Actualités :: Kounkounfouanou : Quelle vie après le ‘’sauve-qui-peut’’ ?

Déguerpis le 16 juin dernier, les habitants du village de Kounkounfouanou ont trouvé refuge un peu partout dans la région de l’Est et Bénin voisin. Et certains sont à Natiabouani, un autre village, situé à une vingtaine de kilomètres du leur. Là, ce sont des paysans désemparés, des femmes au regard vide, et des enfants piteux, que nous avons rencontrés. C’était le jeudi 2 juillet 2015.

Ils ont été délogés le 16 juin dernier dans le cadre d’une opération policière de « déguerpissement de la zone pastorale de Kabonga » pour « empêcher la population irrégulièrement installée dans ladite zone d’entamer toute activité agricole et y faire cesser toute activité relative à une exploitation minière durant trente-trois (33) jours ». Et les habitants de Kounkounfouanou, le seul fait que leur village jouxte cette zone pastorale, a suffi pour faire l’objet de déguerpissement forcé après qu’ils ont été informés le 22 avril et mis en demeure le 13 juin, de quitter le village. Quitter pour aller où ? Ils n’ont pas eu de réponse à cette question avec ceux qui les ont informés et mis en demeure. Cette réponse, ils ne l’auront pas, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent obligés de prendre leurs jambes au coup.
C’est ainsi que certains ont pu se trouver une maison à Natiabouani. Mais ils s’y retrouvent à plusieurs, au moins trois chefs de familles. D’autres n’ont même pas eu ça. Ils habitent sous des arbres. Tout se passe là-bas, dans la nature. Leur dignité se trouve suffisamment atteinte.
Avec eux, de nombreux enfants qui inspirent la pitié. Evidemment, des élèves parmi eux. Certains de ces élèves n’ont pas pu faire l’examen de fin d’année avant le départ forcé de leur village. Et rien n’a véritablement été fait pour restaurer ces enfants dans leur droit à l’éducation. Leur cursus scolaire se trouve ainsi hypothéqué. Mais là n’est pas leur souci pour l’instant. Ils ont conscience, même les tout-petits, qu’ils ne vivent pas normalement. A tout le moins, le manque de nourriture leur inculque cette prise de conscience.

Le calvaire au présent et probablement au futur

Les mamans n’ont que d’yeux pour les regarder, toutes impuissantes. Le peu de vivres qui a pu être transporté dans la débandade du 16 juin 2015, s’il n’est pas totalement fini, il n’en reste qu’un peu. Là-bas, l’on ne sait pas qu’il y a un service de l’action sociale dans notre pays. Aucune action humanitaire n’étant intervenue. Pire, il n’y a aucune activité qui permette à celles qui doivent gérer le quotidien de nombreux enfants, d’avoir de l’argent. C’est un calvaire maintenant, et probablement au futur.
En vérité, ce présent sombre semble moins préoccuper les pères, paysans assoiffés de travaux champêtres. C’est plutôt la famine qui se pointe à l’horizon, qui leur hôte le sommeil. Une famine inévitable l’année prochaine, car ils n’ont pas de champ en cette saison hivernale. Ils sont en chômage, visiblement désorientés quant à leur devenir. Leur réflexe dans l’expression des solutions à cette situation, c’est le vœu qu’ils soient autorisés à regagner leur village, pour terminer les travaux champêtres qu’ils y avaient commencés, le temps que les autorités leur trouvent un site d’accueil.

Signalons qu’à son audience du 8 juillet dernier, le Tribunal de grande instance (TGI) de Fada a, dans le cadre d’un ’’jugement avant dire droit’’, levé le mandat de dépôt sur la base duquel 36 habitants de ce village étaient détenus pour "rébellion" après leur arrestation lors du déguerpissement. Ils sont donc en liberté, le temps que le Tribunal rendre son verdict sur leur sort. Et ce verdict est annoncé pour le 22 juillet prochain.Affaire à suivre...

Fulbert Paré
Lefaso.net

Lien utile : Kounkounfouanou, un village rasé

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