Actualités :: Situation à l’Université de Koudougou

Les universités publiques du Burkina Faso souffrent de l’absence de vision politique claire conséquence de l’inscription du pays dans les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS). L’application du système Licence-Master-Doctorat (LMD) qui s’inscrit dans la même philosophie que ces PAS constitue le parachèvement de la libéralisation du système scolaire et universitaire.

Dans le contexte actuel de crise dans les universités publiques comme celle de Koudougou, le système LMD constitue un amplificateur des difficultés que vivent les différents acteurs. Par ailleurs, le rythme d’exécution des enseignements dans cette université est tributaire des vacataires du fait du manque criard d’enseignants permanents. Paradoxalement, les autorités de l’Université de Koudougou (UK), à travers des artifices, œuvrent pour la démotivation du personnel enseignant. Enfin, et pour ne rien arranger, l’UK est caractérisée par une gouvernance financière qui contribue à davantage plomber l’institution.
Concernant le système LMD, en plus de la précipitation dans sa mise en œuvre par les autorités universitaires et en l’absence de mesure d’accompagnement, cette réforme constitue un véritable recul à l’Université de Koudougou. Cette université qui formait annuellement plusieurs centaines d’étudiants de niveau Maîtrise (BAC + 4) est réduite au niveau licence (BAC + 3) dans plusieurs de ses départements (Histoire, Géographie, Lettres Modernes, etc.). Pour l’ouverture du niveau Master dans un département, il faut un professeur de rang A (au moins un Maître de conférences) et pour être Maître de conférences, il faut avoir encadré ou co-encadré des étudiants de niveau Maîtrise ou Master. A l’absence du Master, la situation apparait comme un « serpent qui se mord la queue  ». Le refus d’ouverture des Masters dans les différents établissements équivaut, à terme, à une liquidation de l’enseignement supérieur tout comme le retrait de la formation doctorale au Centre de pédagogie universitaire (CPU) et l’abandon des suivis de l’ENS à d’autres partenaires.
Pourtant, il est nécessaire d’ouvrir les Masters de l’UK afin de permettre aux étudiants de poursuivre leurs études ; une des conditions du renforcement du corps professoral.
L’Université de Koudougou est très dépendante des vacataires. Pourtant, la présidence de l’UK affiche une attitude qui frise le mépris vis-à-vis de ceux-ci depuis plusieurs années. En effet, les vacataires de l’UK perçoivent 15000 fr/jour de frais de mission au lieu de 27 000/jour comme prévu par le texte en vigueur. Actuellement, les vacataires doivent préfinancer leurs missions en attendant que l’UK veuille bien leur rembourser. Pour se justifier, les responsables de l’Université évoquent « l’insuffisance chronique » des allocations budgétaires. Cette réalité a des conséquences graves sur les activités académiques à l’UK. Des enseignants vacataires, résidant hors de Koudougou, refusent d’effectuer le déplacement de l’UK si bien que des départements (Géographie, Histoire, Lettres Modernes, etc.) poursuivent toujours l’année académique 2014-2015.
Dans cette situation, aucune initiative n’est entreprise pour inciter les candidats à l’enseignement à déposer leur dossier dans les universités publiques en général et à l’Université de Koudougou en particulier. En effet, la date de prise de service d’une dizaine d’enseignants recrutés en décembre 2014 est actuellement source de tensions entre ces derniers et les autorités de l’UK. Après environ un an d’attente, ces nouveaux enseignants ont toujours maille à partir avec les autorités de l’UK pour la régularisation de leurs situation administrative. Quand on sait le manque d’enseignants à l’UK, cette situation relève purement et simplement de l’insouciance vis-à-vis de la carrière des enseignants et du sabotage de la formation des étudiants.
Par ailleurs, les autorités de l’UK imposent leur point de vue avec la complicité du ministère de tutelle au mépris des prérogatives des instances statutaires. C’est le cas de la réduction du nombre de suivi pour les élèves-professeurs de l’ENS-UK de deux à un, au détour d’un atelier sans consultation des conseils scientifiques et du Conseil de Formation et de la Vie Universitaire (CFVU).
En plus de cette mauvaise gouvernance administrative, depuis au moins trois ans, les incertitudes, les hésitations, les atermoiements autour des questions financières sont légions à l’Université de Koudougou. A titre d’exemple, à l’Ecole normale supérieure, les frais des jurys d’examens pratiques 2014-2015 et ceux des organisations des examens pratiques, depuis l’année académique 2012-2013 sont toujours en souffrance. De nombreux enseignants et personnel ATOS attendent depuis longtemps la régularisation financière des actes relatifs à leur carrière : avancements ; reclassements ; promotions au CAMES ; détachements ou mise à disposition. Des frais de soutenances de mémoires et de délibérations qui ont eu lieu depuis le mois de Juin 2015 ne sont toujours pas payés.
Les enseignants, soit par leurs représentants, soit par la voix de leurs syndicats ont régulièrement attiré l’attention des autorités de l’université sur le mécontentement et la démotivation du personnel consécutifs au laxisme dans le traitement des situations administratives et des questions financières.
Déjà en 2014, après moult tractations, les enseignants avaient suspendu les délibérations pour exiger le paiement des arriérés. Au mois de juillet 2015, ils décidaient de reconduire la même lutte suite aux mêmes tergiversations. Une initiative de médiation du chef coutumier de Issouka a conduit à la suspension dudit mouvement. En effet, ce dernier s’était fermement engagé à user de toute son autorité pour obtenir des premiers responsables de l’Université de Koudougou un traitement diligent des différents actes académiques et pédagogiques. Face à cette initiative, les enseignants, faisant preuve d’un sens élevé de la responsabilité ont levé leur mot d’ordre de suspension des délibérations. L’assemblée générale des enseignants tenue le 12 novembre 2015 a fait le constat de l’échec de la médiation du chef de Issouka. En effet, en dehors de quelques dossiers très mineurs qui ont été payés : les frais d’organisation des élections, les copies supplémentaires, les frais d’organisation des sélections de candidats aux Master du CPU, qui du reste ne concernent qu’une infime minorité d’acteurs, c’est le silence total sur les actes académiques qui concernent la majorité du personnel de l’Université de Koudougou.
Par ailleurs, depuis plus 3 ans aucun enseignant-chercheur à l’université de Koudougou n’a reçu de toge après une promotion au CAMES, les responsables de l’UK arguant toujours le manque d’argent.
Face à cette situation qui frise le mépris, les enseignants ont tenu un sit-in devant le bâtiment de la Présidence de l’Université de Koudougou le 17 novembre 2015 pour exiger une meilleure gouvernance administrative et financière, notamment à travers :
-  l’ouverture des Masters dans les différents départements de l’Université de Koudougou remplissant les conditions ;
-  la résolution définitive de la question des frais de mission afin de permettre un meilleur déroulement des activités académiques et pédagogiques ;
-  la régularisation sans délais des certificats de prise de service des nouveaux enseignants en tenant compte de la date de prise de service du ministère ;
-  le respect des instances de fonctionnement de l’UK dans leurs prérogatives ;
-  le paiement sans délai des arriérés relatifs à tous les actes académiques et pédagogiques ;
-  la régularisation administrative et financière des situations de carrières des enseignants ;
Les enseignants de l’Université de Koudougou tiennent à prendre l’opinion publique nationale à témoin quant aux insuffisances graves dans la gestion administrative et financière de l’Université de Koudougou. Ils tiennent les autorités de l’Université de Koudougou pour responsables de la dégradation du climat de travail dans ladite Université. Ils se réservent le droit d’engager toute action pour faire aboutir leurs légitimes revendications.

Fait à Koudougou, le 24 novembre 2015

Pour le SYNADEC /secteur Koudougou
Oumar MALO

Pour la F-SYNTER/Université de Koudougou
Paulin SOME

Pour le SNESS/Université de Koudougou
Constantin PODA
Pour les délégués du personnel enseignant de l’Université de Koudougou
Innocents OUEDRAOGO

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