Actualités :: REPRESSION DE LA MUTINERIE A BOBO : Le film de l’assaut

Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), soutenu par la gendarmerie nationale de Bobo et des parachustistes commandos de Dédougou, a lancé, le 3 juin dernier, une opération de désarmement forcé des mutins qui ont tiré en l’air et pillé des commerces dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2011 à Bobo-Dioulasso. Après les échanges de tirs, on a officiellement dénombré 6 morts du côté des mutins, un mort côté civils par balle perdue et des blessés de part et d’autre. S’en est suivie la traque des mutins et de leur butin.

Depuis le 31 mai 2011, les armes n’ont véritablement pas cessé de crépiter à Bobo. Des militaires du camp Ouezzin Coulibaly, qui se sont mutinés dans la nuit du mardi 31 mai au mercredi 1er juin, sont sortis encore dans la nuit du 2 au 3 juin pour tirer et piller. Avant d’essaimer la ville, ils étaient d’abord à l’intérieur du camp. Une fois dans la ville, malgré le couvre-feu instauré de 18h à 6h du matin, ils vont se diriger vers les quartiers périphériques. Dans les maquis, les cabarets, tous les lieux étaient bons pour eux pour terroriser les gens avec leurs armes. C’était la débandade. Les boutiques se ferment les unes après les autres ; les grandes et les petites stations d’essence en font de même.

Les rues sont désertes, seuls les mutins s’y pavanent. Les repas de baptêmes et premières communions (puisque ce sont les évènements phares de la fête de l’Ascension) vont se consommer en famille, devant les petits écrans des postes-téléviseurs. A la télé, une bande défilante annonce le couvre-feu instauré par le gouverneur des Hauts-Bassins sur l’étendue du territoire communal de Bobo. Soudain, c’est écran noir. La RTB2, l’antenne régionale de la RTB, est envahie par des mutins qui voulaient lire une déclaration. Les Bobolais sont terrés chez eux, impossible de fermer l’oeil à cause du crépitement des armes qui va durer toute la nuit. En plus des tirs, il y a eu encore des pillages.

N’ayant plus rien à piller au centre-ville, les mutins ont jeté leur dévolu sur les commerces dans les quartiers qui avaient été épargnés la première fois. Ils se sont donc acharnés sur les commerces au bord du goudron comme à Bolomakoté ou devant le lycée Ouezzin Coulibaly. Le matin du vendredi 3 juin, lorsque nous avons effectué un tour au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo (CHUSS), nous y avons trouvé 23 blessés dont 6 par balles et 17 par agressions physiques. Le personnel soignant n’avait pas le moral pour avoir reçu la visite des mutins dans la nuit du jeudi 2 juin, aux environs de 22h, qui étaient venus pour dévaliser la caisse du service de recouvrement de l’hôpital. « Dieu merci, les agents ont verrouillé le coffre avant de se chercher », nous a confié un responsable administratif du CHUSS.

Des véhicules chargés d’éléments du RSP, du RPC et de la gendarmerie

Aux environs de 9h le 3 juin, la sirène de l’hôtel de ville a retenti, invitant les populations à rentrer chez elles. Vers 10h, on a constaté la présence d’autres militaires plus armés. Il y avait aussi des tirs différents de ceux que l’on entendait depuis 48 heures. Ce sont les éléments du RSP, de la gendarmerie mobile de Bobo et du Régiment paracommando (RPC) de Dédougou venus sur réquisition spéciale pour contrer la mutinerie. Ils ont établi leur base au camp de la gendarmerie de Kuinima, avant de passer à l’offensive. Le camp Daniel Ouezzin Coulibaly est vite encerclé. A leurs tirs bien nourris, les mutins répondent en quelques endroits. La ville se vide de nouveau de son monde. Les véhicules 4x4 de la gendarmerie, chargés d’éléments du RSP, du RPC et de la gendarmerie patrouillent en ville. Aux environs de 13h, ceux qui sont venus pour rétablir l’ordre semblent avoir pris le dessus.

Ils ont fait prisonniers des mutins qui sont amenés dans les quartiers pour indiquer les planques des biens pillés. Certains mutins tentent de fuir et ils sont rapidement pris en chasse. Les services publics et privés, les banques, les stations, les écoles…, rien ne fonctionnait. Les radios locales n’émettent plus sauf RFI. Ceux qui avaient toujours de l’essence vendaient le litre à 2 000 F CFA. Le samedi 4 juin 2011, le gouverneur de la région a reçu la visite du chef d’état- major général des armées, le général Honoré Traoré, qui était accompagné du chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, le général Gilbert Diendéré. Après des entretiens, la délégation, sécurisée par les éléments du maintien de l’ordre, est allée présenter ses condoléances à une famille qui a perdu une fille de 14 ans dans les tirs au secteur 6 de Bobo.

Selon le témoignage de Séré Tidian, les mutins étaient deux sur leur moto. Ils ont tiré et la balle a mortellement touché l’enfant. Des gendarmes qui étaient à côté voulaient riposter mais compte tenu des gens aux alentours, ils ont renoncé. Après, la délégation s’est rendue à la RTB2 pour constater les impacts de balle laissés par les mutins. Au CHUSS, les lits d’hôpital avaient du mal à contenir les malades, civils comme militaires. Le chef d’état- major a encouragé le corps médical avant de quitter les lieux. Au camp de la gendarmerie servant de base au maintien de l’ordre, les armes saisies chez les mutins y sont stockées ainsi que les biens pillés. Vivres, appareils de musique, motos, frigos…, tout y est convoyé et entreposé. Selon certaines sources, les mutins avaient des entrepôts derrière le stade qu’ils ont baptisé Darfour et de bien d’autres noms. Ces entrepôts ont été aussi dénichés.

Pour le chef d’état-major général des armées qui s’est prêté aux questions de la presse, cette opération vise non seulement à restaurer la quiétude mais aussi à restaurer l’image de l’armée burkinabè. "Il faut que les gens comprennent que ce ne sont pas tous les militaires qui sont comme cela", a-t-il dit. Il a ensuite rassuré les Bobolais qu’ils peuvent dormir tranquille maintenant car la paix est revenue. A la question de savoir quelle est la sanction encourue par les mutins, il a répondu simplement : "Extrême !". Combien de blessés y a-t-il eus ? Réponse de Honoré Traoré : "Il y en a eu en nombre." Et le nombre de morts côté mutins ? : « Je ne vous ai même pas dit qu’il y a eu des morts », rétorque le général. Honoré Traoré a fait savoir que les éléments venus rétablir l’ordre resteront aussi longtemps qu’exigera la situation. Il a dit ignorer les vraies causes de la mutinerie et a présenté ses excuses à la population qui a été victime d’exactions. Au moment où nous tracions ces lignes le dimanche 5 juin, les opérations de ratissage se poursuivaient et aucun tir n’était entendu.

Josias Zounzaola DABIRE

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