Actualités :: Rakiré entre Mossé et Sanan : Une journée pour renforcer cette pratique (...)

Conduits par le chef de canton de Djoroum, les Sanan (les Samos comme on les appelle couramment), se sont rendus au palais du Mogho Naaba Baongho le samedi 12 mars 2016. Pendant 24 heures, ils se sont mesurés à leurs « maîtres » Mossé, par des concours d’art culinaire, de lutte traditionnelle, un match de football féminin et un autre masculin, et une exposition vente de produits artisanaux Sanan et Mossé. Initiées par l’association « SitoiLawaa » (confie-toi à Dieu), ces différentes activités se sont déroulées sous le registre de la légendaire parenté à plaisanterie entre les deux ethnies.

Comme il fallait s’y attendre, la parenté à plaisanterie ou le « rakiré  » en mooré, était au rendez-vous de cette journée « 24 heures du rakiré » (Sanan et mossé). Et c’est par un match de levée de rideau, où les filles et femmes Mossé se sont imposées par 2 buts à zéro face aux filles et femmes Sanan, que la journée a débuté. Apres cet avant-goût, le terrain a été cédé aux hommes, pour la confrontation proprement dite. Et c’était sans compter sur les hommes Sanan, qui ont tenu à prendre leur revanche. Le grand match s’est soldé par un score d’un but à zéro en faveur des Sanan.

Le président d’honneur, le Mogho-naaba présent à la cérémonie, a salué l’initiative d’une telle activité, et se dit toujours disposé à accompagner de telles initiatives. A cet effet, après avoir offert l’eau de bienvenue à son hôte, le chef de canton de Djoroum, le roi des Mossé a déclaré la journée ouverte, en demandant à ses concitoyens de faire preuve de vigilance. « Sa majesté demande à ses concitoyens de faire attention à leurs poches. Soyez vigilants et très vigilants, parce ce que vous avez des voisins et des voisines, on ne peut plus, aux mains baladeuses. Faites très attention », a averti un communiqué lu par le Poé Naaba.

Pour Vincent Sédogo, directeur du patrimoine culturel et représentant du ministre en charge de la culture, cette rencontre magnifie la parenté à plaisanterie entre Mossé et Sanan. Il s’agit d’un savoir culturel, un garde-fou inventé par nos ancêtres pour préserver la paix et favoriser la cohésion pacifique entre les communautés. « Dans un contexte multiculturel où cohabitaient autrefois, plus d’une soixantaine de communautés qui se distinguent les unes des autres par la langue, les us et les coutumes, les groupes sociaux ont été amenés à défendre leurs intérêts seuls ou en association. Ces grands moments de l’histoire nationale forment des circonstances heureuses et malheureuses du passé, qui ont été fixées dans le temps à travers des rites mais aussi des cérémonies commémoratives, dont la plus connue est la parenté à plaisanterie » a-t-il expliqué.

La présidente de l’association Konané /Paré Suzanne, se dit satisfaite de la présente édition. Et si la première édition en 2010 n’a pas été un succès, elle avoue que le niveau a été revu à la hausse. En outre, elle invite les associations sœurs à s’engager afin que le « rakiré  » soit bien vu au Burkina.

Dr Cyriaque Paré, co-parrain de l’événement et fondateur du journal en ligne, Lefaso.net, s’inscrit d’ailleurs dans cette dynamique. « C’est un grand plaisir de contribuer à la fluidité des relations sociales des Burkinabè, entre Mossé et Sanan » a-t-il signifié. A cet effet, il apprécie cette forme de communication qui vise à résoudre les tensions sociales et pérenniser les différentes relations. Aussi a-t-il tenu à lancer cet appel aux Mossé : « Je lance un appel à l’endroit des Mossé de toujours respecter leurs maîtres, de les écouter et de se conformer à ce qu’ils disent. Que chacun reste à sa place comme on le dit » a-t-il plaisanté.

Alexis Konkobo, également co-parrain de l’événement et président de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB), magnifie cette pratique ancestrale et se dit heureux d’accueillir ses esclaves. « On n’a pas besoin de vous le dire. Les Sanan sont venus répondre à l’appel de leurs maîtres. C’est une réalité qu’on ne peut pas déboussoler et c’est une fierté pour nous, de recevoir nos esclaves à Ouagadougou ».

De retour du terrain de football, le Mogho Naaba a vu l’entrée de sa résidence bloquée par des femmes Sanan. Il a dû débourser la somme de 20 000 francs CFA pour y avoir accès.
La prochaine édition des 24 heures du Rakiré est prévue pour 2017.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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