Actualités :: Lutte contre la corruption au Burkina : Le REN-LAC réclame des assises (...)

Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a été nommé en pleine crise sociale en 2011. Dès sa prise de fonction, il a exprimé une volonté de lutter contre les principaux maux qui minent la société burkinabè dont la corruption. Un an après sa prise de fonction, force est de constater qu’il n’y a pas eu beaucoup d’avancées dans la lutte contre ce fléau.

Les premières déclarations du Premier ministre Luc Adolphe Tiao, après sa prise de fonction, ont laissé percevoir qu’il avait fait un sérieux diagnostic de la situation nationale et décelé les vraies raisons de la crise qui secouait le Burkina Faso. Devant les partenaires techniques et financiers (PTF) du Burkina Faso, il avait traduit sa détermination à mener toutes les actions nécessaires pour lutter contre la corruption. « Notre pays a des ressources limitées et les progrès que nous avons réalisés l’ont été grâce à votre concours. Nous nous engageons à renforcer la transparence dans la gestion des finances publiques ». En effet, des mesures ont été mises en œuvre à cet effet.

Dans le domaine des lotissements et de la gestion foncière, les maires des communes de Koubri, de Nangréongo, de Koudougou et de l’arrondissement de Boulmiougou ont été révoqués pour mauvaise gestion des lotissements et non respect de la réglementation sur le foncier, dont trois avec poursuites judiciaires. Ces mesures gouvernementales sont des indicateurs de la mal gouvernance dans les opérations de lotissements dans les communes du Burkina Faso. Les citoyens, victimes de la mauvaise gestion de ces maires, attendent que les poursuites judiciaires soient engagées pour que les actes de ces ex-maires ne restent pas impunis.

Des assises criminelles ont été tenues en juin 2011 à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou au cours desquelles des cas de corruption ont été jugés. Les dossiers jugés ne concernent que la petite corruption et datent de 2005 et de 2006. Au cours de la conférence de presse organisée pour informer de la tenue des assises criminelles à Ouagadougou, madame le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Honorine Médah, avait évoqué le manque de moyens financiers conséquents et la longueur des procédures pour justifier la limitation du nombre de dossiers de crimes économiques retenus dans ces procès.

A propos du manque de moyens conséquents, le budget d’organisation des assises de Bobo-Dioulasso a coûté 6 489 000 F CFA. Le gouvernement burkinabè, qui éprouve des difficultés pour débloquer 6,5 millions de FCFA pour organiser régulièrement des assises criminelles, peut débloquer de grosses sommes quand il s’agit d’investir dans des monuments de prestige.

Toujours au titre des mesures prises depuis l’arrivée de Luc Adolphe Tiao à la primature, on peut citer, entre autres, l’interdiction d’organiser les fêtes de fin d’année et de présentation de vœux à l’exception de celle organisée à l’occasion de la présentation de vœux au chef de l’Etat par les corps constitués et le corps diplomatique, l’interdiction d’organiser des réceptions à l’occasion des décorations à l’exception de celle organisée le 11-Décembre à la Présidence du Faso, l’interdiction formelle de commande et de distribution de cadeaux et de gadgets en fin d’année. L’on ne saurait passer sous silence l’arrestation par la gendarmerie, l’inculpation et la mise en détention par la justice et la révocation de Ousmane Guiro, ex-directeur général des Douanes du Burkina Faso pour détention injustifiée d’une somme de près de 2 milliards de FCFA.

S’il faut saluer la prise de toutes ces mesures, force est de constater qu’elles résonnent comme une goutte d’eau dans la mer. Luc Adolphe Tiao est toujours attendu sur le terrain de la lutte contre la corruption. Des actes de corruption dénoncés depuis qu’il est là restent impunis. Le rapport 2009 de la Cour des comptes, rendu public en juin 2011, met en lumière des malversations dans des sociétés comme la SONAGESS, la SOPAFER-B et la LONAB. Ces révélations viennent s’ajouter à celles déjà dénoncées dans les précédents rapports de cette institution. Qu’a fait monsieur le Premier ministre pour recouvrer les sommes perdues et surtout punir les coupables de ces malversations ?

L’Autorité supérieure du contrôle d’Etat (ASCE) a aussi rendu public son rapport 2010 en juin 2011. Diverses malversations ont été révélées et viennent s’ajouter à celles révélées dans les deux précédents rapports de l’institution. Faut-il encore le rappeler, l’ASCE a vu le jour suite à la dissolution de la Haute Autorité de Coordination de la Lutte contre la Corruption et l’Inspection Générale d’Etat. Ces deux structures ont chacune produit des rapports sur des cas de corruption mais ces rapports « dorment » toujours dans des tiroirs. L’espoir suscité avec l’arrivée du Premier ministre risque de s’estomper si les dossiers de corruption ne connaissent pas de suite. Dans son discours sur l’état de la nation en octobre 2011, le Premier ministre reconnaissait que : « les Burkinabè accordent une grande importance à la bonne gouvernance, dans la gestion des affaires publiques et sont de plus en plus hostiles à la corruption, à l’abus des biens publics et à l’enrichissement illicite ; ils attendent, par conséquent, de leurs gouvernants un comportement vertueux, dicté par l’impératif de la satisfaction de l’intérêt général ». La plus grande attente des Burkinabè est la fin de l’impunité des auteurs de corruption dénoncés non seulement par les organes de contrôles étatiques, mais aussi par les organisations de la société civile et les médias.

En attendant, monsieur le Premier ministre doit penser à l’organisation d’assises nationales sur la corruption dans les délais raisonnables. C’est l’une de ses promesses faites devant les PTF en mai 2011 (cf. L’Express du Faso n°3029 du jeudi 12 mai 2011).

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Le Réseau National de Lutte Anticorruption (REN-LAC) Tel : 50 43 32 83, Tel vert : 80 00 11 22, Site web : www.renlac.org

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