Actualités :: Groupe de Rap Sofaa : Bilan de 2 ans de carrière

Au Faso, sur l’échiquier musical hip-hop, le groupe Sofaa est cité parmi les "icônes" du mouvement.

Deux ans après la sortie de leur album, les "4" combattants" dressent dans cette interview, le bilan d’une jeune carrière pleine d’ambition.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce que le groupe Sofaa ?

Sofaa (S.) : Les Sofaa sont les vaillants combattants de l’almami Samory Touré. C’est l’homme qui a le plus résisté à la pénétration coloniale en Afrique occidentale. Et nous, en tant que jeunes africains, on a voulu rendre hommage à cet illustre personnage en prenant le nom de ses combattants. Le groupe Sofaa est composé de 4 personnes à savoir Dah Karim Victor (Set) Kaboré Raphaël (Crazy), Kafando Mahamadi (DH), Camara K. Karim (Kélétigui).

S. : On dit de vous que vous êtes les intellectuels du mouvement Rap au Burkina Faso. Qu’en pensez-vous ?

S. : Etre les intellectuels du Rap au Burkina nous paraît trop osé. Nous avons certes un niveau un peu plus avancé que les autres car nous sommes des étudiants. Mais, l’intellectualisme ne relève pas uniquement du fait qu’on sache lire ou écrire. Nos parents au village sont des intellectuels. Il suffit de savoir raisonner dans une logique bien donnée. Nous sommes le groupe de Rap burkinabè où il y a plus de diplômés.

S. : Quel bilan faites-vous de votre premier album, 2 ans après ?

S. : Le bilan est satisfaisant. Au départ, lorsque nous avons créé le groupe, peu de personnes croyaient en nous, encore moins en notre concept musical. Mais aujourd’hui, nous sommes satisfaits de voir que notre combat a abouti à un certain nombre de résultats. Nous avons pu imposer le fait de raper en langue nationale et notre musique est aussi ouverte à d’autres genres musicaux. Par exemple le titre "Samedi sera" est une forme de rumba sur laquelle nous rapons. Tout cela a été bien accueilli contrairement au rap "hasard cor" (pur et dur) des Américains que nous faisions avant.

S. : Avez-vous pu réaliser des concerts à l’extérieur du Burkina ?

S. : Dans la sous-région, nous avons joué au Mali. Nous avons eu des contacts en Guinée et au Niger mais nous n’avons pas pu nous y rendre à cause des contraintes académiques. Nous sommes tous étudiants. A l’extérieur du continent africain, nous avons pu nous rendre en France et en Belgique. En décembre dernier, nous étions à Paris où nous avons participé au festival "francophonie métissée". Ensuite nous avons joué à Anvers en Belgique dans un centre culturel flamand. En octobre, nous étions à Saint Nazaire au festival "les Escales".

S. : A quand le deuxième album de Sofaa ?

S. : Nous n’avons pas de date précise. Nous travaillons pour que notre 2e album soit à la hauteur de l’attente du public. Inch Allah, notre prochain album serait disponible l’année prochaine.

S. : Avez-vous des concerts en vue à court terme ?

S. : En octobre 2005, nous irons à Grenoble en France pour un mois. Pendant la francophonie, nous avons eu à Ouagadougou une rencontre culturelle avec un groupe de rap de Grenoble. Nous avons essayé ensemble d’élaborer un projet d’album qui reflétera la réalité musicale Nord-Sud. C’est dans ce cadre que nous irons à Grenoble pour essayer de concrétiser ce projet. Ce groupe était présent ici au mois de mars avec un certain nombre d’instruments. Nous avons défini les différents thèmes et concepts. Ce projet sera finalisé bientôt par la sortie d’un album.

S. : Quel est ce canal ?

S. : Notre canal idéologique, c’est le panafricanisme. Jusqu’à preuve du contraire, nous ne voyons pas un homme politique africain qui mène une politique juste dans ce sens.

S. : Votre rendez-vous manqué de Sun City ne vous a-t-il pas rendu amer ?

S. : Cela nous a beaucoup marqué et nous regrettons amèrement le fait de n’avoir pas effectué le déplacement. Quand on parle des Etalons, c’est la mobilisation autour de l’équipe avec des souscriptions à coup de milliards. Les Kora sont les championnats d’Afrique de musique. S’il y a un représentant d’un pays qui est nominé, toute la nation doit le soutenir.

S. : Cela n’est-il pas la preuve que le rap n’a pas encore conquis le cœur des autorités et du public burkinabè ?

S. : C’est une question de réalité. Parmi tous les artistes burkinabè qui ont été nominés aux Kora, les rapeurs sont les plus nombreux. C’est un jury formé de spécialistes en musique qui désigne les nominés. C’est une question de réalité et cela s’impose par soi-même. Le rap est une musique internationale, acceptée par les professionnels. Et les rapeurs sont les ambassadeurs de la musique burkinabè. La preuve est qu’ils sortent beaucoup hors du continent pour des concerts et des festivals. Quand vous allez en Europe, si vous demandez à un Européen de citer un artiste burkinabè c’est le nom d’un groupe de rap qui ressort. C’est dommage ce qui nous est arrivé mais il faut faire avec.

S. : Avez-vous reçu des prix avec votre album ?

S. : Nous avons été nominé aux Kora 2004 dans la catégorie meilleur groupe espoir de l’Afrique. Malheureusement nous n’avons pas pu effectuer le déplacement de Sun City pour une question financière. Ensuite nous avons été nominés au Kundé 2003 et nous avons remporté 5 trophées sur 6 aux Burkina rap Awards 2003.

S. : Le groupe Sofaa est taxé d’être cher et exigeant sur les cachets lors des spectacles. Que dites-vous ?

S. : Les Sofaa ne sont pas du tout chers. La preuve est que nous faisons des spectacles gratuits. Tout dépend de la tactique d’approche et du concept du spectacle. On ne peut pas nous demander de jouer devant un public de 2 à 3000 personnes et nous dire qu’il n’y a rien pour nous.

S. : Comment voyez-vous l’avenir de votre groupe au cas où chacun obtiendrait son diplôme universitaire ?

S. : Qui vivra verra. Mais de toutes les façons, on n’est pas prêts à jeter l’éponge. Il y a des professions qui ne sont pas incompatibles avec la musique. On restera toujours en contact avec la création artistique. Nous sommes des passionnés de la musique et nous essayerons d’aider nos frères qui montent. Un artiste ne chante forcément pas. On peut être artiste en aidant d’autres personnes.

S. : Crazy peut-il être magistrat rapeur après la FAC de droit ?

S. : La profession de magistrat ne m’intéresse pas trop. Je vais tout faire pour exercer une profession qui peut me permettre de faire la musique.

Interview réalisée par Romaric DOULKOM (romarikom@yahoo.fr)
Sidwaya

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