L’emblématique duo de rap Yeleen fait à nouveau parler de lui dans le landerneau musical burkinabè. Après "juste un peu lumière", Salif et Mandowé ont à nouveau déployé "l’artillerie lourde" pour une fois encore étancher la soif de leurs nombreux fans.
A cet effet, leur deuxième opus, "Dieu seul sait", est officiellement sur le marché du disque depuis le 15 décembre 2003. Les 72 heures de concert (18-20-12-2003 visaient justement à imprimer à la sortie de cet album, une connotation particulière.
Ce qui s’était révélé au départ comme une "folle idée", a été, in fine positivement salué par le groupe Yeleen. Les 72 heures leur ont permis en effet, de s’écarter des chemins de l’orthodoxie : organiser trois (03) jours de prestation live quelque temps juste après la sortie de l’album ! Pour une première dans le milieu rap, le public qui manifestement n’en demandait pas mieux, n’a pas marchandé son déplacement au Centre culturel français Georges Melies. Là, il (le public) a pu apprécier de façon pratique l’énorme talent de Yeleen.
D’abord, une exaltante fusion de deux (02) styles car Mandowé, griot, chanteur et sculpteur a une voix envoûtante, et Salif parolier, est un poète des temps modernes.
Ensuite, Yeleen est un brassage de sonorités musicales du nord et du sud, une musique faite de textes profonds, de mélodies rimées et rythmées ; le tout cadencé par une inspiration typiquement africaine.
Tout au long des trois jours, donc, les mélomanes sont arrivés à la conclusion que la lumière du premier album guidait toujours les pas de Yeleen. Cette lumière brille tant et si bien qu’elle a permis la naissance de "Dieu seul sait". Titre philosophique et spirituel n’est-ce pas ? Eh bien, " Dieu seul sait" n’est pas moins un album à la portée de tous. La preuve c’est que les 16 thèmes qui y ont abordés évoquent le vécu quotidien : l’avenir, l’amour, l’injustice, le mariage forcé...
Il est le fruit d’une travail spartiate, oui très rigoureux. Cette rigueur n’a du reste pas été démentie sur scène. Les artistes, bien au contraire, en virtuoses ont fait constamment penser à M. Shakespeare Jourdain faisant de la prose. Et c’est le rap burkinabè qui gagne une fois de plus en noblesse. Pas étonnant donc que Yeleen ait été accompagné pendant ses 72 heures par Faso Kombat, Smokey, Basic Soul, Madson junior du Burkina, Makova Break dance de Suisse, Fac alliance de Guinée, King Adé de Trinidad de Tobago, sans oublier Yalad du Tchad, de grands noms donc pour une cause commune : remettre en cause le lamento, là où l’afro pessimisme est ambiant.
Yeleen pour la cause des malades du Sida
Cela s’est aussi illustré par cet appel à plus de solidarité envers les personnes souffrant du Sida. Pour ce faire, une exposition du nouveau mode vestimentaire de Yeleen, "Waga-Ndjam", ainsi que des articles de la Fondation Olorun se tient au CCF jusqu’au 23 décembre prochain. Selon Yeleen, les bénéfices de cette exposition iront au Centre camilien pour la prise en charge des malades du Sida. Toujours dans cette perspective, un maillot du journaliste Yacouba Traoré a été vendu aux .enchères à 179 000 F CFA.
Comme on peut le constater, Yeleen en plus de la musique pose des actes concrets pour le mieux-être des malades. Ils ont sans doute compris comme héraclite, que "lorsque la santé fait défaut, la sagesse ne peut se manifester, la culture ne peut s’exprimer, la vaillance ne peut combattre, la richesse devient unitile et l’intelligence sans objet". Souhaitons simplement que l’exemple de Yeleen soit suivi par d’autres artistes.
Arsène Flavien BATIONO (Stagiaire)
Sidwaya
