Les autorités de la ville de Bobo-Dioulasso ont encore sonné l’alarme sur le phénomène grandissant du mariage forcé et/ou précoce. Dans le cadre de la campagne de plaidoyer et de sensibilisation, une rencontre a eu lieu mercredi 26 août avec les leaders coutumiers et religieux afin de venir à bout du phénomène. L’initiative est soutenue par l’Unicef.
A Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina, des enfants continuent de subir les affres du mariage forcé et/ou précoce. Le cas le plus récent date du mois de juin où une jeune fille promise en mariage a dû se réfugier sur un site d’or. Son prétendant de mari s’est mis à sa recherche et il l’a retrouvera quelques jours après. « Lorsqu’ils sont arrivés à Bobo-Dioulasso pour continuer au village, à la gare, la fille aura la présence d’esprit de résister, attirant du même coup les attentions qui alerteront l’action sociale du Houet », explique Adaman Nikiéma, directeur provincial de l’Action sociale et de la solidarité nationale. En juillet dernier, c’est un autre cas auquel Issa Gnessien, agent de l’action sociale à l’arrondissement, a assisté dans le quartier Bolomakoté. Une jeune fille de douze ans a été contrainte de se marier à une personne plus âgée qu’elle.
Les cas, selon le directeur provincial, sont légion à Bobo-Dioulasso et environnants. Malheureusement dit-il, sur dix cas, il n’y a qu’un seul qui parvient à leurs services. Les chiffres sont pourtant parlants avec en 2013, 70 cas et 74 cas en 2015. Au premier semestre de 2015, les services ont déjà enregistré 48 cas. « Un chiffre qui pourrait doubler, voir plus d’ici la fin de l’année si rien n’est fait », prévient M. Nikiéma.
Avec les leaders coutumiers et religieux ce mercredi 27 août, il a été question des causes et conséquences du mariage forcé et/ou précoce. Il a aussi été question des dispositions juridiques et les stratégies de lutte contre le phénomène. Selon le secrétaire général de la province du Houet, Abdalah Sangaré, après cette étape de sensibilisation, ce serait la phase de répression. « Le phénomène est assez grave et viole les droits des enfants », a-t-il rappelé.
Sensibiliser oui… mais renforcer l’éducation des enfants aussi
Le représentant du chef coutumier de Dagasso est, on ne peut clair avec les autorités à qui, il a demandé de sensibiliser les enfants sur les bonnes conduites comportementales. A l’entendre, les enfants s’éduquent seuls avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais également avec la télévision. « Ils regardent des choses incroyables et veulent les mettre en pratique », dit-il, ajoutant que face à ces « nouveaux outils », les enfants se croient plus intelligents, matures… que leurs parents. « Sinon, raconte-t-il, comment se fait-il qu’un garçon de 11 ans puisse engrosser une fille de 10 ans ». L’histoire est réelle et même très récente. Elle a eu lieu dans la cour du représentant du chef coutumier de Dagasso. Le garçon, précise-t-il, vient juste d’avoir son Certificat d’études primaires et la fille s’est vue contrainte d’arrêter les études. Pour lui, c’est le résultat de l’utilisation des outils des nouvelles technologies.
Informés cependant des conséquences des ces mauvaises pratiques, les participants ont promis faire leurs ces données qu’ils divulgueront auprès d’autres personnes. La prochaine étape de la sensibilisation aura lieu le 7 septembre à Dandé, commune rurale située à une quarantaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso.
Bassératou KINDO
Lefaso.net
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