Quelqu’un a dit que la force des amitiés et des groupes est plus forte que la discipline des idées et des partis. Cela n’est plus valable de nos jours car les intérêts prônent sur tout et seuls les principes et les lois hérités de la tradition peuvent nous fixer des chemins sûrs.
Quand Edouard a demandé à Moussa s’il était vrai qu’il avait des relations intimes avec Faustina, il lui a demandé si lui Moussa ressemblait, à première vue, à un impuissant. Les hostilités étaient ouvertes.
Edouard est un cadre compétent nommé à la tête d’ un projet.
Il était âgé et ses cheveux étaient grisonnants. En plus, il était surtout volage et avide de chair tendre.
Marié, il avait de grands enfants qui, tous travaillaient. Son épouse élevée dans la tradition ne trouvant rien à dire quand son homme rejoignait le bercail, certains soirs, après une heure du matin. Edouard avait sous ses ordres des agents qui évoluent sur le terrain en milieu rural. Aussi ils étaient tous dotés de motos et les réparations s’effectuaient chez Moussa.
Ce dernier établissait les factures, les présentait à la comptabilité et Edouard les visait pour paiememt
C’est dire qu’Edouard et Moussa le mécanicien se voyaient très souvent. Moussa était jeune et communicatif. Ainsi, il devient le confident et le pourvoyeur de filles pour Edouard. Une maison genre célibatorium fut trouvée et ameublée. Pour celles dont l’épaisseur du porte-monnaie annonçait la galère, Moussa le démarcheur était approché pour prendre contact avec le filon, ce qu’il faisait avec empressement. Ainsi, plusieurs filles, épouses, avaient joué aux jambes en l’air dans le celibatorium pour des sous. Entre temps, Edouard fera comprendre à Moussa, qu’il fallait renouveler la garde robe, du nouveau.
Or, Edouard avait repéré une jeune fille du nom de Faustina qui logeait près de son service. Cette fille était la propriété d’un El Hadj, un gros commerçant, qui l’entretenait à ses frais, nourrie, logée, habillée et enfeuillée. Moussa fut chargé de la mission et ce fut une réussite.
Moussa n’était pas resté insensible aux charmes de Faustina. Possédant aussi une clé du célibatorium, il réussit un tour de force à y amener souvent Faustina. Cela se passait dans la journée quand elle se rendait au marché. Cette escapade fut portée à la connaissance de Ladji qui y alla avec la manière. Henri Troyat a écrit dans "La lumière des justes" que dans les cas graves, le médecin ne soigne plus, il ampute. Ainsi, un matin vers dix heures quand Moussa sortit de la baraque avec derrière lui Faustina, il fut cueilli par trois malabars qui le laissèrent sur le carreau. Le message avait été compris car il n’était pas question pour Ladji d’aller s’expliquer avec Moussa. Inutile de dire que les voisins au long cou et les passants qui ont assisté à la correction, ne se sont pas fait prier pour ébruiter l’incident en ville. Moussa a passé cinq jours au lit . Edouard qui avait été mis au courant et tenait mordicus à Faustina se jeta à l’eau. Il prit Faustina sous son aisselle. Victor Hugo avait raison d’écrire dans "Les misérables" que partout où il y a une jolie femme, l’hostilité est ouverte.
Ladji voulait faire de la résistance, mais il risquait de perdre les nombreuses commandes venant des projets car dans ce cas de figure, les responsables sont solidaires. Aussi se tient-il tranquille.
Ce qui est certain, Moussa n’est pas un impuissant et a cessé d’être proxémète.
Rakissé
Sidwaya
