Actualités :: Musique/ Célébration des 50 ans du Hip-hop : « Il est normal que le Hip-hop (...)

Le Hip-Hop est né le 11 Août 1973 aux USA à New York dans le Bronx. Il a été créé par la communauté afro-américaine. Jérémie Ouattara est l’un des pionniers de la vulgarisation de ce mouvement au Burkina Faso. Il est l’un des co-fondateurs de « 8e Sens », le premier label de production de Hip-hop dans le pays. A l’occasion de la célébration des 50 ans de ce mouvement musical, Lefaso.net s’est entretenu avec lui.

Pouvez-vous revenir sur la genèse du Hip-hop au Burkina Faso ?

Avant nous, il y a eu des rappeurs qui avaient sorti des albums au Burkina comme Basic Soul et le groupe Attentat. J’organisais des concours de rap. C’est à partir de là qu’on a vu qu’il y a vraiment du potentiel et on a décidé de faire une compilation. Le concours de Rap a été fait en 1999 et c’est le groupe OBC qui a gagné. Parmi les lots, on devait leur faire deux titres en studio. C’est pendant qu’on faisait ces deux titres qu’on s’est rendu compte de l’importance de faire une première compilation de Rap burkinabè.

Comment s’est implanté le mouvement au Burkina Faso et en quelle année ?

C’est en 2000 qu’il s’est vraiment implanté. Comme je l’ai dit tantôt, il y avait des albums qui étaient sortis. Mais les vraies dédicaces et la promotion qui est faite autour de l’album lui donne plus de valeur. Nous avons eu la chance de connaître un peu ce milieu, c’est-à-dire la promotion. Il y a eu un gros tapage autour de la sortie de nos albums. C’est ce qui a permis de marquer le départ des vraies activités du Hip-hop au Burkina Faso. Les premiers autographes que les artistes signaient étaient à nos différentes dédicaces.

Quel est l’état des lieux du Hip-hop dans le monde et précisément au Burkina ?

Dans le monde, il évolue très bien. La façon de rapper à l’époque n’est plus la même que celle d’aujourd’hui. Il y a d’autres variantes du Hip-hop comme la Drill par exemple, qui sont venues et qui marchent très bien. Le Hip-hop est toujours super coté aux Etats-Unis et en France. Au Burkina Faso, on remarque qu’il y a beaucoup plus d’engouement également. Il y a de nombreux jeunes qui aiment le Hip-hop grâce à la nouvelle vague de chanteurs qui l’a adapté à la sauce burkinabè.

Quel est son apport dans la culture et la société burkinabè selon vous ?

Le Hip-hop a un apport très important dans la culture et la société de ce pays. Ce sont des faits sociaux qui sont relatés par la plupart des rappeurs. On promulgue des conseils qui permettent de prendre conscience de la bonté ou des méfaits de tout un chacun. De cette manière-là, on arrive à éduquer. C’est un mouvement revendicateur qui dénonce. On arrive à recadrer certaines personnes, juste à travers les paroles de nos chansons.

Au-delà de tout ce que vous avez cité, les personnes conservatrices accusent le Hip-hop d’être vulgaire, un commentaire ?

Il est normal que le Hip-hop soit vulgaire parce qu’on dénonce. Pour dénoncer quelque chose on n’a pas besoin de la maquiller. Il est vrai que les personnes conservatrices voient qu’aujourd’hui c’est plus vulgaire que constructeur. Il faut prendre conscience que les choses évoluent. Si on prend un mouvement comme le Coupé décalé, il n’y a rien comme message qui est promulgué. C’est ce que les gens aiment parce qu’après le travail, on ne veut pas être conseillé comme on le dit.

Certains rappeurs passent par ce créneau pour se faire entendre parce que, qu’on le veuille ou pas, quand on propose une chanson, c’est pour que les gens écoutent. Le vrai Hip-hop n’a pas vraiment d’audience. Il vient surtout pour conscientiser. Les gens n’ont plus la tête à lutter. Quand les paroles sont légères, cela passe plus facilement que quand tu viens et que tu écris des vers bien posés comme le Hip-hop d’avant. Cela ne passe plus vraiment parce que les gens veulent de la variété. Les gens veulent s’amuser, ils préfèrent que les rappeurs fassent ce qui se passe actuellement.

Que pensez-vous de la nouvelle génération de rappeurs burkinabè ?

Elle est très talentueuse. Elle a un mérite qu’on ne peut pas lui enlever. Elle a remis au goût du jour le Hip-hop burkinabè. Aujourd’hui, les meilleurs artistes sont encore les rappeurs. La preuve, le Kundé d’or est aujourd’hui un rappeur. Le Rap a toujours été plébiscité par les mélomanes au Burkina Faso. Cette nouvelle génération a les lauriers qui vont avec.

Le Hip-hop semble être toujours réservé aux hommes, surtout au Burkina. Selon vous, pourquoi c’est le cas ?

Pour être un bon rappeur, il faut être prêt à recevoir des critiques. Les femmes ne sont pas forcément les mieux adaptées aux critiques. Un rappeur c’est quelqu’un qui parle tout le temps de guerre et de combat. Cela n’est pas forcement féminin. Mais par la grâce de Dieu, on a de bonnes rappeuses au Burkina Faso. Seulement, si on veut faire un pourcentage, le genre est vraiment très mal représenté. Mais il y a de très bonnes rappeuses qui font avancer le Hip-hop burkinabè.

Que souhaitez-vous au Hip-hop pour les 50 prochaines années ?

Qu’il prospère encore plus dans nos contrées parce que tous les rappeurs n’arrivent pas à vivre de leur art. Il faut que les gens prennent la peine d’écouter. S’ils écoutent ils verront qu’il y a vraiment beaucoup plus de sens dans le Hip-hop que dans certains genres musicaux qu’ils adorent. C’est tout ce que je peux souhaiter au Hip-hop. J’espère qu’il y aura toujours des promoteurs de Hip-hop afin qu’on reparte vers les lettres d’or du Hip-hop burkinabè.

Samirah Bationo
Lefaso .net

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