La situation sécuritaire au Burkina Faso continue d’alarmer les populations. Nonobstant les gros efforts fournis par le gouvernement pour endiguer le phénomène, force est de reconnaître que le pays est loin d’être sorti de l’auberge. Çà et là, la psychose gagne désespérément des cœurs et depuis janvier 2023, les habitants du Nayala peinent à fermer l’œil. C’est ce qu’a déploré à travers une conférence de presse organisée ce jeudi 12 janvier 2023, la coordination provinciale de soutien aux déplacés internes du Nayala, qui craint par ailleurs l’avènement d’une prochaine crise humanitaire.
Dans la nuit du 2 décembre 2021, le commissariat de Gassan, dans la province du Nayala, était attaqué. Même si aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée et que la vigoureuse riposte des policiers avait mis en déroute les assaillants, cette attaque annonçait que le loup était déjà dans la bergerie. Depuis lors, des cellules de volontaires pour la défense de la patrie se sont formées pour opposer une résistance face à la situation qui s’annonçait déjà troublante.
- Les numéros pour les contributions des uns et des autres sont : 67 10 13 44 et 03 03 82 00. Les dons en nature sont reçus chez le chef de canton Emile Paré à Gounghin
Malgré cela, la sécurité dans la province se dégradait à petit feu à travers des manifestations diverses telles que : « les difficultés de circulation entre les différentes localités, les incursions des Hommes armés non identifiés (HANI) dans les localités, des pressions multiples sur les agents de l’Etat les obligeant à abandonner leurs postes, des difficultés d’approvisionnement en produits alimentaires en provenance du Sourou », a égrainé Yacouba Paré, vice-président de la coordination provinciale de soutien aux déplacés internes du Nayala.
- « En dehors de Toma, l’administration est partie de toutes les localités et les écoles sont fermées dans la plupart », Yacouba Paré
Lire aussi Boucle du Mouhoun : 6 328 nouvelles personnes déplacées déjà enregistrées en 2023
Pas plus tard que le 2 janvier 2023, le village de Soro, dans le département de la commune de Gassan, se réveillait avec la triste nouvelle de l’assassinat crapuleux de l’abbé Jacques Yaro Zerbo. Et comme si cela ne suffisait pas à horrifier les populations, le 4 janvier, une incursion des HANI à Gassan a provoqué le départ massif des populations vers Tougan, Dédougou et Toma.
- De gauche à droite : le chef de village de Kissan et les chefs de canton de Toma (milieu) et de Soro
A ce jour, le tableau est sombre, selon Yacouba Paré : « Gassan compte 10 600 habitants, Soro 1 700 et Doumbassa 1 500. On enregistre là un départ total des populations et de l’administration. A Kougny, Yaba, Yé, on note un départ partiel de la population et de l’administration. A Gossina, l’administration est partie et les écoles sont fermées. A Toma, on enregistre un afflux massif des Personnes déplacées internes (PDI), certaines se sont dispersées dans les provinces voisines comme le Mouhoun et le Sourou », affirme la coordination.
- « Cette situation nous interpelle à mieux nous organiser et à nous donner la main pour accompagner les populations et les autorités pour que la sécurité revienne », Cécile Bayé
Face à cette situation désastreuse qui annonce immanquablement les couleurs d’une crise humanitaire sans précédent, les chefs de canton de Toma, Yaba, Kougny, Yé, et Soro lancent de concert, un appel à tous les fils et filles de la province à faire parler leurs cœurs pour que le pire ne se produise pas. Par ailleurs, ils invitent le gouvernement à prendre en compte la province « dans le plan d’action de résilience et de lutte contre le terrorisme. »
Erwan Compaoré
Lefaso.net
