Actualités :: Transport au Burkina : Des chauffeurs et routiers en grève de 48 (...)

L’union des chauffeurs et routiers du Burkina observe une grève de deux jours à compter de ce lundi 30 mars 2015. Ils exigent le respect de la convention collective signée depuis 2010. Pour faire respecter le mouvement de grève, des membres de l’union ont été placés au niveau des postes de péages pour obliger tous les chauffeurs à respecter le préavis. De gré ou de force. Constat sur la nationale n°1, sur l’axe Ouaga-Bobo.

Poste de péage route de Bobo-Dioulasso. 13h30. Là, quelques dizaines de jeunes chauffeurs routiers assurent des « piquets de grève ». Certains sont sous des arbres, d’autres sur la route et filtrent les passages des véhicules.

Un car d’une société de transport en commun fait son arrivée. Le conducteur est prié de faire demi-tour. Le convoyeur descend pour négocier avec les manifestants. Peine perdue. Il stationne sur le bas de la chaussée pendant quelques minutes, espérant un changement d’avis. Puis, il se résout à retourner vers le Centre-ville.

Ensuite, ce sont deux cars d’une société de distribution d’hydrocarbures qui arrivent. Même approche, même résultat. Pendant ce temps, la responsable d’un convoi d’une société minière négocie avec les grévistes. « On est désolé, madame, ce n’est pas possible », lancent les manifestants. Elle retourne. Mais quelques minutes après, le convoi est là. Jusqu’à notre départ aux environs de 14h30, les négociations continuaient. Et, d’autres cars continuaient d’arriver. Si l’un des responsables du mouvement semble comprendre, ce n’est pas le cas des autres qui lui lancent : « si tu les laisse passer, on va tous rentrer à la maison ».

Le blocus devrait continuer pendant 48 heures

« Depuis le matin, on repousse les véhicules qui ont chargé de Ouaga pour sortir. Les véhicules en provenance d’autres villes peuvent rentrer mais ils ne peuvent plus sortir jusqu’à demain minuit », précise Etienne Ouédraogo, membre de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Les chauffeurs routiers demandent le respect de la convention collective signée en 2010 et qui est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2011. Mais, jusqu’à présent, elle ne serait pas appliquée.
A travers cette grève de 48 heures, ils exigent un salaire décent (75 000f minimum), la déclaration de tous les chauffeurs routiers à la Caisse nationale de sécurité sociale. A cela, s’ajoute un autre problème. « Au Burkina, il faut avoir le permis C et aller payer encore 150 000f pour avoir le permis D ou E. c’est au Burkina seulement qu’on voit ça », s’indigne Etienne Ouédraogo.

Yassia Compaoré embouche la même trompette : « Beaucoup de chauffeurs ne sont pas affiliés à la CNSS ; nous n’avons pas de bons salaires. Ça meurt, ça fait des accidents, mais il n’y a pas de changement ». Conducteur d’abord en Côte d’Ivoire, puis au Burkina, il a dû changer de métier. « J’ai commencé à Abidjan, ensuite je suis venu ici ça fait dix ans. Maintenant, j’ai arrêté de conduire parce que ça ne va pas. Je suis gérant d’un kiosque actuellement. Mais, je suis venu soutenir mes anciens collègues », explique Yassia Compaoré.

Obliger tous les chauffeurs à suivre le mot d’ordre de grève

Si la cause est aussi juste, pourquoi d’autres chauffeurs ne veulent pas respecter le mot d’ordre de grève au point que vous soyez obligés de les forcer à retourner ? « Ce n’est pas de leur faute. Ils subissent des pressions de la part de leurs patrons », soutient Etienne Ouédraogo. En tous les cas, il estime que les chauffeurs ainsi que les responsables des sociétés de transport en commun sont tous informés de la grève depuis hier. « Nous avons appelé tous les responsables des sociétés de transport pour les informer. Mais, ils n’ont pas respecté le mot d’ordre de grève. C’est pourquoi, nous sommes ici. Tout ce qui est transport en commun, transport de marchandises, bref tout chauffeur qui a un salaire doit respecter normalement la grève », lance-t-il.

Et un autre manifestant de renchérir : « Tout chauffeur salarié au Burkina a le devoir de respecter le mot d’ordre de grève. Pendant ces deux jours, aucun chauffeur salarié ne doit démarrer son véhicule parce que c’est pour une noble cause que nous luttons. Depuis des années, on a été minimisé. On n’est respecté nulle part, pourtant nous tenons la vie des gens ».

Ce sont principalement les camions, les cars, les minibus, qui sont obligés de faire demi-tour.

Des victimes collatérales dont la SONABEL

Pendant ce temps, les passagers assistent, impuissants à ce bras de fer. Certains semblent révoltés puisque ce blocage a d’énormes conséquences sur leurs activités. Un tour dans les gares routières permet de constater de longues files de voyageurs en attente. Si certaines sociétés ont fini par accepter le fait après quelques tentatives infructueuses de sortir de la ville, d’autres continuaient de tentent leur chance de temps à autres. Avec des fortunes diverses, selon les axes.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les conséquences risquent d’être très considérables. Pas seulement pour les voyageurs et les transporteurs. Si les conséquences économiques sont les plus visibles, il y a d’autres. Et non des moindres. Et, les victimes collatérales sont très nombreuses.

La coupure d’électricité observée dans la ville de Ouagadougou au cours de la soirée de ce 30 mars serait en partie liée à ce mouvement d’humeur. Puisque la SONABEL dit travailler grâce au ravitaillement continu de ces machines en hydrocarbures. Et, il n’y aurait pas de chauffeurs pour aller à la SONABHY, afin de ravitailler lesdites machines. Pas de stock de carburant en réserve non plus. Si la situation ne s’arrange pas d’ici là, c’est toute la ville de Ouagadougou qui risque de se retrouver dans l’obscurité, prévient-on au niveau de la SONABEL. Vivement une solution rapide !

Moussa Diallo
Lefaso.net

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