Actualités :: Carrière de Pissy : Le dur labeur des concasseuses de granite est empreint (...)

Voir des femmes et des enfants concasser au quotidien du granite pour gagner leur pitance ne semble plus toucher la sensibilité de nombre de Burkinabè qui les regardent de loin. Mais lorsqu’on passe quelques heures avec cette population, surtout quand elle marque une pause pour une partie de plaisir, l’on se rend compte du besoin de loisirs dans le milieu.

Il est 15 heures ce lundi 27 février 2012 sur le site du granite du secteur n°17 communément appelé carrière de Pissy. Au bon milieu des tas de granite, un attroupement attire l’attention. L’objet de l’attraction, un marionnettiste accompagné de batteurs de djembé et de balafon. Du coup, les coups de burins et de marteaux habituels font place à des pas de danse, des battements de mains, et aux rires. Les locataires de la carrière, majoritairement composés de femmes et d’enfants ont décidé de marquer un « break » avec le dur labeur pour s’égayer un tant soit peu. « Très souvent, on pense que le pauvre n’a pas droit au loisir. Tous les jours, du matin au soir, les enfants et les femmes sont enfermés dans ce site pour travailler dans des conditions pénibles.

J’ai voulu leur faire un cadeau, surtout aux enfants, en leur offrant ce spectacle de marionnettes pour les récréer », a confié l’initiatrice du spectacle, Dalila Zerrak, présidente de l’association 2e Souffle. En tous les cas, le moins qu’on puisse dire, c’est que le spectacle a suscité de l’intérêt. Les uns et les autres ne se sont pas fait prier pour quitter leurs hangars de fortune pour offrir du plaisir à leurs yeux. Alima Zango travaille sur le site depuis maintenant une dizaine d’années. Selon elle, c’est par nécessité que les femmes font ce travail. « Ce n’est vraiment pas de gaieté de cœur que nous sommes là. C’est un travail avec beaucoup de risques d’accidents et plusieurs autres maladies, surtout pulmonaires. Mais le cours de la vie est tel que nous n’avons pas souvent le choix.

Nous devons aider nos maris qui ont eux-mêmes des problèmes pour joindre les deux bouts », raconte Mme Zango avec un air pitoyable. La situation de ces concasseuses a touché la sensibilité de l’Association de soutien à l’enfance en circonstance difficile (ASECD) et de l’association 2e Souffle. Dans ce sens, Mme Zerrak, au moins deux fois par semaine, intervient sur le site pour administrer des soins aux occupants des lieux. « Fréquemment, les gens se blessent avec leurs instruments de travail. Ils respirent la poussière du granite et reçoivent des débris dans les yeux.

J’essaie de passer régulièrement au minimum deux fois par semaine pour soigner les yeux et les blessures aux doigts. Cependant, lorsque la blessure nécessite une suture, je réfère l’intéressé dans un centre de santé ». S’il y a une chose sur laquelle les concasseuses sont unanimes, c’est bien la survenue courante des maladies au cours de l’activité. Selon Mme Zango pour qui l’activité n’a plus de secret, les maux d’yeux, la toux et les blessures courantes aux doigts sont le lot de souffrances quotidiennes auxquelles font face les concasseuses. Cela est dû en partie au fait qu’elles ne disposent pas de matériel de protection tel que les masques et les gants. En plus des risques, il est à noter que bien que le travail soit harassant, ces dames gagnent très peu dans le concassage.

Trois cuvettes de granites concassés correspondent à une brouettée. Une brouette pleine de granite coûte 1250 francs CFA (deux dollars environ) pour souvent six heures de travail. Une somme insignifiante au regard du risque. Mais ont-elles réellement le choix dans un environnement où la pauvreté se conjugue de plus en plus au féminin et cela à un rythme inquiétant ?

Pauline YAMEOGO

Sidwaya

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