Accusé de présomptions graves de corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite dans une affaire de près de 2 milliards de francs CFA découverts dans des cantines au domicile de son cousin… et limogé illico le 2 janvier 2012 par un décret présidentiel, l’ex directeur général de la douane, Ousmane Guiro attend son jugement à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco). Le sujet continue d’alimenter les discussions dans toutes les sphères socioprofessionnelles du Burkina Faso. Dans les lignes qui suivent, nous vous proposons la réaction du député Laurent Bado, fondateur du Parti pour la renaissance nationale (Paren) dans un entretien réalisé par nos confrères de la radio Ouaga FM et retranscrit presqu’in extenso. Morceaux choisis.
« Guiro a donc volé réellement 2 milliards ?
Je vais donc vous dire une chose. Guiro est un cas envoyé par Dieu pour nous ouvrir les yeux. Ca vous faire rire mais c’est vrai. Il n’est qu’un instrument de Dieu. C’est Dieu qui l’a utilisé pour dire : pauvres burkinabè, vous êtes misérables ? Regardez, vos responsables administratifs et politiques, ils sont les premiers à vivre sur le dos du peuple. Donc, le pauvre Guiro n’est qu’une main de Dieu, un instrument de Dieu. Et peut-être que ce n’est qu’un petit instrument. Tous ceux qui sont ministres, députés, qui ont volé, détourné et arnaqué, on connait les dossiers et on se connait dans ce pays. Est ce qu’on les menace ? Il y a beaucoup de dossiers. Donc le cas de Guiro ne me dit absolument rien. Ce n’est pas la quantité qui compte. Il y a des gars qui ont volé plus de deux milliards. C’est ca que vous oubliez. On les connait, on sait qui est qui. Même moi qui suis assis, j’ai la liste des voleurs sérieux de ce pays.
Un nom ?
Tu es mon ennemi, tu veux qu’on me tue ? Tu ne sais pas que les gens pour leur pain sont capables de tuer d’autres ? Tu es bête à ce point ? Je m’excuse, on dit que j’insulte. Cette fois-ci, j’insulte puisque c’est toi qui es devant moi. Mais on vole dans ce pays et il n’y a rien. Donc comprend.
La faiblesse de Blaise Compaoré c’est qu’il a toujours laissé les gens faire. Libertinage dans toute la société. Individualisme, égoïsme, voilà le drame de ce régime. Et l’avenir retiendra ça contre Blaise. Moi je n’ai rien contre lui car je n’ai jamais haï quelqu’un dans ma vie. Mais je te dis qu’il a laissé trop faire, il a laissé arnaquer le pays et chacun en fait à sa tête. Même dans la circulation, vous devez vous rendre compte que notre peuple n’est pas capable d’aller vers le développement. Vous voyez pourquoi ? Chacun se dit, la route c’est aussi bien pour moi que pour l’automobiliste. Mais les engins à deux roues, dès qu’y a un centimètre carré de libre, il veut passer par là.
Tu signales à ta droite et le gars ne regarde même pas que tu signales. Et quand tu le mets dans le décor, il est le premier à t’insulter. Moi j’ai frappé un comme ca. Je signale à ma droite, je n’ai pas besoin de regarder par derrière parce que je suis en voiture. Mais je tourne, et il a arraché mon rétroviseur. Un pauvre type qui n’a même pas regardé le feu. Et puis il s’est permis de faire un geste de la main en m’insultant. Je l’ai dépassé et j’ai garé mon véhicule au travers. Quand il est arrivé, Laurent Bado casse tête chinois pour un judoka. Je l’ai fait rouler au sol. Tu es un bâtard, pas moi. Il faut le reconnaitre, le régime de Blaise, c’est faites tous ce que vous voulez, mais laissez moi mon trône. C’est ce que je lui reproche.
L’Assemblé nationale souhaiterait mettre en place un comité de trois députés dont fait partie Laurent Bado pour réfléchir sur un projet qui ressemblerait à celui qu’il avait proposé, le délit d’apparence pour lutter contre la corruption
Je vous dis, j’ai proposé ma loi dans le temps et on l’a rejetée. Si maintenant ils reviennent sur la loi, je demanderai des conditions car ce n’est plus le député qui parle mais le consultant international. Il faut quand même qu’on me donne quelque chose.
De l’argent ?
Mais évidemment. Toi tu ne vis pas d’argent ? Je ne cours pas derrière l’argent. Toi tu n’as jamais eu de postes internationaux, mais moi j’en ai eu beaucoup mais je ne suis pas parti. Personne au Burkina Faso ne peut me donner une leçon. J’ai horreur du Burkinabè, petit jaloux, mesquin, méchant, pas moi. Mais c’est normal. Je propose une loi, on la refuse. Maintenant qu’il y a eu une crise au mois de mars, avril, mai, on se rend compte que si cette loi était votée, il n y aurait pas eu crise. On me demande alors la loi, je ne la donne pas. Il faut me payer maintenant en tant que consultant.
Combien ?
Je ne sais pas.
500 000, 1 million ?
Ecoute, si toi tu es un imbécile, médiocre, je te renvoie chez toi. Je veux qu’on relève les débats, pas ceux des petits journalistes, bêtes, terre à terre. Ca ce sont des questions d’un petit journaliste terre à terre. Si tu étais à ma place, tu allais demander quoi ? Sois honnête, sinon je vais te dire que tu es faux type, un minable, un pauvre type. Et si tu as le courage, mets le dans ton journal.
30 millions ?
Je n’ai jamais pris 30 millions avec Blaise (Blaise Compaoré, le président du Faso, ndlr). Vous aurez la honte quand mon ouvrage va paraitre. Vous croyez que moi j’ai pris 30 millions alors que je pouvais avoir 300 millions ou 3 milliards ? Je connais le Burkinabè, jaloux, méchant. Si tu étais à ma place, tu aurais été même Premier ministre de Blaise. Mais attend mon ouvrage. Je vous dirai que je n’ai jamais reçu 30 millions de Blaise, ni même lui demander de l’argent. C’est lui qui m’a plutôt fait la cour pendant 5 ans. Je vous dirai pourquoi, il a donné à l’OBU (regroupement de partis politiques en son temps, ndlr) par l’intermédiaire de Monsieur Emile Paré, 30 millions et sur lesquels mon parti n’a eu que 13 millions.
J’aime Guiro ! Moi Laurent Bado je t’aime ! Grace à toi, on va changer de cap ! »
Ouaga FM
Fasozine
