Dur d’être un gamin sans occupation pendant les vacances ! Ramasser le sable est l’un des jobs préférés des enfants en cette saison hivernale. De plus en plus, ils s’aventurent dans les caniveaux au détriment des voies où le sable se fait rare. Au quartier Pissy, aux abords de la Nationale N°1, Fofana Aboubakar et ses camarades sont des as de la débrouille. Ils empochent en moyenne 5000F par jour en vendant du sable. Cet argent leur servira à acheter des vêtements et des fournitures scolaires à la prochaine rentrée des classes. Nous les avons rencontrés à leur lieu de « travail » ce mercredi 02 septembre 2015.
« Si vous voulez qu’on parle, il faudra payer avant », nous lance Maimouna, élève en classe de 5e. Très vite, un attroupement d’enfants se forme autour de nous. Tandis que nous nous démenions pour leur arracher quelques mots, deux tricycles repartaient chargés du sable fraichement raclé au fond du caniveau. Aboubakar Fofana venait d’empocher la somme de 10 000 F. Elève en classe de 4e, il n’hésite pas à faire de petits boulots pour venir en aide à ses parents. Depuis 2013, il est un habitué des caniveaux. Après une forte pluie, le petit sénoufo se frotte les mains car sa tirelire va se « goinfrer » encore de pièces et de billets. Les affaires semblent bien marcher et cette année encore Fofana n’aura pas besoin de l’aide de ses parents pour bien se vêtir et s’acheter le matériel scolaire.
Après quelques hésitations, il veut bien nous laisser « fouiner » dans son business. Mais à peine a-t-il pris le temps d’inspirer, qu’un tricycle se gara. « L’argent est trop !!! », s’écrie-t-il Le jeune garçon avant d’aller satisfaire un client venu charger la marchandise. Quand le sable ne suffit pas, les enfants décident de se prêter main forte pour satisfaire la clientèle. Et hop ! Les voilà redescendus dans le caniveau. L’eau est légèrement en dessous des genoux. Après quelques pelées, l’engin est chargé comme un baudet et le voilà reparti.
Le sable est-il de bonne qualité ? Certainement pas, au regard des déchets (sachets, morceaux de bois, mèches…) qu’on y trouve. Le tri est souvent fastidieux mais « le client n’a pas le temps », s’explique Maimouna, la seule fille du coin. A 14 ans, elle dit également disposer d’une petite fortune, suffisante pour aider ses parents. La semaine dernière (du 24 au 30 août), la jeune fille affirme avoir encaissé plus de 15 000 F. Pour elle, le soutien de sa famille est important car « ce n’est facile pour moi », nous confie-t-elle.
Des conseils, elle en reçoit chaque matin à sa sortie. « Mon père m’interdit de rentrer dans le caniveau lorsque le niveau de l’eau est très élevé. Quand il pleut, nous sommes tous à la maison et ce n’est que le lendemain que nous avons le droit de venir chercher le sable », explique-t-elle avant de revenir à la charge « donnez-nous de l’argent sinon nous n’allons plus parler ». Elle est aussitôt soutenue par son frère aîné qui lui souffle d’exiger un billet de 1000 F.
Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net
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