Alioun Zanré, commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Ouagadougou dans une conférence de presse tenue le 06 juin 2016, a annoncé que le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro ne sera plus relancé. Il a aussi annoncé que le dossier sera transmis à la justice ivoirienne. Suite à ces propos, nous sommes allés à la rencontre de quelques citoyens pour savoir ce qu’ils pensent de cette décision.
Un étudiant en fin de formation en psychologie
« Pour des questions sensibles comme ça, il est prudent de bien analyser la situation et de privilégier les relations entre Etats. On ne doit pas se presser pour traiter ces questions-là. Il faut voir le passé. Combien de millions de Burkinabè sont en Côte d’Ivoire ? Combien d’Ivoiriens aussi sont au Burkina Faso ? A cause de deux individus si on doit détruire ces bonnes relations qui existent entre nous, je pense que ce n’est pas sage. Cette procédure est particulière, ça nécessite une réflexion qui sorte de l’ordinaire pour traiter cette question. A mon humble avis, c’est mieux qu’on gère ça de façon diplomatique. »
Diallo Oumar, stagiaire juriste
« Cette décision est simplement une farce judiciaire. De nos jours, on ne peut pas parler de justice sans vérité. Quand je vois la procédure, je constate que c’est une farce parce que tout le monde sait comment poursuivre un député en justice. Ce n’est pas facile, de surcroît un président de l’Assemblée nationale. Il faut qu’on lève l’immunité, avant de le poursuivre. Si la justice burkinabè transmet le dossier à la justice ivoirienne, elle sait très bien qu’elle ne pourra pas juger Guillaume Soro parce qu’il faut l’accord des députés. Or, on sait que Soro Guillaume a la majorité à l’Assemblée nationale. Il faut qu’on s’assume. On veut la paix, certes, mais il faut d’abord la vérité et la justice. On ne peut pas permettre à un individu de se lever du jour au lendemain pour s’immiscer dans les affaires d’un autre Etat. Il faut que la justice burkinabè prenne la responsabilité de continuer ce dossier, parce que remettre ce dossier à la justice ivoirienne, c’est une farce. »
Moussa Ouattara, fonctionnaire
« Je pense que c’était un combat qui était perdu d’avance, parce qu’il était illusoire de penser que la Côte d’Ivoire allait extrader Guillaume Soro. S’il y a une autre possibilité pour permettre à la vérité d’apparaître, je pense qu’il est sage de suivre cette solution, plutôt que de s’entêter à vouloir relancer le mandat d’arrêt. »
Mamadou Zigui, commerçant
« Le commissaire du gouvernement a raison de ne plus vouloir relancer le mandat contre Guillaume soro. On sait que la Côte d’Ivoire ne va jamais extrader son président de l’Assemblée nationale pour qu’on le juge. On a des dossiers ici, il faut qu’on juge ces dossiers-là d’abord. On a combien de dossiers qui sont dans les tiroirs ? Crimes économiques, crimes de sang, on n’en parle pas. Moi je suis content de cette décision. La justice ivoirienne même ne va pas poursuivre Guillaume Soro. Nous on a des dossiers ici, penchons-nous sur ça d’abord et quand ça sera résolu, on verra le reste. »
Palenfo, employé de commerce
« Je suis touché par cette décision, parce que nous tous on croit que Guillaume Soro a quelque chose à voir dans le coup d’Etat. Si maintenant, la justice nous fait savoir qu’ils ne vont plus poursuivre avec le mandat d’arrêt, on ne peut rien faire. On ne fait qu’observer seulement. Franchement je ne suis pas content. J’aurais espéré que ce mandat d’arrêt aboutisse pour qu’on connaisse tous ceux qui étaient à l’origine du coup d’Etat et qu’ils soient jugés. Je pense que sans la justice, il n’y aura pas de paix. »
Propos recueillis par Justine Bonkoungou (stagiaire)
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