Actualités :: Grève à 2iE : Les cours suspendus jusqu’à nouvel ordre

L’institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) connait une nouvelle crise. Depuis le 3 mars 2015, les cours sont suspendus sur les deux sites (Kamboinsé et Ouagadougou). Les étudiants revendiquent la restitution de badges à certains de leurs camarades et le règlement définitif du problème d’actualisation des notes. A cela s’ajoutent des problèmes d’ordre social tels que les coupures d’eau, d’électricité sur le campus, l’accès à la connexion Internet…

A notre passage ce 4 mars de 11h, les portes du bâtiment administratif, sises au campus Ouagadougou, étaient hermétiquement fermées. Jusqu’à notre départ, deux heures plus tard, aucun membre de l’administration n’était présent sur les lieux. Il en était ainsi depuis le matin, nous ont confié les étudiants qui étaient dans la cour de l’établissement.
Tout serait parti de l’Assemblée générale tenue le 1er mars 2015. A l’issue de cette rencontre, la plateforme revendicative des étudiants a été actualisée. « Le lundi 2 mars, nous sommes venus au campus de Ouagadougou pour voir le directeur de notre établissement. Nous n’avions demandé que deux minutes pour remettre le document des étudiants à main propre. Il y a eu un refus total de nous recevoir dans la matinée. On nous a fait croire qu’à partir de 15h, on va nous recevoir au cours d’une réunion. A 15, nous sommes revenus et on nous dit qu’on ne nous reçoit plus. La raison, c’est que l’agenda du DG ne lui permet pas de nous recevoir. Dire que l’agenda ne lui permet pas de nous recevoir n’est pas une raison valable. Il y a un mécontentement de 2000 étudiants et l’administration est là pour nous », explique Hiknoné Djonfabé, le président des étudiants de 2iE.
Une seconde Assemblée est si tôt organisée le même jour. Elle réunit environ 400 étudiants sur le site de Kamboinsé. C’est à l’issue de cette assemblée qu’ils décident d’un mot d’ordre de grève à compter mardi 3 mars. Un mot d’ordre bien suivi. « Dès 7h, tous les étudiants étaient mobilisés sur les deux campus de façon pacifique, dans l’ordre et sans violation des biens et des personnes », précise Hiknoné Djonfabé.
Finalement, les responsables des étudiants seront reçus par la direction générale à 11h. « Mais le directeur et son staff se sont opposés à toutes nos revendications », soutient le président des étudiants.

Le gouvernement burkinabè offre sa médiation

Pour désamorcer la crise, le gouvernement burkinabè entre en jeu dès 16h. Le secrétaire général du ministère de l’hydraulique et le directeur du cabinet du ministre. Les discussions commencent et vont au-delà de minuit. Mais, aucune solution n’est trouvée. Pendant ce temps, le reste du personnel de 2iE est maintenu à l’intérieur de l’école. Aux environs de 1h du matin, les étudiants permettent aux femmes de sortir. Les médiateurs également quittent les lieux quelques minutes plus tard.

A la grande surprise des manifestants, la police fait irruption aux environs de 2h, une trentaine de minutes après le départ des médiateurs. « A 2h moins, il y a eu une intervention musclée de la CRS qui a lancé un assaut. Ils sont rentrés et ont commencé à tirer des projectiles avec des gaz lacrymogènes dans la cour de l’école, ils ont poursuivi les étudiants, les ont tabassés et ont blessés certains. Il y a des gaz lacrymogènes qui sont entrés dans des chambres. Vous conviendrez avec moi que le 2iE est une enclave diplomatique. C’est donc une double violation, d’abord de l’enclave diplomatique et de l’intégrité des étudiants », affirme Hiknoné Djonfabé.
Il y aurait eu un blessé hospitalisé (une photo nous a été présentée) dans une clinique de la place, huit autres auraient été arrêtés avant d’être libérés à l’aube. « Nous n’avons pas la confirmation, nous attendons de les voir avant de croire ».

Les revendications des grévistes

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, selon le président des étudiants, c’est le retrait des badges de certains étudiants déjà inscrits. Ce retrait est expliqué par la note de service du 21 février 2015 relative aux dispositions réglementaires de passage en classe supérieure. « Nous ne comprenons pas qu’un étudiant, qui pendant deux ans (1ère et 2e année) ait 90% de ses unités d’enseignement et qu’on ne lui permette pas d’aller en classe supérieure. Surtout quand il est déjà inscrit, il est inconcevable qu’on lui dise de ramener son badge », s’insurgent les manifestants.

A la question des retraits de badges, s’ajoute le problème d’actualisation des notes. « On ne peut pas débourser une somme aussi exorbitante (600 000f pour le logement, plus de 2 000 000f pour la scolarité, frais d’assurance…) et venir faire le rang à partir de 3 h du matin pour attendre un agent administrateur qui vient à 7h pour commencer à recevoir les étudiants. Et, tenez-vous bien, c’est entre trois et quatre étudiants sur 80 ou 100 qui sont reçus par jour. Pour les étudiants qui sont à Ouagadougou, ils quittent la ville la nuit pour aller à Kamboinsé dans l’insécurité juste pour l’actualisation des notes. C’est un risque qu’on prend en permanence », déclare le président des étudiants, très amer.

A cela, s’ajoute les frais de reprise des unités d’enseignement. « Pour une unité qui compte 5 ou 9 crédits, ça fait entre 500 000 et 600 000f juste pour revenir composer, puisque l’étudiant n’a souvent même pas le temps de suivre les cours magistraux, les TD et les TP », précise le président des étudiants. Ces frais de reprise d’unités d’enseignement n’existaient pas de par le passé, nous confie-t-on.
Par ailleurs, les manifestants du 2iE demandent à leur administration de trouver des solutions aux multiples coupures d’eau et d’électricité sur le campus. Ils demandent aussi un accès à la connexion Internet parce que 2iE a une image de marque sur le continent.

Le président des étudiants et ses camarades appellent les autorités burkinabè, les ambassades des pays représentées à 2iE à travailler pour une sortie de crise rapide. En attendant, les étudiants restent mobilisés. « Tant qu’il n’y aura pas une solution, personne ne retournera dans les salles de classe », clament-ils en cœur.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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