C’est désormais Lansane Dao qui devra achever le mandat en cours du commissaire démissionnaire, Mathias Tankoano, pour le compte des organisations de la société civile militant pour la défense des droits humains, auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Désigné à l’issue d’une élection sans grabuge, l’homme rafle 63 voix sur 64, grâce au désistement « volontaire » des deux autres candidats. C’était dans la soirée de ce vendredi 10 juillet 2010 à Ouagadougou.
Pour les amateurs de remue-ménage, de coups de poings et d’injures, la salle de conférence du Ministère des affaires étrangères n’était nullement le lieu pour satisfaire leur curiosité. Pour l’une des rares fois, des organisations de la société civile ne se sont pas donné en spectacle. Bien au contraire, elles ont montré « leur cohésion, leur responsabilité et leur maturité », selon le Pr Albert Ouédraogo, président du bureau de séance qui a procédé au vote du jour. Ils étaient trois candidats au départ à convoiter le poste vacant de commissaire au titre des organisations de la société civile de la sous composante « associations de défense des Droits de l’Homme » à la CENI. Mais, avant le vote à main levée, Alassane Nikièma et Charles Sorgho ont désisté. Lansane Dao serait pour eux, l’homme de la situation capable de représenter valablement les OSC au niveau de l’institution chargée du scrutin électoral.
Un autre visage
« A travers ce vote, nous avons montré que quand les intérêts majeurs sont en jeu, les OSC savent se surpasser pour choisir la personne qu’il faut à la place qu’il faut », dixit le Pr Albert Ouédraogo. A l’en croire, la société civile ne serait pas un nid où fusent toutes sortes de contradictions. « Il y a encore quelque chose que nous pouvons garder, c’est l’unité », renchérit le commissaire fraichement désigné, Lansane Dao.
Les échéances électorales approchent à grand pas et Albert Ouédraogo a invité leur représentant à la CENI à être leur phare « dans cette faune où les partis se battent pour être des rois ». Plus précisément, Lansane Dao devra jouer son rôle d’arbitre, rôle que doit jouer tout acteur de la société civile où qu’il soit.
Qui est le représentant des défenseurs des droits humains à la CENI ?
Conseiller pénitentiaire de profession, Lansane Dao est actuellement chargé de la formation continue, du pré-déploiement du personnel des missions des Nations-unies à l’Ecole nationale de la garde pénitentiaire. A maintes reprises, il fut agent chargé de la sécurisation des élections qu’elles soient municipales (1995, 2000, 2006), législatives (1992, 1997, 2002, 2007) ou présidentielles (1998, 2005). Il fera valoir son expérience hors des frontières du Burkina dans des pays tels que le Togo, la Côte-d’Ivoire et le Congo.
Outre ses fonctions administratives, Lansane Dao est un fervent défenseur des droits de l’homme. Il est le président fondateur de l’Association S.O.S. Pénitencier depuis 2006 et membre de la Commission éthique du Conseil national des OSC depuis 2010. Avant d’enfiler sa casquette de commissaire auprès de Barthelemy Kéré, rappelons qu’il était, d’avril 2014 à nos jours, président du démembrement de la CENI dans l’arrondissement n°4 de Ouagadougou. Ce poste est désormais vacant.
Herman Frédéric BASSOLE
Photos : Bonaventure Paré
Lefaso.net
