Venu au Burkina afin d’entrer en possession de la somme de 84 000 dollars US que lui doit un de ses compatriotes, un homme d’affaires pakistanais installé à Niamey se trouve nez à nez avec la prison pour "recel de 150 dollars US".Le dossier était en audience le 9 septembre 2005.
Les faits ont été résumés par le conseil de l’accusé en quelques phrases. Khalid Meshood Khan est un homme d’affaires pakistanais qui a parcouru la plupart des pays de la sous-région. Il réside depuis 1996 à Niamey au Niger où ses relations lui ont permis d’entrer en contact avec un de ses compatriotes, Satpal, homme d’affaires lui aussi. Quelque temps après, Meshood Khan est allé en aide à ce dernier qui était en difficulté : Il lui aurait prêté 84 000 dollars US pour le dépanner. Mais Satpal ne respecta pas l’accord signé avec son compatriote. Il disparut de Niamey.
Informé de la présence de son débiteur à Ouagadougou, Khalid Meshood Khan a décidé de le rencontrer afin d’entrer en possession de son dû. Dès son arrivée dans la capitale burkinabè, il prit contact avec un de ses anciens employés du nom de Iréné ; un jeune homme d’origine burkinabè qui avait travaillé pour lui au moment où il était installé au pays des hommes intègres. Ce dernier décida de l’héberger durant tout le temps que dureront ses recherches. Il prit aussi contact avec une jeune femme burkinabè se prénommant Odile ; une demoiselle qu’il dit avoir connue à Lomé.
Iréné et Odile qui ont été mis au parfum de l’affaire décident alors de l’aider à retrouver son débiteur et à entrer en possession de ses 84 000 dollars US. Quelques jours plus tard, les deux jeunes, accompagnés d’une troisième personne, feront savoir à Meshood Khan qu’ils ont retrouvé Satpal. Mais arrivé sur les lieux, Meshood Khan se rend compte que ses compagnons s’étaient trompés.
Le maître des lieux qui se nommait aussi Satpal n’était pas son débiteur. C’était une autre personne, homme d’affaires lui aussi, mais d’origine indienne. Ils décident alors de rebrousser chemin. Dans la même nuit, les trois jeunes ( Odile, Iréné et leur compagnon) commirent un vol dans le domicile de l’ homme d’affaires indien qu’ils avaient découvert.
Suite à ce vol, les trois compères ont proposé la somme de 150 dollars US à Meshood Khan. Une somme que ce dernier aurait d’abord refusée (parce qu’il n’en connaissait pas l’ origine) mais par la suite acceptée à cause des menaces brandies par "ses compagnons" : ils lui auraient fait savoir qu’ils allaient lui créer des problèmes et qu’ils ne l’aideraient pas à retrouver son débiteur, s’il refusait de prendre les 150 dollars US.
Cinq jours plus tard, c’est à la police où il a été incarcéré que Khalid Meshood Khan sera informé du fait que la somme qu’il a perçue provenait d’un vol commis chez l’homme d’affaires indien Satpal. Celui-ci aurait déclaré la perte de 5 000 dollars US lors dudit vol. Et de l’enquête menée par la police il est ressorti que les trois "compagnons" de Meshood Khan en étaient coupables.
Ce dernier, à sa comparution, dans un français approximatif, a fait savoir qu’il n’avait jamais su l’origine de la somme qu’il a reçue. Aussi a-t-il nié les faits qui lui sont reprochés.
En lieu et place de la peine de 6 mois d’emprisonnement ferme pour "recel de 150 dollars US" demandée par le Parquet, Khalid Meshood Khan a écopé de 6 mois avec sursis. Son avocat, Maître Blaise K. Palidié, a plaidé des éléments qui ont soutenu sa demande du sursis. Il a déclaré que les éléments constitutifs de l’infraction n’étaient pas établis : l’accusé est un étranger ; il n’a pas été pris en possession d’un produit du délit ; il ne savait pas que la somme qu’il a reçue était issue d’un vol ; le maintenir en prison serait une manière de mettre fin à ses activités commerciales au Niger, et d’envoyer des personnes au chômage.
Par Alain DABILOUGOU
Le Pays
