Actualités :: MANIF DE CONDUCTEURS DE TAXIS : 11 interpellés et 85 taxis mis en (...)

Le 4 juin 2012 vers 15 heures, aux environs de Ouagarinter à Ouagadougou, a eu lieu un accident de la circulation entre un conducteur de taxi et un autre usager de la route, chacun à bord d’un véhicule. Le taximan a proposé un règlement à l’amiable que l’autre partie aurait refusé et demandé un constat de la police. Ce qui fut fait et une convocation a été adressée au taximan qui, par la suite, a été interpellé. Si pour les uns, les autres conducteurs de taxis solidaires de leur collègue, cette interpellation est arbitraire ; pour les autorités, il s’est rendu coupable de faits constitutifs de délit : injures publiques, violences et menaces de mort. Pour réclamer ce qu’ils ont appelé justice, les conducteurs de taxis ont voulu marcher sur le commissariat de police de l’arrondissement de Bogodogo. Mais échec ; en face, il y avait les forces de l’ordre qui ont voulu garder leurs locaux inviolés. Il s’en est suivi des courses-poursuites le tout enfumé par des gaz lacrymogènes lancés pour disperser les manifestants. Voici le film du vendredi 8 juin 2012 chaud aux environs du commissariat de police de l’arrondissement de Bogodogo, non loin du rond point de la patte-d’oie à Ouagadougou.

Le 4 juin 2012 aux environs de 12 heures à Ouagadougou, alors que les fidèles musulmans se rendaient à leur culte du vendredi, les alentours du rond-point de la patte-d’oie étaient devenus un rond point où convergeaient différentes personnes. Parmi elles, des foules curieuses de savoir ce qui se passait au commissariat de l’arrondissement de Bogodogo, non loin du rond-point en question. Il y avait également des conducteurs de taxis qui s’y rendaient, l’esprit déjà surchauffé et des usagers de la route qui se frayaient difficilement un passage, les voies étant bloquées par des taxis garés çà et là. En effet, ce qui frappait tout de suite à l’approche, c’était les déviations imposées sur toutes les artères menant au rond-point.

Ce remue-ménage s’expliquait par le fait qu’un conducteur de taxi a été mis aux arrêts et déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Pour ses collègues venus manifester, cette arrestation est illégale. Mais qu’en est-il en réalité ? Les faits remontent au 4 juin 2012 vers Ouagarinter où le conducteur de taxi aux arrêts a fait un accident de la circulation avec un autre usager de la route. Ayant négocié un règlement à l’amiable et ne l’ayant pas obtenu, le conducteur de taxi aurait fait appel à certains collègues pour régler son compte à l’autre conducteur. Celui-ci a pris ses jambes à son cou et s’est rendu au commissariat le plus proche, celui de l’arrondissement de Bogodogo pour déposer une plainte pour injures publiques, violences et menace de mort. A partir de là, ce qui les opposait n’était plus l’accident.

L’affaire a été apportée devant le procureur et le prévenu déposé à la MACO. Informés, les conducteurs de taxis dans un esprit qu’ils veulent de solidarité à leur collègue qu’ils estiment victime de la situation, ont voulu marcher sur le commissariat de l’arrondissement de Bogodogo pour réclamer la relaxe de leur camarade. Pourtant, le prévenu était déjà à la MACO. Les responsables syndicaux des conducteurs de taxis, arrivés sur les lieux, sont rentrés en pourparlers avec les responsables des forces de l’ordre. Mais telle qu’expliquée par les forces de l’ordre, l’affaire au niveau où ils en étaient n’était plus de leur ressort. Les responsables syndicaux des conducteurs sont alors sortis pour faire le point aux autres qui sont restés dehors en attente. Les explications fournies ne leur convenaient pas, car ils voulaient ici et maintenant la relaxe de leur collègue.

La négociation a échoué. C’est ainsi que pour manifester leur mécontentement, certains ont jeté du sable et autres projectiles et sur leurs responsables et sur les forces de l’ordre. Se sentant menacés et pour éviter le débordement, les gaz lacrymogènes ont été sollicités par les éléments des forces de l’ordre en place. Il s’en est suivi une débandade, chacun cherchant à se sauver. Les conducteurs de taxis, reconvertis en manifestants, ne savent pas que faire de la vitesse avec leurs véhicules, ils savent aussi le faire à pied. On s’en est rendu compte, à les voir courir partout pour ne pas se faire arrêter. Au cours des manifestations, certains ont été interpellés, 11 personnes au total et parmi ceux-ci, certains avaient sur eux des armes blanches (5 couteaux, un gourdin et 2 barres de fer longues d’environ 1 mètre).

Les taxis qui bloquaient la voie, environ 85, ont été enlevés et parqués en fourrière. Pour le commissaire principal de la ville de Ouagadougou, Jean Alexandre Darga, qui avait à ses côtés Irnou Kambiré du commissariat de l’arrondissement de Bogodogo, Olivier K. Sanou commandant de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et Tama Yaro, directeur de la CRS, cette manifestation est tout à fait illégale, du fait qu’aucun avis n’ait été déposé et du fait du trouble à l’ordre public qu’elle a causé ; voilà pourquoi les gaz. Car, selon le commissaire Darga, « force doit rester à la loi ».

On ne peut pas sortir blanche farine d’un sac à charbon noir

Pour certains manifestants que nous avons approchés, leur camarade a été détenu illégalement du fait que l’autre partie serait une femme, l’épouse d’un commissaire de police. L’information a été reprise et démentie par le commissaire Darga, car à l’en croire, le protagoniste du conducteur de taxi est un homme, un menuisier métallique résidant au secteur 20 de Ouagadougou. Pour le propriétaire du taxi dont le conducteur a été arrêté, le conducteur n’avait pas raison. « Comme il décollait, il n’a pas raison, mais l’autre aussi était en vitesse ». Quant au président de la Fédération nationale des conducteurs de taxis, « dans les dossiers, il était mentionné des injures publiques, il n’y avait pas coups et blessures, ni menace de mort. On ne peut pas enfermer quelqu’un pour injures publiques. C’est donc normal que les gens viennent manifester. La police nous a fait savoir que quand on défère à la MACO, elle ne peut plus intervenir ». Gazées, les foules se sont dispersées, les taxis enlevés et gardés en fourrière.

Les propriétaires devaient pouvoir les enlever contre paiement d’une contravention. Le samedi, lendemain des manifestations, une rencontre a eu lieu entre les forces de l’ordre et les responsables syndicaux des conducteurs de taxis. Pour un souci d’apaisement, les forces de l’ordre ont décidé de restituer les taxis le même jour, samedi, contre un montant forfaitaire comme contravention. Pour les prévenus, ils devront attendre les décisions du procureur. Sinon, au moment où nous tracions ces lignes, un compromis a été trouvé entre les forces de l’ordre et les responsables des conducteurs de taxis.

Boureima DEMBELE

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