Actualités :: Les faits divers de Sacré : Petit cochon bien cuit, bien assaisonné

Le nouveau-né de Koudbila est décédé après des pleurs incessants, signes de sa profonde et muette souffrance. Le mal n’a pas laissé le temps aux médecins de le découvrir et de le traiter. Il a été rapide, foudroyant emportant dans son sillage meurtrier ce bout d’homme qui, le jour d’avant était plein de gazouillis, de vie.

Ce départ prématuré fut un choc terrible dans la famille de Koudbila. Personne n’accepta ce coup du sort et Koudbila lui-même sentit naître en lui comme une révolte contre le destin. Il voulait savoir pourquoi son bébé s’en est allé ainsi. Et comme les médecins ne l’avaient pas convaincu avec leur histoire d’accès palustre, il est rentré dans un de nos villages non loin de Ouagadougou voir un vieux qui avait la notoriété d’expliquer ce que l’esprit cartésien, matérialiste ne peut concevoir, ni admettre. Koudbila lui-même est né en brousse et par expérience, il sait que les yeux du Blanc, qui sont ceux de bien des citadins africains, ne peuvent tout voir.

Et le vieux en question allait lui donner raison. Koudbila n’eut pas le temps d’expliquer le motif de sa présence. Il fut devancé par le vieux qui ne prit pas de gants pour lui annoncer la mauvaise nouvelle : ton enfant a été emporté par des sorciers. Puis se remettant à lancer ses cauris, il compléta cette douloureuse information. "Je vois, dit-il, je vois ton enfant entre les mains d’une vieille...c’est elle...elle l’a partagé avec d’autres sorciers après l’avoir transformé en animal".

Cette dernière phrase fit bondir le cœur de Koudbila. Il avait compris. Il connaissait la personne qui avait tué son bébé. C’était sa tante. Une vieille qui résidait dans le même quartier que lui. Il se souvenait clairement de tout. Cet après-midi-là elle était venue leur rendre visite après avoir passé par le petit marché de dolo où elle avait pris l’habitude de venir boire du tchapalo (bière de mil).

Du reste, la calebasse l’attendait toujours là-bas. Pendant qu’elle parlait, elle prit le bébé des mains de sa mère et le cajolant, elle alla avec lui au marché. Ni Koudbila ni son épouse n’avaient trouvé à redire ; c’était normal et s’y opposer aurait été un manquement grave au respect dû aux vieilles personnes de la famille. Peu de temps plus tard, leur enfant leur fut retourné non pas par la vieille tante, mais par une femme de leur connaissance qui expliqua que la vieille voulant rentrer, l’avait chargée de leur ramener le bébé.

Le couple Koudbila la remercia chaleureusement pour tant de bonne volonté. Moins d’une semaine plus tard, c’est-à-dire la veille du décès de l’enfant, Koudbila s’était lui-même rendu au marché pour s’envoyer une ou deux calebasses de dolo lorsqu’il y rencontra sa vieille tante vendant de la viande bouillie contenue dans une petite bassine. Devant l’étonnement de Koudbila qui ignorait que sa tante faisait ce petit commerce, celle-ci expliqua que c’est parce qu’elle avait fait abattre l’un de ses porcelets qui se sentait mal et que ne pouvant pas le consommer seule, elle était bien obligée de porter ses restes bouillis et bien assaisonnés sur la place du marché. Elle donna un morceau à Koudbila qui refusa. Elle prit le morceau dans une assiette et s’en alla à la recherche de clients. Koudbila prit le morceau de viande, le mangea et fut pris presque immédiatement de vomissements où il rendit jusqu’au dernier morceau de porc.

Assis devant le vieux dans ce petit village, Koudbila était complètement abasourdi. Sur l’heure, il se demanda comment se venger de sa vieille tante. Comme s’il lisait dans le fond de sa pensée, le vieux lui conseilla la retenue car le mal étant déjà fait ce n’est pas un autre mal qui ramènera son enfant à la vie.

Bien plus tard lorsqu’il a entendu à la radio de la bouche de certaines autorités que la sorcellerie sous la forme d’âme n’existe pas, il n’a pas pu s’empêcher de venir conter la fin tragique de son bébé.

Sacré Chédou OUEDRAOGO
Sidwaya

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