Actualités :: Police de proximité : le retour des CDR ?

La police de proximité est en phase de devenir une réalité dans notre pays. Mais, pour beaucoup de Burkinabè l’annonce de cette nouvelle fait craindre le retour des « vieux démons » des périodes révolutionnaires. Du coup, ils sont nombreux à se poser des questions sur les tenants et les aboutissants de l’idée d’instauration d’une telle police.

Notre pays a été durement éprouvé ces dernières années par la recrudescence du banditisme. Aujourd’hui tous les Burkinabè reconnaissent de façon unanime que ce fléau (le banditisme) fait aussi mal que certaines maladies, sinon pire. Du reste des torpeurs consécutives à des meurtres en séries et à des attaques à mains armées récurrentes ont envahi les populations durant l’année 2004.

C’est donc fort conscient de cette réalité que le gouvernement a pris le taureau par les cornes. Ainsi, le ministère de la sécurité a été doté de moyens conséquents pour parer aux éventualités. Mais, les moyens seuls ne suffisent pas pour venir à bout de l’insécurité. Seule une mobilisation de l’ensemble des Burkinabè peut faire reculer, le banditisme, d’où la volonté du gouvernement d’instituer une police de proximité.

Qu’est-ce que la police de proximité

Selon le rapport du Conseil des ministres, la police de proximité est une nouvelle méthode de gestion de la sécurité des Burkinabè. Au terme de la loi, la police de proximité consiste à intégrer au mandat opérationnel des forces de sécurité intérieure, la participation des communautés dans la gestion de la sécurité par la prévention de l’insécurité et de la criminalité à travers l’identification concertée des problématiques locales de sécurité, de recherche de solution et leur applicabilité.

Autrement dit, une police qui fait corps avec les communautés locales (urbaines ou rurales) pour plus d’opérationnalité et d’efficacité dans les actions sécuritaires. Les innovations ou les perturbations des habitudes, avant qu’on en voie la nécessité et les atouts, sont de go boudées ; voilà pourquoi par réflexe, certains se demandent s’il n’y a pas anguille sous roche dans cette « histoire ». En effet, d’aucuns verraient en la police de proximité une sorte de retour, en version délabelisée, des CDR (Comité de défense de la Révolution).

Ce qui est d’ailleurs faire une fausse querelle à l’autorité qui a jugé de son institution quand on sait qu’en la matière, elle n’a rien inventé car la « chose » est réalité dans certains pays où les populations ne méjugent pas de son efficacité. En termes beaucoup plus clairs, ce dont il sera question dans la police de proximité, c’est une transformation des mentalités pour faire de tout Burkinabè un collaborateur des forces de l’ordre. Mieux, c’est amener chaque Burkinabè à être responsable de sa sécurité qui ne doit pas être seulement laissée à la charge de la police et de la gendarmerie, forces spécialisées et professionnelles soient-elles.

C’est donc un partenariat nouveau qui sera proposé entre citoyens et forces de l’ordre qui prescrit une concertation préalable entre les deux entités. Le but d’une telle opération est de permettre à tout citoyen de participer à la prévention de la criminalité et des troubles à l’ordre public, et aux agents de sécurité de s’intégrer aux populations pour mieux connaître leurs préoccupations en termes de besoins de sécurité. Il ne sera donc pas question de former encore moins d’amener des gens pour qu’ils assurent la sécurité comme du temps de la Révolution.

Une nécessaire sensibilisation s’impose

Il est évident que cette nouvelle forme de police demande un changement de comportement de la part des citoyens mais également de la part des forces de l’ordre et de sécurité. Cette transformation des mentalités est d’autant plus souhaitable que nul n’ignore le fossé d’incompréhensions, de suspicions de toutes sortes et d’a priori qui existent entre les deux entités. Si les civiles se méfient des hommes de tenue, il en est de même pour ceux-ci à l’égard des civiles, potentiels délinquants pour certains. La sensibilisation s’impose donc afin que les barrières qui existent de part et d’autres puissent tomber. Si le pari de la sensibilisation est gagné et que les méfiances et autres suspicions tombent il est certain que l’insécurité ne sera qu’un mauvais souvenir pour les Burkinabè.

Il appartient aux initiateurs du projet de prendre le « temps » qu’il faut, mais de travailler dans le sens d’une sensibilisation véritable et des populations et des forces de sécurité pour que chaque partie appréhende de façon claire la charge qui est la sienne car le succès de cette police dépendra de la réelle entente, de la réelle « complicité » qui existeront entre elles. Auquel cas, nous risquerons de verser dans les dérives des Comités de défense de la Révolution (CDR), ce que redoutent les Burkinabè.

Par Frédéric ILBOUDO
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