Actualités :: Affaire bourse américaine de Ariel : Le ministère refuse la (...)

« Ministère des enseignements secondaire et supérieur : Ils ont volé la bourse américaine de Ariel, le meilleur lauréat au BEPC 2011 » avions nous titré à la Une de Mutations N. 9 du mois de mai 2012. Et ceci pour dénoncer le préjudice causé à un brillant élève à qui on a ôté l’opportunité de postuler pour une bourse de l’Ecole internationale de Ouagadougou. L’affaire a suscité une vive indignation de l’opinion publique. Le ministère des Enseignements secondaire et supérieur qui avait classé le dossier par la lettre de « regret » signée de son secrétaire général s’est vu obligé de le reconsidérer. Mais les réactions improvisées des responsables de l’éducation du secondaire ont encore laissé transpirer d’autres impairs non moins scandaleux.

Rarement un cas d’injustice n’avait suscité une telle réprobation généralisée de la part de l’opinion publique. Pour rappel, l’élève Zida Romain Ariel, alors âgé de 14 ans, s’est brillamment illustré à l’examen du BEPC 2011 en totalisant 428,5 points sur 480, soit une moyenne de 17,85/20. Cette performance lui a conféré le rang de 1er au niveau national. Et en dépit de cet excellent résultat, l’élève a été curieusement écarté de la liste des potentiels bénéficiaires des deux bourses accordées chaque année et ce, depuis 2008 par l’International School of Ouagadougou (ISO), l’école américaine.

Le secrétaire général du ministère, Luc Yé, avait imputé ce préjudice grave à une « erreur malencontreuse » commise dans le relevé de la date de naissance du candidat. Il avait alors initié la correspondance N°2012-000648/MESS/SG du 27 mars 2012 destinée au père de l’élève pour présenter ses regrets pour ce qui est arrivé et lui demander de bien vouloir accepter ses excuses ainsi que ceux de son département.
La gestion de cette affaire de bourse de Ariel a frisé le scandale
Dans un premier temps, le 14 mai soit 2 semaines après la parution de l’article dans Mutations, le ministère, par l’entremise du Secrétaire général, convoque le père de l’élève. De cette rencontre, les autorités du ministère notamment le SG qui n’aurait pas apprécié de voir sa correspondance diffusée sur la place publique- ont tenu à savoir comment l’affaire s’est déportée dans la presse.

Le 18 mai, la Direction de la communication et de la presse ministérielle du dit ministère s’est fendue d’une mise au point publiée sur la toile sans nous en donner copie. Pourtant, sans revendiquer une quelconque exclusivité, Mutations a tout de même été à l’origine du déclenchement de l’affaire de la bourse de Ariel et méritait donc d’être avisé pour des initiatives y afférentes !

Bref, pendant ce temps, l’opinion publique qui ne s’est pas laissée convaincre par les « précisions » du MESS multiplie les initiatives de condamnation en postant essentiellement des messages d’indignation sur internet. Certains activistes plus inspirés ont initié une pétition sur les réseaux sociaux tel Facebook pour demander « Justice pour Ariel. »
Dans la foulée, une bonne volonté qui souhaite garder l’anonymat se propose de prendre en charge la scolarité de Ariel jusqu’à la classe de terminale. A sa demande, le journal Mutations établit le contact entre lui et la famille de l’élève.

Le 16 mai, par téléphone, le ministre Moussa Ouattara donne rendez-vous à l’élève Ariel et à son père depuis la Chine Taiwan pour le 21 mai à son cabinet. Le 21 mai donc à 12h30, Ariel eut un premier contact avec le ministre. Ils se reverront encore le 24 mai à 17h. Au cours de cette dernière rencontre effectuée au pas de charge, le ministre Ouattara remet une lettre de félicitation à Ariel. « Suite à vos résultats et à votre classement au BEPC, session de 2011, j’ai l’honneur de vous féliciter. En effet, avec une moyenne de 17,85/20, vous avez été classé deuxième au plan national et premier âgé de moins de 16 ans… » Cette lettre contient 3 engagements :

Prise en charge de la scolarité de Ariel de la seconde à la terminale soit 70 000 FCFA pour chaque classe ( seconde, première et terminale).
Octroi d’un trousseau de 50 000 FCFA pour faciliter l’achat de fournitures scolaires

Mise à disposition d’un ordinateur portable pour les recherches documentaires.

En guise donc de réparation de la fameuse « erreur », Zida Romain Ariel a reçu donc du ministre- la somme de 360 000Fcfa plus un ordinateur portable pour solde de tout compte. Ce geste aurait été supporté personnellement par le ministre selon certaines indiscrétions. Du reste, il serait absurde de penser que l’Etat aurait consenti de compenser un préjudice qui s’évalue à 40 millions de FCFA avec un tel geste dérisoire.

Les failles du système

Cette affaire de la bourse volée de Ariel a mis à nu l’amateurisme, voire l’irresponsabilité de certains responsables du système éducatif burkinabè. Ces derniers sont restés froids et indifférents face à l’injustice criarde commise sur Ariel. Il a fallu que la presse et l’opinion publique se saisissent du dossier pour que les cadres du ministère se mettent à bouger dans tous les sens. Le ministre et sa suite qui n’avaient pas daigné voir le brillant élève auparavant ont subitement trouvé un intérêt à s’afficher aux cotés de ce dernier pour les flashes des photographes et pour les besoins de la cause. Si l’affaire a aussi mis à nu les pratiques suspectes qui ont pignon sur rue dans le processus des examens et concours, il a surtout révélé le manque d’intérêt du gouvernement pour le système éducatif notamment dans le volet culture de l’excellence.

En effet, comment comprendre que l’Etat ne dispose d’aucune bourse pour stimuler les élèves au niveau du secondaire ? Depuis un certain temps, le gouvernement ne dispose d’aucune trace de bourse, ne serait-ce que pour encourager les élites tel l’excellent élève Ariel. Les deux bourses de l’école américaine se présentent alors comme l’une des rares opportunités offertes aux élèves burkinabè. C’est à croire que la « valorisation du capital humain » martelée comme un refrain dans les programmes successifs du président en exercice ne vaut que dans la théorie.

Que fait-on de la notion de transparence ?

En toute objectivité, on ne peut pas reprocher au ministère des Enseignements secondaire et supérieur d’avoir ménagé des efforts dans la communication depuis que l’affaire a été portée sur la place publique. Les communiqués de presse rivalisaient avec les mises en scène lors des deux rencontres avec Ariel. Ainsi, des « précisions » à la « réparation du tort », tout aura été dit ou fait. Sauf l’essentiel : la satisfaction de la requête de la transparence. Pour lever toute équivoque sur le vol de la bourse de Ariel, l’opinion publique a réclamé la publication de la liste des 10 heureux lauréats qui ont eu à compétir pour les deux bourses de l’Ecole internationale de Ouagadougou en 2011. En vain. Le ministère n’a pas daigné fournir la liste ne serait-ce que pour respecter le devoir de transparence surtout que de telles opportunités ne devaient être entourées d’aucun mystère.

La rétention de cette liste qui a été à l’origine de la crise ne rassure pas sur la bonne foi des premiers responsables du ministère dans la gestion de ce dossier. Cette suspicion est fondée sur le fait que le service en charge des examens et concours du secondaire n’est pas cohérent et constant dans ses statistiques. Sous la crise née du vol de la bourse de Ariel, l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS), comme dans un tour de magie, a relégué Ariel au deuxième rang des lauréats du BEPC 2011 alors qu’il l’avait laissé trôner au premier rang des meilleurs de la session de l’année dernière. Même les « précisions » apportées par la Direction de la communication et de la presse ministérielle à l’article de Mutations avaient passé sous silence cette information.

Le ministère aurait-il fabriqué un premier national au BEPC en l’espace d’une semaine ? C’est ce qu’on ne peut s’empêcher de croire surtout que l’identité de l’éventuel lauréat est toujours tenue secrète par le ministère. Certes, nous n’entendons pas briser la sérénité des candidats aux différents examens en cours, mais il faut reconnaitre que les agissements du ministère ne sont pas de nature à placer la fiabilité de ses données statistiques à l’abri du doute. Est-ce trop demander au ministère que de fournir à la presse la liste des dix premiers du BEPC 2011 ?

Touwendinda ZONGO

MUTATIONS N. 10 de juin 2012, Mensuel burkinabé paraissant chaque 1er du mois (contact : Mutations.bf@gmail.com)


La réaction de Zida Dieudonné, père de Ariel

Je voudrais rendre un hommage appuyé à la presse et à toute l’opinion publique pour toutes les actions en faveur de Ariel. Le 16 mai 2012 par téléphone et depuis la Chine, le Ministre des enseignements secondaire et supérieur a souhaité nous rencontrer, Ariel et moi. Une première rencontre a eu lieu le 21 mai à partir de 12h30 au cabinet du Ministre au cours de laquelle il a présenté ses excuses à Ariel et lui a adressé ses félicitations et ses encouragements pour ses résultats. Pour matérialiser ses propos, rendez-vous fut pris pour le 24 mai.

A cette rencontre, le Ministre a remis à Ariel une lettre de félicitations et d’encouragements plus une somme de trois cent soixante (360000) FCFA. Somme qui représenterait ses frais de scolarité de trois ans (210000F) et une allocation annuelle de 50000FCFA (150000)F.
Tout en prenant acte de la démarche positive de monsieur le Ministre pour soutenir la culture de l’excellence, il faut déplorer le fait que le père que je suis, après avoir été sollicité comme interprète de l’administration auprès de Ariel pour le consoler, ait été réduit en simple témoin tout au long de ces deux audiences.

Certes, l’Etat a reconnu et félicité Ariel qui le mérite à juste titre, mais je demeure persuadé que la vraie réparation doit reposer sur la vérité et la justice. Car au-delà des excuses, de telles fautes ne devraient pas être admises. Il faut veiller à appliquer une gestion transparente des dossiers pour plus d’équité de chances de tous les enfants burkinabè. Les élèves auraient eu l’information de l’existence de ces bourses que cette opportunité aurait été une source de saine émulation pour eux. Les chefs d’établissements et les parents d’élèves seraient informés qu’il aurait eu un meilleur suivi des résultats de leurs enfants.

Les mots de l’élève, Zida Romain Ariel

Je remercie tous ceux et toutes celles qui m’ont soutenu et encouragé. Je voudrais être le porte-parole de tous les élèves ayant subi des fautes de l’administration auprès de Monsieur le Président du Faso et de Monsieur le Premier Ministre. Aussi, la question que je me pose est de savoir quelle opportunité pourront-ils me donner pour que je puisse toujours rêver !

MUTATIONS N. 10 de juin 2012, Mensuel burkinabé paraissant chaque 1er du mois (contact : Mutations.bf@gmail.com)

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