Actualités :: Situation nationale : Bobo-Dioulasso, les raisons d’un mutisme

Le Burkina Faso connaît depuis plusieurs semaines une flambée de violence marquée par des manifestations de rue dans de nombreuses localités du pays. Pourtant, Bobo-Dioulasso, souvent considérée comme l’épicentre de tous les grands bouleversements qui ont marqué l’histoire politique et le deuxième fief électoral du Burkina, est jusque-là restée en marge de ce bouillonnement sociopolitique. Comme si son destin n’était pas forcément lié à ceux des autres régions. Une passivité qui cache, cependant, mal la compassion et la solidarité des habitants de Sya pour ces villes durement éprouvées par les nombreuses descentes dans les rues de civils ou de militaires. Des manifestations de protestation aux conséquences fâcheuses avec ces pertes en vies humaines, ces blessés et ces dégâts matériels très importants.

Plusieurs villes du Burkina porteront encore longtemps les stigmates de ces journées folles qui ont entraîné des morts, fait des blessés, provoqué des pillages et occasionné des destructions de biens publics et privés. C’est d’abord à Koudougou que les premiers signaux ont été donnés suite à la mort de l’élève Justin Zongo.

Les scolaires du Centre-Ouest qui réclamaient justice pour leur camarade décédé s’étaient livrés à des actes de vandalisme et de pillage, plongeant ainsi la ville de Koudougou et ses environs dans une spirale de violence. Très vite, la manifestation va se propager dans plusieurs autres villes comme Ouagadougou, Ouahigouya, Yako, Tenkodogo, Pouytenga, etc. avec toujours les mêmes conséquences.

Tout cela était suivi de près par les scolaires et étudiants de Bobo qui organiseront à leur tour une descente dans les rues. Une marche pour le moins éphémère et qui partira du Lycée Ouezzin-Coulibaly pour s’achever à la Bourse du Travail par un meeting et sans le moindre acte de violence.

Mais cela n’a pas suffi à dissiper la peur et l’inquiétude dans la ville où plusieurs édifices publics (gouvernorat, commissariat central de police, mairie centrale, Trésor public, etc.) sont restés pendant longtemps sous la protection de l’Armée. A peine le retour des élèves et des étudiants dans les classes et les amphis que le monopole de la rue passe aux mains des bérets rouges.

Et durant plusieurs semaines, l’Armée burkinabè perdra le contrôle de ses hommes. Des soldats de différentes garnisons vont organiser des descentes dans les rues pour se faire entendre par des coups de feu et se livrer à des pillages. Et lorsque le phénomène s’est propagé jusqu’au Sud-Ouest (Gaoua) et surtout à Banfora à moins d’une centaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, ils étaient déjà nombreux à parier sur une sortie imminente des éléments de la deuxième région militaire de Bobo-Dioulasso.

Ne serait-ce que par solidarité avec leurs frères d’armes des autres garnisons. Mais le camp Ouezzin-Coulibaly restera muet durant toute cette période jusqu’à cette récente entrée en scène, en milieu de semaine dernière, du Régiment de la sécurité présidentielle.

Alors, qu’est-ce qui peut bien expliquer ce silence assourdissant de la soldatesque bobolaise et la timide réaction des élèves et étudiants de la ville après les évènements malheureux de Koudougou ? Si dans certains milieux on est encore à se féliciter d’une diplomatie dite payante avec l’implication des autorités politiques des Hauts-Bassins, d’autres par contre soutiennent l’idée selon laquelle les Bobolais garderaient toujours en mémoire les souvenirs douloureux de la lutte contre la vie chère en février 2009.

Des manifestations qui avaient entraîné, on se rappelle, d’importants dégâts matériels avec la destruction de biens publics et privés. D’autres encore évoquent les effets immédiats de cette campagne de sensibilisation menée par le gouverneur, les députés CDP du Houet (Alfred Sanou, Michel Ouédraogo et Naba Diané) et le maire de la commune sur la nécessité pour les uns et les autres de sauvegarder les acquis du Cinquantenaire avec ces nombreuses infrastructures qui font aujourd’hui la fierté des populations.

Mais dans l’ensemble, chacun se réjouit du calme qui a régné et qui continue de régner à Bobo-Dioulasso depuis le début des manifestations jusqu’à ces jours-ci. Un calme qui devra se maintenir et se renforcer pour le bonheur des populations de la région.

Lesquelles ont reconnu la justesse des luttes engagées pour la justice dans l’affaire Justin Zongo et contre la vie chère au Burkina.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga

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