pour le cinéma burkinabè. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Que devient Souleymane.bf après la série « Les Bobodiouf » ?

Souleymane Koumaré : Souleymane.bf, avant la série « Les Bobodiouf », est un comédien et metteur en scène qui gère un centre culturel, le centre Siraba Désiré Somé. J’ai continué à gérer ce centre même pendant la série et je reste toujours la même personne après « Les Bobodiouf ».

Comment Souleymane.bf fait son entrée dans la série « Les Bobodiouf » ?

J’ai d’abord commencé avec la série « Au royaume d’Abou » et ensuite « Les Bobodiouf ». Il faut dire qu’avant l’ouverture de notre centre culturel, nous répétions à l’espace Casimir Koné de radio Bobo. Il se trouvait qu’un jour, ils avaient programmé un casting pour sélectionner les acteurs pour le tournage de la série « Au royaume d’Abou » et nous l’ignorions. Nous avions juste demandé l’espace pour notre répétition. Nous étions en pleine répétition lorsque les gens ont commencé à venir et c’est là que j’ai approché le réalisateur pour comprendre.

Il m’a fait savoir qu’il a eu l’autorisation de faire son casting sur le site, mais il nous a autorisés à poursuivre notre répétition en attendant. Puis, quelques temps après, il est venu me voir en disant qu’il avait un rôle à me confier et je n’ai pas hésité à accepter. C’était le rôle d’un marabout et je consultais avec le sable et des cauris. C’est ainsi que je rentre dans le cinéma sinon je suis un comédien de théâtre à la base. Après « Au royaume d’Abou », il y a eu sécession entre le réalisateur et le producteur. Et c’est comme ça que Patrick Martinet a voulu commencer la série « Les Bobodiouf ». Comme il me connaissait déjà dans « Au royaume d’Abou », il m’a confié le même rôle. Mais cette fois-ci je consultais avec un ordinateur. Et c’est ainsi que je suis venu dans la série « Les Bobodiouf ».

Pourquoi le rôle de marabout ? Vous étiez marabout à la base ?

Non, je ne suis pas un marabout à la base. Mais j’ai fait l’école coranique quand j’étais petit. C’est ce qui m’a beaucoup aidé dans l’interprétation de ce rôle-là.

Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès ?

Personnellement je ne suis pas surpris de voir que la série a eu un tel succès, vu que tous les acteurs étaient motivés et engagés. Déjà, les acteurs ont été choisis suite à un casting et c’était devenu une famille. On se voyait en dehors des heures de répétition pour encore répéter. Avant le tournage, on se préparait convenablement avant d’entrer en scène. Donc moi je ne suis pas trop étonné de voir que la série a eu ce succès-là.

Est-ce que Souleymane.bf continue toujours dans le cinéma ?

Avant « Les Bobodiouf », je suis comédien. Pendant Bobodiouf, je suis comédien et après Bobodiouf, je suis comédien. En un mot, je suis toujours dans l’art. Je continue toujours dans le cinéma. C’est la série « Les Bobodiouf » qui est en arrêt pour le moment sinon le cinéma continue pour moi. Et très bientôt « Les Bobodiouf » seront sur scène à nouveau.

C’est le décès du réalisateur qui a mis les choses en stand-by, mais ce n’est pas pour autant que c’est fini même si ce n’est pas aisé d’avoir un partenaire financier ici au Burkina Faso. Nous sommes en pourparlers avec des partenaires et les négociations sont sur de bonnes voies. J’ai récemment joué aussi dans d’autres films que les gens n’ont pas encore vus notamment dans « Mousso farima » de Idrissa Touré, « Les 13 » d’un jeune réalisateur qui n’est pas encore sorti. Tout cela pour dire que nous sommes toujours dans le cinéma.

Est-ce que nous aurons tous les acteurs dans les prochains épisodes de la série ?

Les acteurs qui vivent seront disponibles c’est sûr. C’est un projet commun et nous sommes en association afin de rester ensemble. Nous sommes une famille et la famille reste toujours unie.

Quel regard portez-vous sur le cinéma au Burkina ?

Personnellement, je vois que beaucoup de jeunes se lancent dans le cinéma sans une formation de base. Ce qui est un peu dommage sachant qu’il y a des écoles et centres de formation qui forment les techniciens du cinéma. C’est regrettable que ces jeunes ne passent pas par ces écoles et ils s’autoproclament réalisateurs ou producteurs. Le plus souvent, ça se ressent sur leur rendement. Le constat montre un manque de professionnalisme dans leur travail.

De façon générale, j’apprécie beaucoup le cinéma burkinabè. Pour moi, il y a un manque de moyens financiers et matériels qui entrave son évolution. Sinon nous avons des créateurs au Burkina Faso, des professionnels, des techniciens, des comédiens, seulement qu’on n’a pas les moyens de notre politique.

Est-ce que Souleymane.bf fait partie de ceux-là qui pensent que l’art ne nourrit pas son homme au Burkina Faso ?

Je pense plutôt que l’art nourrit son homme au Burkina Faso de façon décente. Tu ne peux pas prétendre t’enrichir dedans parce que le financement fait défaut. Pour ma part, en général l’art nourrit son homme.

Quel est le message à l’endroit des jeunes qui souhaitent se lancer dans le cinéma ?

Je leur dirai d’abord de se former. Qu’ils sachent que dans l’art, on ne finit jamais d’apprendre. Chaque projet t’enrichit en connaissance. Pour que nos produits soient les meilleurs sur la scène internationale, nous devons accepter de nous former. La motivation est déjà un acquis, mais nous devront nous former pour mieux faire.

En dehors du retour de la série « Les Bobodiouf », quel autre projet pour Souleymane.bf dans le cinéma ou le théâtre ?

Je suis un comédien et j’ai une troupe de théâtre. Nous avons créé l’association Siraba qui fédère différentes troupes. Nous avons un centre culturel, un centre de formation artistique et artisanal Désiré Somé. Mon souhait est que ce projet puisse avoir du succès pour que vive l’art au Burkina.

Comment se passe la formation au centre Siraba dont vous avez la gestion ?

C’est une école qui n’est pas formelle. Nous formons ceux qui s’intéressent au théâtre, trois fois dans la semaine, de 18h à 20h. Même procédure pour ceux qui sont intéressés par la danse. Nous avons aussi une troupe de théâtre et un orchestre pour les apprenants qui souhaitent les intégrer après leur formation. Pendant les vacances, nous organisons des sessions de formation à l’endroit des enfants afin de leur inculquer les B.A.B.A du métier. Nous leur apprenons à danser, à se tenir et à bouger sur scène. Il s’agit de leur donner le goût du métier.

Ce sont plusieurs compétences qui se sont mis ensemble pour créer l’association, notamment une troupe de danse, deux troupes de théâtre et une troupe de musique, d’où la pluridisciplinarité de l’association. Nous avons toutes les compétences ici. A la fin de la formation, les apprenants ont droit à des attestions de formation.

Quel est votre cri de cœur aujourd’hui ?

Mon cri de cœur, c’est que l’Etat prenne à bras le corps la promotion du cinéma. Je reconnais que ce que l’Etat fait n’est pas mal, mais ce n’est pas assez d’autant plus que le FESPACO se tient chez nous. Aussi, lorsqu’on compare notre financement à celui d’autres pays, on se rend compte qu’il y a un grand écart. Donc l’Etat doit s’engager particulièrement à promouvoir le cinéma au Burkina Faso.

Propos recueillis par Romuald Dofini
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