Actualités :: Le port de l’uniforme désormais exigé à Ouagadougou

A partir de la rentrée scolaire 2005-2006, l’uniforme scolaire sera instaurée dans les établissements secondaires publics sur toute l’étendue du territoire. C’est une décision prise lors de la conférence annuelle des chefs d’établissement tenue à Ouagadougou en août 2004.

Dès la rentrée 2004-2005 les établissements publics et privés de la ville de Ouagadougou adopteront l’uniforme scolaire. Que ce soit le kaki pour les lycées publics comme le Zinda, le Marien, le Vénégré, le Nelson., le bleu pour le lycée Bogodogo...l’univers scolaire ouagalais aura un nouveau look à travers l’instauration de la tenue scolaire ; c’est une décision prise lors de la conférence annuelle des chefs d’établissement tenue en août dernier à Ouagadougou.

En plus donc des fournitures scolaires, des vélos ou des motos à acheter, les parents d’élèves devraient inclure dans leur budget pour la rentrée scolaire de leurs enfants la tenue scolaire. Elle répond à un "besoin de formation, d’éducation, d’esprit de groupe..." Selon le directeur général de l’Enseignement secondaire, M. Christiphe Ouédraogo.

L’uniforme scolaire, pourquoi ?

Dans les années 1980, l’uniforme était exigée dans tous les établissements d’enseignement secondaire du Burkina. Mais à cause de la mauvaise qualité des tissus et de la nécessité de construire des écoles plutôt que de s’occuper d’uniforme, l’Etat avec la complicité des parents a abandonné ce chantier. "L’uniforme scolaire a été délaissée parce qu’à un moment donné on s’est rendu compte que côté qualité elle ne résistait pas. Les parents souffraient beaucoup parce qu’ils dépensaient beaucoup. La tenue a alors été décriée", justifie le proviseur du lycée Vénégré M. Boureima Traoré.

L’uniforme abandonnée, les élèves pouvaient alors s’habiller comme bon leur semble pour se rendre à l’école. Et comme tel il y a eu des abus ; on a souvent vu des tenues extravagantes dans les lycées et collèges. C’est pour mettre fin à cette dérive que les autorités en charge de l’enseignement secondaire ont décidé de restaurer l’uniforme comme nécessité pour des besoins d’éducation, de formation, d’instruction, de socialisation. Des études ont démontré que le port de l’uniforme crée l’esprit de groupe et peut constituer un élément sécuritaire.

On a souvent constaté que de plus en plus aussi bien chez les garçons que chez les filles, l’habillement tend à devenir provoquant ou à tout le moins de manière à susciter des comportements déviants. Si ce ne sont pas des pantalons qui descendent jusqu’aux fesses, ce sont des nombrils, des slips qu’on expose. Un professeur d’histoire et de géographie du lycée Zinda, Mme Kafando nous confie : "Moi j’ai eu à expulser un garçon de mon cours parce qu’il portait un pantalon qui tombait dont on voyait même son slip." Un cas parmi tant d’autres qui entrave l’éducation scolaire des enfants.

Aussi relève-t-on des inégalités très pesantes dans l’univers scolaire, étant donné que les élèves ne viennent pas tous d’un même milieu social. D’un point de vue de la formation citoyenne et de la socialisation des enfants, tout le monde a intérêt à ce que les élèves ne perçoivent pas trop de différence entre eux. D’où la nécessité de créer un esprit de groupe.

Tel est aussi l’esprit de l’uniforme scolaire qui veut que dès la base on ignore l’origine sociale des élèves. "Nous voulons, ajoute M. Christophe Ouédraogo à travers l’instauration de l’uniforme scolaire faire en sorte que le climat de travail qu’il y a entre les enfants ne soit pas entaché de complexes graves au point d’amener certains à abandonner l’école."

Des situations qui surviennent malheureusement comme le témoigne un ancien élève du lycée Zinda : "Je n’en pouvais plus. Je ne voulais plus être ridicule devant tous les élèves. Mes parents étaient pauvres et ne pouvaient pas me payer des tenues à la mode pour que je puisse ressembler aux autres. Alors j’ai fui l’école..." Enfin, le dernier constat concerne la discipline. "De tous les rapports qui nous parviennent c’est la question de la discipline qui revient de façon récurrente posant des problèmes pour la gestion des établissements.." affirme le directeur général de l’Enseignement secondaire.

Cette indiscipline caractérisée est la conséquence du libertinage vestimentaire octroyé aux élèves. Les enseignants se plaignent, les surveillants sont lassés... Aussi l’une des causes du harcèlement sexuel dans le milieu scolaire est le port des tenues extravagantes et indécentes. Souvent portées pour le meilleur, c’est-à-dire pour séduire le professeur et avoir sa faveur, le pire prend le dessus. Ainsi des élèves sont parfois victimes de harcèlement sexuel créant aussi l’insécurité dans les établissements.

Tout porte à croire que l’uniforme scolaire est plus qu’une nécessité pour dynamiser l’enseignement secondaire au Burkina. Elle doit s’imposer et prendre une couverture nationale. Au-delà des arguments cités ci-dessus pour justifier son intérêt, il y a aussi l’expérience des établissements qui fonctionnent déjà avec l’uniforme scolaire. En effet, des établissements comme le collège de la Salle, le collège de Jeunes filles de Kologh-naaba, le lycée Lavigerie, le lycée de la Jeunesse, le groupe scolaire Saint Viateur.... fonctionnent avec l’uniforme scolaire.

Pourquoi les lycées comme le Zinda, le Nelson, le Marien, le Bogodogo, le Vénégré...ne la réussiront-ils-pas ? Dans tous les établissements, l’uniforme scolaire sera effective cette année. Les parents d’élèves, les élèves, les enseignants, les autorités en charge de l’éducation...sont conscients des avantages qu’ils peuvent en tirer.

l’uniforme réduit les dépenses

A tous les niveaux, l’uniforme scolaire présente des avantages. Pour les parents et les commerçants, on gagne économiquement. "D’un point de vue économique, l’uniforme scolaire réduit les dépenses. Si l’élève a deux tenues de bonne qualité il peut s’en servir pendant au moins deux ans ." affirme M. Idrissa Tiendrebéogo, un parent d’élève ; socialement parlant, il n’y a rien de plus beau que la tenue. Moyen d’identification, elle permet aussi de réduire un tant soit peu le harcèlement sexuel, la dépravation des mœurs.... Pour les professeurs et les enseignants "les cours seront bien animés" avec tous les élèves en uniforme.

Sur le plan pédagogique, les problèmes de rendement scolaire, de complexe, de discipline seront résolus. Les élèves seront sur un pied d’égalité. Il n’ y aura ni frustration, ni complexe...pouvant influer négativement sur les résultats scolaires. Les élèves ne se soucieront maintenant que de leurs cahiers et des résultats des compositions "l’uniforme permet d’avoir un rendement scolaire important. Elle permet aux élèves de savoir que l’unique chose qui leur reste ce sont les études," soutient un surveillant du lycée Zinda.

Enfin, l’uniforme scolaire apporte une nouvelle philosophie à l’enseignement. Elle se présente comme une devise de l’établissement que l’élève doit défendre : " l’élève doit se dire que l’uniforme qu’il porte représente une couleur qu’il défend. Et une fois qu’il est dans cette tenue, il doit se dire qu’il défend les couleurs de son établissement." déclare le proviseur du lycée Bogodogo, Mme Marie Thérèse Soubeiga. Et elle ajoute : "il n’ y a rien qui plaît plus dans un établissement, que quand on voit tout le monde dans une même tenue. Ca caractérise la discipline, ça donne une certaine ambiance, ça fait beau." Cette vision semble être partagée et comprise des élèves que nous avons rencontrés. Deux élèves sur trois approuvent déjà l’instauration de l’uniforme. Edith Kabré, élève en seconde au lycée Bogodogo, donne son point de vue : "je trouve que c’est une bonne chose parce que l’habillement des élèves était devenu bizzare, donc il fallait une réaction et je pense qu’aujourd’hui c’est chose faite."

La rentrée scolaire 2004-2005 à Ouagadougou s’annonce donc colorée avec l’uniforme scolaire. La nouvelle qui n’est plus un secret rencontre déjà une grande adhésion. Dans les rues de Ouagadougou, beaucoup de personnes se prononcent pour. Les hypothèses selon lesquelles cela va augmenter les dépenses scolaires des parents ou restreindre la liberté vestimentaire des élèves sont battues en brèche. A la rentrée 2005-2006 l’uniforme est instauré au plan national. Reste maintenant à voir dans quelle mesure cette décision pourrait être élargie aux établissements primaires en général.

Christophe TOUGRI (Stagiaire)
Sidwaya

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