Le manque d’emploi, on le sait, constitue l’une des principales causes d’angoisse chez les jeunes diplômés, obligés qu’ils sont d’attendre souvent des années durant sans malheureusement la moindre certitude de décrocher quelque chose devant leur permettre d’effectuer leur entrée dans la vie active...
...Toujours à l’affût des rares offres d’emploi publiées dans les journaux ou diffusées sur les ondes des radios, c’est au prix de mille et un effort que certains arrivent à constituer leur dossier afin de répondre aux critères de candidature aux différents concours.
Cette situation déplorable continue malheureusement de faire de nombreuses victimes chez les sans emplois, qui font souvent l’objet de duperie. C’est ce qu’il nous a été donné de constater à Bobo-Dioulasso avec cette vaste escroquerie orchestrée par des esprits malins, sous le couvert d’un projet dénommé Programme de lutte pour l’aide des enfants défavorisés et orphelins du Sida (PRADORS), mais qui n’est en réalité qu’un projet fictif.
C’est sur les ondes de la RTB Ouest que les jeunes diplômés de la ville de Sya en quête d’emploi ont appris la nouvelle : un projet canadien, disait le communiqué, recherche des candidatures (300 au total) de niveau CEP pour des postes d’animateur rural et de niveau BEPC pour des postes d’agent de suivi. Toujours selon le même communiqué, les dossiers devaient être déposés à la mairie de l’arrondissement de Dafra moyennant la somme de mille francs.
Très vite, la nouvelle va se répandre dans toute la ville et du coup, on assistera à une course contre la montre chez les différents candidats, pressés qu’ils étaient de déposer leur dossier. Ce sont environ deux mille candidatures qui ont été reçues en l’espace d’une semaine alors que des centaines de retardataires s’affairaient encore pour être dans les délais.
Jusque-là tout se passait bien pour les organisateurs de ce fameux concours, qui se sont servis d’abord des antennes de Radio Bobo pour faire passer le message et ensuite de la mairie de Dafra pour la réception des dossiers. « Lorsque j’ai été contacté par rapport à ce concours, je n’ai pas hésité à apporter mon appui. Car il s’agissait d’une question d’emploi, qui est très cruciale à Bobo. Je n’ai pas trouvé d’objection à leur requête parce que pour moi, il fallait créer au plus vite les conditions pour permettre aux jeunes de Bobo d’accéder à l’emploi. C’est pourquoi je les ai autorisés à s’installer à la mairie pour la réception des dossiers », dira le maire de l’arrondissement de Dafra, monsieur Souleymane Sanou, qui a surtout fait preuve de vigilance.
La colère des candidats
C’est lui d’ailleurs qui finira par émettre de nombreuses réserves sur l’entreprise après des échanges avec le responsable du projet PRADORS. Sawadogo Oumarou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aujourd’hui considéré comme le cerveau de cette opération, qui lui a permis d’engranger en une semaine environ deux millions de fcfa.
Mais cette somme, il ne réussira pas à l’emporter puisque sur instruction de l’édile de Dafra, qui commençait à douter de l’authenticité dudit projet, les frais journaliers de dépôt des dossiers devaient désormais être reversés chez le régisseur de la mairie en attendant qu’on voie plus clair dans cette affaire. Il n’avait pas tort Souleymane Sanou, car il s’est avéré après des renseignements auprès de l’ambassade du Canada, que le projet Pradors n’existe nulle part. C’est ainsi que le pot au rose a été découvert, au grand dam de ces diplômés chômeurs.
Soumis à un interrogatoire dans le bureau du maire et ensuite à la police, monsieur Oumarou Sawadogo, qui se pavanait fièrement dans les locaux de la mairie et qui circule en véhicule, n’est en réalité qu’un véritable escroc qui n’a jamais pu démontrer l’authenticité de son projet. Reste maintenant à savoir la suite à donner à cette affaire qui continue de faire des vagues avec ces postulants aujourd’hui déçus et qui tiennent mordicus au remboursement des frais de dossier.
Mardi dernier, ils se sont de nouveau fait entendre à la mairie de Dafra, qu’ils tiennent pour responsable de cette supercherie. Et pour manifester leur colère, ils ont emporté des chaises et des tables après avoir grandement perturbé le travail.
De quoi alors irriter le maire Souleymane Sanou, qui ne comprend rien à l’attitude des jeunes malgré les efforts qu’ils dit avoir faits pour les ramener à la raison : « La somme saisie, qui se chiffre à environ un million quatre cent mille fcfa (1 400 000), avait été transférée au parquet à la demande du procureur pour les besoins de l’enquête. L’argent nous est maintenant parvenu et je les ai appelés ce mardi pour restituer leur frais de dépôt des dossiers.
Pour plus de sécurité, le régisseur attendait la police pour commencer l’opération. Ils n’ont pas voulu comprendre et se sont mis à manifester leur colère et à emporter des biens de la mairie. Je ne sais plus quoi faire », nous a confié Souleymane Sanou quelque peu dépité.
Observateur Paalga
