Actualités :: Destruction de biens privés et marches illégales : Nabaloum et les autres (...)

Toutes les audiences sont les mêmes, mais ne se ressemblent pas. En effet, ce mardi 10 juillet dans la matinée, en plus des gardes de sécurité pénitentiaire et des vigiles qui filtrent habituellement les entrées, il y avait des gendarmes, en tenue de combat, de la porte d’entrée jusqu’à l’intérieur de la salle d’audiences du Tribunal de grande instance (TGI).

Comme à l’accoutumée, en tout cas pour ceux qui fréquentent le palais de justice, il fallait montrer patte blanche avant de pénétrer dans la cour, mais surtout la salle d’audiences. Car, en plus du premier contrôle, un second plus renforcé était fait par les gendarmes. Une foule s’était amassée devant la salle du TGI. Il n’y avait plus de place dans la salle. Même pas pour la presse. Néanmoins, nous avons pu avoir accès aux loges. Heureusement, le débat tant attendu n’avait pas encore commencé. Après la vérification des dossiers au rôle, enfin le dossier Nabaloum Salif sera appelé à 9h 21mn.

« J’ignorais les procédures d’autorisation de marche publique »

Nabaloum Salif, est commerçant de profession et père de sept enfants. Il est poursuivi en plus de six autres personnes (Ouédraogo Issouf, 32 ans, Sanou Kalifa, 57 ans, Ouédraogo Soumaila, 41 ans, Sawadogo Souleymane, 57 ans, Souli Mahamadou, 64 ans, et Golo Seni, 30 ans) pour avoir à Bobo-Dioulasso, le 3 juillet 2012, organisé une manifestation sur la voie publique sans au préalable en demander la permission auprès des autorités compétentes. Et dans les mêmes circonstances, inciter à des actes de vandalisme sur des biens d’autrui. Après ce rappel aux prévenus des faits à eux reprochés par le président du Tribunal, leur conseil Maître Bruno Fako Ouattara (il a été commis par le Mouvement citoyen de la ville de Bobo-Dioulasso) a laissé entendre qu’il est convaincu que ses clients seront relaxés. Aussi, a-t-il demandé une exception de nullité des faits contre Nabaloum Salif.

En effet, cette affaire dite Nabaloum Salif n’est rien d’autre que les manifestations de certains habitants de non-lotis suite au lotissement dans des secteurs dont le 15 (Ouezzin-ville) de Bobo-Dioulasso. Interrogé alors sur sa responsabilité par le président du tribunal, Nabaloum n’a pas réfuté les faits qui lui sont reprochés. Il raconte : « Je reconnais que j’ai mal agi. Mais je ne savais pas qu’il fallait faire recours aux autorités compétentes pour l’obtention d’une autorisation de marche sur la voie publique. Je reconnais aussi que j’ai plusieurs fois été approché par le Procureur du Faso, me demandant de retenir les gens pour toute tentative de manifestation contre les constructions ».

Après toutes ces rencontres avec le Procureur, Nabaloum et ses hommes ont toujours empêché les gens, soit de valoriser leurs parcelles, ou encore les agents du Cadastre de procéder aux indications de parcelles déjà attribuées. Nabaloum et ses compagnons justifient leur acte par l’injustice dont ils sont victimes de la part des autorités communales en matière de lotissement et d’attribution de parcelles. « Des gens ont été attributaires de parcelles alors qu’ils n’ont jamais habité dans le secteur. Ceux qui y étaient depuis des années n’ont pas eu, ne serait-ce qu’un lopin de terre. C’est pour cela que nous empêchions ces gens de construire tant que les résidents ne seront pas satisfaits », se défend le cerveau (selon les termes du ministère public) de la bande Nabaloum Salif. D’ailleurs, renchérit-il : « Nous avons agi ainsi suivant la décision du gouvernement interdisant les lotissements ».

Au cours de ces manifestations, ils ont retiré des motos à deux personnes et saccagé des biens (pelles, brouettes, fers à béton…) sur un chantier en construction. A la question de savoir s’il détient un pouvoir quelconque pouvant empêcher un citoyen de valoriser sa parcelle, Nabaloum répond par la négative.

Beaucoup de rencontres, mais aucune solution

Plusieurs rencontres ont eu lieu par rapport à cette affaire de lotissement au gouvernorat des Hauts-Bassins sous Pascal Bénon. Mais aussi sous l’actuel gouverneur Joseph Bakouan. Selon Nabaloum, aucun ordre ne lui a jamais été donné le 21 mai 2012 d’empêcher tout indicateur de parcelles qui viendrait à se présenter sur le terrain. En tout cas, le ministère public est resté convaincu que le prévenu Nabaloum savait bien qu’une marche publique sans autorisation de l’autorité, au regard des multiples rencontres d’apaisement avec le procureur et bien d’autres autorités, pouvait lui causer des désagréments. Les six autres prévenus, qui ont eux aussi reconnu leur acte disent avoir agi parce qu’ils estiment qu’ils sont victimes d’injustice dans cette affaire de lotissement.

Des peines fermes !

Quatre ans de prison ferme et une amende de 1,5 million de F CFA pour Nabaloum Salif et deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 F CFA pour les six autres compagnons. Le parquet et le tribunal ont tous reconnu la culpabilité de ces sieurs et ont estimé qu’il est temps d’instaurer l’autorité de l’Etat. « Toute personne qui viendrait à manifester illicitement sera punie à la hauteur de son acte », ont-ils promis. Le Secrétaire général du Mouvement citoyen de la ville de Bobo-Dioulasso et le conseil des prévenus qui ont dénoncé le verdict entendent faire appel.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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