Actualités :: Changement à l’ONEA : un souci de continuité, une attention aux (...)

Il est rare de voir un directeur général sortant recevoir autant d’honneur en quittant la tête d’une société d’Etat au Burkina Faso que celui revenu à Yamba Harouna Ouibiga, mardi 31 mars dernier, à sa passation de charges. Au terme d’une cérémonie, fort émouvante, celui-ci a passé le flambeau à Hamado Ouédraogo qui devient ainsi le nouveau directeur général de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA).

Le nouveau promu était jusqu’à sa nomination Conseiller Technique « Pool Maîtrise d’ouvrage ». Anciens proches collaborateurs du comité directeur et les travailleurs n’ont pas marchandé leur présence pour rendre un vibrant hommage à Yamba Harouna Ouibiga qui a tenu les rênes de la Nationale de l’eau de 2006 à son remplacement par le Conseil des ministres du 18 mars dernier. Devant cette reconnaissance pour services rendus que très peu de « Grands serviteurs de l’Etat » ont reçue dans ce pays, l’ex-directeur général a manifesté, à juste raison, une joie constante à travers un sourire permanent tout au long de la passation. Il revient aux décideurs de la Transition de s’en inspirer. Nul n’est éternel, personne n’est indispensable. Il sied seulement de « placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » et d’amener les Burkinabè à se distinguer par leurs compétences et leurs mérites.

Malgré un départ intervenu à une période où l’approvisionnement en eau potable connait quelques disfonctionnements dus à la canicule, la contribution de Yamba Harouna Ouibiga, ingénieur du génie rural, pour étancher la soif de ses compatriotes et assainir leur cadre de vie, a été saluée à sa juste valeur.

Prenant la suite de l’œuvre de Mamadou Lamine Kouaté en 2006, soit deux ans après les premières gouttes de Ziga dans la capitale, Yamba Harouna Ouibiga et son équipe ont ajouté la pierre à la pierre pour étendre, renforcer et améliorer les activités de l’ONEA sur le territoire national. Même si les Burkinabè vont considérer que « c’est bon mais ce n’est pas arrivé » d’autant que les défis à relever dans la disponibilité de l’eau potable sont encore énormes. Il a mis à profit sa formation auxiliaire en management des projets pour canaliser, un tant soit peu, les interventions des partenaires techniques et financiers (PTF).

A juste titre, l’ONEA est la première société d’Etat burkinabè à être certifiée en 2008, ISO 9001 Version 2008. Elle a assisté d’autres entreprises publiques dans cette quête de la qualité. Des entreprises publiques africaines n’hésitent à solliciter son concours pour la mise en place ou l’amélioration de leurs services. Sur le plan de la bataille pour l’eau potable, le Burkina Faso est en chantier. La deuxième phase du projet Ziga s’annonce sous de bons auspices. D’ailleurs, en tant que Vice-président de l’Association africaine de l’eau (AAE), les qualités professionnelles et managériales de M. Ouibiga sont aussi connues de ses pairs.

C’est donc avec la tête haute qu’il a reçu une douche « chaude » de ses camarades du « Château d’eau national » en guise d’au-revoir. Contrairement à l’atmosphère habituellement morose imposée en pareilles circonstances par une attitude du sortant accusant, à tort ou à raison, l’entrant d’avoir manœuvré pour son remplacement, une ambiance conviviale a respectivement prévalu à la séance de passation de charges et à la cantine pour le cocktail. Ils ont été nombreux à témoigner leur reconnaissance à Yamba Harouna Ouibiga. C’est les bras chargés de cadeaux qu’il prend son répit en attendant un autre poste.

Son successeur Hamado Ouédraogo et le secrétaire général du ministère en charge des Ressources hydrauliques, Ali Traoré, ont apprécié l’immensité du travail abattu sous la maestria de Yamba Harouna Ouibiga. La trésorerie de l’ONEA est passée de 466 millions de F CFA en 2006 à 5,9 milliards F CFA en 2015. Cet équilibre financier reposant sur une gestion rigoureuse a bien mis l’ONEA à l’abri de surprises désagréables en ces temps de vaches maigres.

Tout promu doit être animé d’une volonté d’apporter la pierre à la pierre

L’excellence de la collaboration et de la complicité entre Yamba Harouna Ouibiga ainsi que leur hauteur de vue ont pris le pas sur le subjectivisme bien burkinabè au moment de passer la main à quelqu’un d’autre. C’est une logique de la vie qui doit être dénuée de toute velléité d’animosité. Les deux hauts cadres de l’Etat, qui se passent le témoin à la tête de l’ONEA, ont bien compris que lorsqu’on est appelé à un poste de responsabilité, il faut s’armer psychologiquement à céder, tôt ou tard, sa place. L’essentiel est d’inscrire son nom sur le « Marbre des artisans du progrès national » en apportant « la pierre à la pierre » pour marquer son temps.

La dynamique de continuité et le souci de la performance semblent avoir guidé le choix de son remplaçant. Proche collaborateur de Harouna Yamba Ouibiga, le nouveau directeur général, ingénieur du génie rural lui aussi, a été de tous les combats menés par l’ONEA pour l’approvisionnement du pays en eau potable et la promotion de l’assainissement. Les valeurs humaines, dont l’ancien et le nouveau directeurs généraux de l’ONEA ont fait montre, doivent inspirer les uns et les autres. Elles manquent à de nombreux Burkinabè dans leur propension à gravir les échelons coûte que coûte ou à s’accrocher à des postes comme des chauves souris.

Hamado Ouédraogo est d’ailleurs le camarade de promotion de son prédécesseur qui aurait, selon des sources bien introduites, misé aussi sur ce choix opéré par le gouvernement. Car celui-ci répondrait à des critères pertinents pour maintenir au vert les indicateurs de la société d’Etat. Pour l’une des rares fois, l’objectivité a paru de mise. Les appétits de certaines personnes avides de nomination n’ont pas été suivis. Hamado Ouédraogo était l’une des chevilles ouvrières des différentes politiques d’extension et d’expansion entreprises par l’ONEA ces dernières années.

La rupture à la tête de la Nationale de l’eau s’appuie donc sur une clairvoyance axée sur la nécessité de maintenir le cap de la performance. Une telle vision devrait être entretenue à tous les niveaux par les autorités de la Transition afin d’éviter les nominations à l’emporte-pièce qui causeraient d’énormes préjudices aux entreprises publiques. Elles gagneraient à privilégier les acquis de l’Etat dans cette vague de promotions tous azimuts.

Les responsables promus par l’ancien régime ne sont pas tous des incapables et ne méritent pas d’être trainés dans la boue. Certains méritent une gratitude de la Nation pour avoir accompli leurs missions avec pleine conscience. Tout remplacement à un poste de responsabilité, qui est un processus normal dans la marche de tout pays, doit reposer sur des choix lucides portés par des cadres aux compétences avérées. Il y a des domaines d’activités où l’essai, le tâtonnement, le copinage et le népotisme vont s’avérer catastrophique pour la survie et l’avenir de l’Etat. Malheureusement, c’est ce qui est en vogue sous cette Transition.

Jacques Damatoa FOLANE
Collaborateur

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