Actualités :: Femmes emprisonnées à la MACO : une situation déplorable

La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), créée depuis 1960, accueille en moyenne mille détenus : des hommes, des femmes et des mineurs. Que peut bien représenter l’univers carcéral pour la femme ? Pour savoir ce qui se passe derrière les murs de cette grande bâtisse, nous nous y sommes rendu le 16 août dernier.

"La prison, c’est l’enfer", affirme Bintou Goro, l’une des locataires de cet établissement pénitentiaire. "Quand vous y êtes, vous verrez toujours ce que vous n’auriez jamais souhaité voir de toute votre existence", ajoute-t-elle.
Elles sont au total 14 femmes, logées dans un bâtiment de deux cellules. Six dans la première et les huit autres dans l’autre. Les conditions d’hygiène sont douteuses. Des toilettes peu recommandables dans lesquelles il faut compter la douche et la latrine. En prison, la liberté d’aller et venir à son aise est confisquée et l’intimité bafouée.

Des femmes y sont, après avoir commis des infractions de toutes sortes. Il y a, entre autres, l’escroquerie, le vol, la vente ou la détention par-devers soi de drogue ou d’autres stupéfiants, le meurtre, l’assassinat, etc. A cela s’ajoutent l’excision, l’avortement, la complicité, le faux et usage de faux.

"C’est malheureux, de voir nos soeurs, nos mères en prison", affirment les femmes chargées de leur sécurité. Elles déplorent notamment le fait que certaines d’entre elles y arrivent avec des enfants. Les difficultés rencontrées dans la garde de ces détenues sont moindres et les cas de violence rares, selon les gardes pénitentiaires. Elles se situent au niveau des rapports entre les autres prisonnières et leur responsable de cellule, à laquelle les plus âgées refusent souvent de se soumettre. Les disputes ne sont pas fréquentes, mais elles existent tout de même. Des histoires qui font long feu. Toujours est-il que, selon ces mêmes agents de sécurité, les femmes sont plus dociles que les hommes, qui opposent souvent des résistances.

Pour ce qui est de la nourriture, Bintou Goro confie qu’il n’en manque jamais depuis son arrivée. "On nous livre un sac de maïs tout le temps et avec notre nombre peu élevé, nous le consommons pendant quatre ou cinq jours". Mais les ingrédients nécessaires à la préparation de la sauce ne sont pas toujours au rendez-vous. "Nous manquons de certains condiments et sommes obligées de nous ravitailler depuis l’extérieur avec l’aide de nos familles", raconte-t-elle.

Michel Souleymane Bamogo, major de l’infirmerie, note comme maladies relevées le plus souvent chez ces femmes, les infections sexuellement transmissibles, les malaises provoqués par une grossesse ou un avortement, etc. Idrissa Bancé , attaché de santé en santé mentale à l’hôpital de Kossodo, évoque le stress, l’anxiété, l’angoisse, la dépression. De même que les affections psychosomatiques (céphalées) les insomnies, les courbatures, l’anorexie, les douleurs diffuses, etc.

La situation sanitaire de ces femmes est, selon Idrissa Bancé, parfois en rapport avec leur vie antérieure et dans la prison, considéré comme un facteur aggravant. Et, lorsque ces détenues en état de dépression ne sont pas vite récupérées, elles sombrent dans "une crise totale et deviennent folles à leur manière".

"Les femmes et les enfants en milieu carcéral, cela ne semble pas juste. Ce sont des couches vulnérables à protéger, mais si leur présence en ces lieux vise à réguler la société, nous pouvons l’accepter avec un pincement au coeur", confie M. Bancé. Aussi préconise-t-il des mesures spéciales à leur égard, car ils ont besoin d’assistance et d’une bonne prise en charge psycho-sociale et médicale.

La vie en prison n’est pas que négative. Pour faciliter la réinsertion sociale des détenues, les textes imposent l’apprentissage de certains métiers à ces dernières. Il s’agit du jardinage, de la savonnerie, du tissage, de la cuisine, de l’alphabétisation, etc.

Par Christine SAWADOGO

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