Un véhicule chargé d’explosifs est actuellement dans la nature. Une brigade d’intervention de la douane avait réussi à saisir le véhicule dans le village de Koaré, province du Nahouri. Des manifestants ont par la suite retiré de force ledit véhicule, à Pô. Les douaniers ont eu la vie sauve en se réfugiant à la brigade de gendarmerie de la ville. Le Syndicat national des travailleurs des douanes qui a donné l’information ce 4 avril à Ouagadougou, interpelle le gouvernement à prendre ses responsabilités pour que la « dangereuse cargaison » soit retrouvée.
Les événements se déroulent aux environs de 4h du matin dans le village de Koaré, commune rurale de Guiairo province du Nahouri, le jeudi 2 avril 2015. Une escouade de la douane, sur la base d’une information, saisie un véhicule de marque OPEL, « lourdement » chargé d’explosifs. A leur sommation, les trois occupants du véhicule prennent la fuite.
« Les agents ont alors entrepris de conduire le véhicule avec son chargement à Ouagadougou en passant par Pô. Malheureusement, arrivés à Pô, ils ont été interceptés par une foule, qui s’est opposée à leur passage. Elle a retiré de force le véhicule et voulait s’en prendre aux agents. Ces derniers ont eu la vie sauve en se réfugiant à la brigade de gendarmerie de la ville de Pô » a précisé le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de douanes, Mathias Kadiogo.
Du coup, le matériel explosif, que le secrétaire général qualifie de très dangereux, utilisé par l’armée et les miniers, et dont l’importation est strictement encadrée, se retrouve dans la nature. D’où son appel aux autorités à mettre tout en œuvre pour que la cargaison soit retrouvée, que les fraudeurs et les complices soient traduits devant la justice pour répondre de leurs forfaits. Tous les moyens humains techniques et financiers doivent être mis à la disposition de la gendarmerie et de la police pour cela, réclame le syndicat des douaniers.
Le secrétaire général du SYNATRAD a condamné « les entraves à la bonne exécution du travail sur le terrain ». Ces actes inciviques, « stupides » de façon répétée qui « nuisent véritablement aux missions de l’administration des douanes toute entière ».
Déjà, au mois de janvier, une situation pareille s’était produite à Fada N’Gourma, dans l’Est du pays. La brigade mobile de douane avait été prise d’assaut par des manifestants qui accusaient les douaniers d’avoir tué un fraudeur. « C’était une intoxication » se désole Mathias Kadiogo, mais « les agents ont payé de cette désinformation parce que leur domiciles ont été saccagés et jusqu’à présent cette partie du territoire n’est pas surveillée ».
Faut-il attendre qu’on lynche un douanier avant d’interpeller le gouvernement pour qu’il prenne des mesures ? se demande le secrétaire général pour qui ces situations répétées chagrinent et révoltent.
Selon le Syndicat, le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour mettre un terme aux entraves dont sont victimes les douaniers, sans quoi il se donne le droit d’user de tous les moyens pour faire entendre sa cause.
Ce sont 480 milliards que la douane doit recouvrer pour l’année 2015. Un objectif impossible à atteindre selon Mathias Kadiogo et ses camarades, si les conditions de sécurité ne sont pas réunies.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
