Depuis le déclenchement des mutineries militaro-policières qui plombent la sérénité au Burkina Faso, jamais un ministre n’a été aussi sec et direct au sujet des revendications des mutins. Interrogé ce mardi par nos confrères de Radio France Internationale (RFI), le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement n’est pas allé par quatre chemins.
« Il y a un chantage de la part des gens qui ont des armes et qui croient que l’Etat n’a pas la capacité de maintenir l’ordre », a martelé Alain-Edouard Traoré. Un coup de gueule qui tranche avec les positions plus ou moins caressantes des autorités burkinabè à l’égard des militaires insurgés dont les mouvements d’humeur compromettent sérieusement la paix sociale et la liberté de circuler et de vaquer à ses occupations.
Quelle bonne mouche a-t-elle piqué Alain-Edouard Traoré pour qu’il tape aussi fortement du poing sur la table ? C’est la question que tout le monde se pose après avoir écouté le ministre sur les ondes de « la radio mondiale ». Que sa réaction soit calculée, inspirée ou simplement spontanée, il est évident que pour une fois, ce « serviteur de l’Etat » a osé dire tout haut ce que tout le monde pense bas. « Le chantage des hommes en armes » n’a que trop duré dans un Burkina qui, à force de perdre du temps et de l’énergie dans une crise sociale qui frappe tous les corps sociaux, finit par devenir ingouvernable. Le président Blaise Compaoré, qui est aussi de surcroît le ministre de la Défense, doit prendre ses responsabilités pour mettre fin au désordre qui n’honore pas l’Armée burkinabè.
Quant au ministre Traoré, même si les mauvaises langues craignent pour sa nuque, il aura eu le mérite de jeter un pavé dans la marre des mutineries sans fin. Advienne que pourra.
Bark Biiga
Fasozine
