Actualités :: « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le (...)

Doctorant en Études culturelles africaines, Oulon Nitin Bruno a animé, ce mercredi 1er mai 2024, à Bobo-Dioulasso, une communication sur le thème « Les bois sacrés, des sanctuaires de richesses à préserver : cas du Nahuri Piu ». La communication qui fait partie de l’axe 4 du colloque intitulé « Culture comme vecteur de valeurs pour un Burkina nouveau », a fait réagir le défenseur de la religion traditionnaliste, Konomba Traoré.

Dans son exposé, le communicant définit les bois sacrés comme « des lieux de cérémonies et rites religieux ou d’initiations. Ils sont considérés par les communautés qui les protègent comme le lieu où résident les esprits ou les dieux de la forêt, de l’eau, de la colline et de la grotte. »

« Les pratiques coutumières relatives à la protection de I’environnement sont de plus en plus rares et les Africains de nos jours renient leurs sources. Ils ont honte de leurs appartenances religieuses notamment la religion traditionnelle. IIs aiment les pratiques des autres plus que les leurs ( langue, nom, religion, les modes vestimentaires) », a lancé Oulon Nitin Bruno. Il dit vouloir mettre en évidence l’identité du noir à travers les bois sacrés”, en l’occurrence le « Nahuri Piu » (Colline du Nahouri), pour son rôle et sa place dans la visibilité de la province qui porte son nom.

Selon le doctorant, le « Nahuri Piu » présente une grande richesse floristique et faunique. « On y retrouve, selon ses recherches, plus de 18 espèces d’arbres sur une superficie d’un hectare. Aussi, plus de 10 espèces animales et d’oiseaux y vivent ». Le communicant a rappelé que le Pic du Nahouri qui culmine à 447 mètres est l’une des principales attractions touristiques du Burkina Faso.

« La colline a une fonction identitaire et presque tout le monde s’identifie par la colline . Il y a des fils de la localité qui portent le nom Apiou, cela renvoie à la colline. Celle-ci a également une fonction de cohésion sociale. Lorsqu’il y a des sacrifices à faire, on parle d’une même voix, on mange et boit ensemble. Il y a aussi la fonction alimentaire, car la colline est riche en produits forestiers non ligneux », note le communicant.

Malgré toutes ces richesses, le doctorant Oulon Nitin Bruno relève que le « Nahouri Piu » est menacé par des actions anthropiques comme les feux de brousse et la divagation des animaux. Il regrette également la mauvaise gestion du site touristique et l’absence de l’administration publique dans sa gestion.

Comme solution, il préconise une gestion participative avec une implication de l’Etat car la colline a été reconnue comme patrimoine national en 2023. « Il faut revaloriser le site avec des infrastructures d’accueil et impliquer la mairie dans son entretien et sa gestion », recommande le communicant.

Rentré du Maroc où il a donné une communication sur la sacralisation de la nature, le défenseur de la religion traditionaliste, Konomba Traoré, a reproché au doctorant Oulon de n’avoir pas donné dans sa communication les conséquences que la sacralisation engendre, c’est-à-dire les interdits.

« Il est bon de connaître ces interdits. Sinon les touristes vont profaner nos lieux sacrés et il n’y aura plus rien de sacré. Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes. Il y a des limites que les touristes ne doivent pas franchir. Si quelqu’un vient profaner ces lieux sacrés, cette personne doit être sanctionnée immédiatement sinon ce n’est pas un lieu sacré. J’ai dans mon village, un baobab sacré. Si vous chiez dessous, dès que vous vous levez, les génies des lieux enduisent votre corps de vos fèces », a laissé entendre Konomba Traoré.

En réponse, Oulon Nitin Bruno a rassuré qu’avant d’accéder au « Nahuri Piu », toute personne doit passer obligatoirement chez le chef de terre. « On ne doit pas revenir avec une pierre de la colline », défend le communicant qui prévient que tout contrevenant s’expose à des sanctions.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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