Dans la soirée du lundi 21 mars dernier, une rumeur courait dans la ville de Ouahigouya. Elle se rapporte à une femme souffrant de troubles mentaux qui a fait un accouchement public, au milieu d’une foule de badauds et qui n’a eu comme secours qu’une employée d’un maquis de la place (secteur 4 de Ouahigouya).
Sans doute du fait de son instinct de femme, et voyant que la foule était plus préoccupée par le spectacle, la demoiselle a essayé du mieux qu’elle pouvait pour assister l’accouchée. Une malade mentale qui erre dans les artères de la ville et qui se retrouve enceinte, cela est inquiétant. Mais le plus inquiétant, c’est qu’une femme (même mentalement malade) se retrouve en train d’accoucher publiquement et n’a comme assistante qu’une seule personne. Comment en est-on arrivé là ?
La serveuse nous explique : "J’ai vu la foule attroupée et je me suis approchée. Il était question d’une femme mentalement malade qui devait accoucher. Du fait de la foule, elle s’est retirée dans une toilette publique. Puisque personne ne se décidait à l’aider, j’ai essayé de faire ce que je pouvais. J’ai réussi à la retirer des toilettes en lui promettant de l’eau pour apaiser sa soif. C’est après cela qu’elle a accouché.
Mais il y avait une petite complication liée à l’évacuation du placenta. Et comme je ne suis pas du domaine de la santé, j’ai voulu que les personnes qualifiées s’en occupent. C’est pourquoi j’ai appelé la brigade de sapeurs-pompiers pour l’amener à l’hôpital. Là-bas, ils m’ont fait savoir que cela ne relevait pas de leur domaine. J’ai donc appelé à l’hôpital où j’ai eu la même réponse et ils m’ont ensuite suggéré de contacter l’action sociale. Là-bas également, je n’ai pas eu de réponse favorable à ma démarche.
J’ai alors contacté la police qui m’a proposé de faire un communiqué pour essayer de retrouver les parents éventuels de la fille. C’est là que mon patron entre en jeu. Il a pris en charge les frais des différents communiqués qui n’ont abouti à rien. C’est ainsi que je me retrouve avec le bébé, aidée en cela par mon patron. Certaines personnes qui, par la suite ont appris la nouvelle, ont fait parler leur coeur. J’ai donc reçu de l’argent d’un monsieur qui m’a permis de payer au bébé ses premiers vêtements.
Un autre monsieur qui a appris la nouvelle et, paraît-il, a versé des larmes, m’a donné un berceau et un drap. Si nous en sommes arrivés là, c’est que finalement la complication a été surmontée. Mon patron et moi avons ensuite contacté un médecin qui m’a conseillée de garder le bébé puisque l’action sociale semble se désengager de l’affaire. Ce médécin passait de temps à autre à la maison me donner quelques produits pour le bébé".
Selon la serveuse, jusque-là, l’action sociale ne dit rien. Finalement, son patron a donné son nom au bébé, en y ajoutant le prénom Dieudonné.
Par Lassina SANOU
Le Pays
