Les cinéphiles bobolais qui avaient jubilé de voir le démarrage des travaux de réhabilitation du ciné Guimbi Ouattara vont devoir attendre encore. Près de dix ans après le lancement des travaux, le bâtiment est loin d’être achevé. Pire les travaux sont à l’arrêt depuis septembre 2022 et il faut environ 300 millions de FCFA pour financer la suite des travaux qui est de 40%. Pour cela, les acteurs du projet lancent un appel de soutien à toutes les personnes de bonne volonté.
C’est un chantier quasiment abandonné aujourd’hui, en attente de financement pour poursuivre les travaux de réhabilitation. Lorsque nous arrivons sur le site, dans la matinée du mercredi 23 août 2023, le constat n’est pas aussi désolant que ça. L’état d’avancement des travaux qui est de 60% donne de l’espoir. « Le chantier a beaucoup évolué et nous sommes presqu’au niveau des travaux de finition », a indiqué Aichata Zéba, coordonnatrice du projet, qui déplore ainsi un manque de financement pour la poursuite des travaux.
A l’en croire, le projet se portait bien jusqu’au moment où l’insécurité s’est installée au Burkina Faso avec des conséquences sur les plans politique, économique et social ; entraînant ainsi un changement de régime perpétuel. « Depuis 2014, à chaque changement de régime, à chaque changement de ministre de la culture, nous réintroduisons des lettres, nous rencontrons les ministres pour leur expliquer le projet. En janvier dernier, nous avons pu échanger avec l’actuel ministre de la culture et nous lui avons fait des plaidoyers. Il a promis de nous aider mais depuis lors nous n’avons rien vu d’abord », a-t-elle annoncé.
- Le chantier de réhabilitation du ciné Guimbi est en arrêt pour manque de financement
Entre l’attente de soutiens du ministère de la Culture qui a eu à visiter le chantier et celui des bailleurs, les acteurs du projet ne perdent pas espoir. Situé en plein cœur du quartier Koko, le ciné Guimbi est en réhabilitation depuis 2013. « Au début, il était convenu que notre gros bailleur, qui est l’AFD, commence le chantier jusqu’à 60% et que l’Etat burkinabè nous aiderait à prendre la relève avec les 40%. C’est-à-dire, finir le chantier et nous aider à avoir un fonds de roulement pour que le ciné puisse vivre. Malheureusement cela n’a pas été suivi. Nous sommes à 60% du chantier et il nous reste trois mois de travaux pour finir mais nous n’avons pas de subvention, nous n’avons que des promesses de soutien. Nous sommes à la recherche de fonds », a expliqué la coordinatrice du projet ciné Guimbi.
Un projet culturel attendu
Le ciné Guimbi fait partie des anciens cinés du Burkina Faso. Autrefois, il était très fréquenté par les cinéphiles de la ville de Bobo-Dioulasso. Avec l’effet du temps et des intempéries, il n’a pas échappé à la fermeture tout comme la plupart des salles de ciné de la ville d’ailleurs. Ainsi, depuis des années, Bobo-Dioulasso ne dispose plus de salle de cinéma fonctionnelle. C’est face à ce constat que l’ASCBF (Association de soutien du cinéma au Burkina Faso) a lancé le projet de réhabilitation du ciné Guimbi. L’ambition à travers ce projet est de faire du ciné Guimbi un espace de rencontre, d’échanges et de détente. De manière générale, un lieu de référence dans la ville de Sya.
- La coordonnatrice du projet, Aichata Zéba, déplore le manque de financement pour poursuivre les travaux
Pour la coordinatrice du projet, Aichata Zéba, la réhabilitation du ciné Guimbi va ainsi contribuer à la promotion du septième art burkinabè. Elle a décliné la vision du président de l’association de soutien du cinéma au Burkina Faso, Berni Goldblat, cinéaste suisse, à travers ce projet de réhabilitation. Plus qu’un simple cinéma, le nouveau ciné Guimbi est un projet culturel et social. Il comprendra, à terme, un multiplexe de deux salles, un café-restaurant, une salle polyvalente, un centre de ressources et des bureaux. Plus qu’un simple cinéma, le ciné Guimbi accueillera notamment un programme d’éducation à l’image dédié aux jeunes, aux scolaires et au grand public. Pour que le bâtiment puisse sortir de terre, l’ASCBF, qui porte le projet, a eu recours à de multiples formes de financements notamment de la part des particuliers.
« Ce projet a vu le jour grâce à un mordu du cinéma, Berni Goldblat. Les premières subventions et les aides de la population nationale et internationale nous ont aidés à financer le début des travaux à 60%. Notre gros bailleur demeure l’Agence française de développement qui nous a beaucoup aidés. C’est avec ce financement que nous avons mis en place aussi une équipe de coordination au plan local ainsi que les autres projets autour du ciné Guimbi », a-t-elle expliqué. Aujourd’hui, un nouveau bâtiment est sorti de terre. Et malgré les multiples efforts, les moyens financiers font défaut pour achever le projet.
- Une vue de l’intérieur de la salle de 174 places en attente de financement
C’est ainsi que les travaux ont été suspendus depuis septembre 2022, afin de pouvoir mobiliser les fonds nécessaires. Sur une prévision de près de 900 millions de FCFA pour la réalisation du projet, les acteurs ont besoin aujourd’hui d’environ 300 millions de FCFA pour terminer cet « ambitieux projet ». L’ASCBF espère pouvoir très rapidement mobiliser ce montant afin d’apporter un peu de lumière à la ville de Sya à travers ce projet. « Avec l’équipe locale et internationale, nous ne perdons pas espoir. Nous sommes sur pied afin de trouver des financements pour terminer les travaux. Et nous croisons les doigts pour que le pays soit stable parce que l’instabilité à des conséquences sur notre projet », a-t-elle dit.
La coordinatrice du projet, Aichata Zéba a apporté un démenti à l’information qui a circulé sur les réseaux sociaux faisant état d’une ouverture partielle du ciné Guimbi. « Par rapport à ce qui se racontait que nous avons ouvert la petite salle du ciné pour fonctionner en attendant la fin des travaux, cela n’est pas vrai. Ce sont des informations qui circulent sur le Guimbi qui ne sont pas vraies. C’est vrai que nous avons accueilli une édition du FESPACO, mais c’est l’espace extérieur du Guimbi que nous avions aménagé pour que les gens puissent faire des projections en plein air. Nous voulions que le public voit où nous en étions, quel est le rêve que nous voulons réaliser pour la population de la ville de Bobo-Dioulasso, sinon la petite salle n’est pas finie », a-t-elle laissé entendre.
- La coordinatrice du projet lance un appel à l’endroit de toutes les bonnes volontés qui souhaitent investir, à s’intéresser au projet ciné Guimbi
Dans sa stratégie de mobilisation de fonds, l’équipe locale a entrepris des visites auprès des autorités locales et coutumières de la ville pour, non seulement leur présenter la situation actuelle du projet, mais aussi demander leur accompagnement pour la suite du projet. Convaincue que la réhabilitation du ciné Guimbi est un projet rentable, la coordinatrice lance un appel à l’endroit de toutes les bonnes volontés qui souhaitent investir, à s’intéresser au projet ciné Guimbi. « Nous offrons un partenariat gagnant-gagnant. C’est vrai que les gens ne voient pas trop l’importance d’entreprendre dans la culture mais c’est un projet rentable. C’est une salle de cinéma, mais derrière il y a un plan d’affaires. Donc ceux qui ont de l’argent et qui cherchent des investissements, c’est l’occasion », a-t-elle fait savoir.
- Une vue de la cour du ciné Guimbi avec l’ancien écran géant
Elle ne manque pas d’inviter également les autorités du pays à s’intéresser à ce projet qui, selon elle, donnera un autre visage à Bobo-Dioulasso. Destiné aux Bobolais et à tous les amoureux du cinéma, le ciné Guimbi a donc besoin de toutes les bonnes volontés.
Romuald Dofini
Lefaso.net
